Journal des Mines (1796-97, volume 6) [Image 207]

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cailloux roulés, mêlée quelquefois d'un peu de sable et d'argile, repose immecLatement , et à nu, sur la terre d'ombre qui est à découvert ici dans une épaisseur de douze pieds, coupée à pic ; ce qui donne la plus grande facilité pour l'observer. En creusant à une plus grande profondeur , on trouve, sans interruption , la même couche qui se continue à plus de quarante pieds , d'après le rapport des mineurs. 1.0 La couche de douze pieds, que j'ai observée

avec attention, est d'une couleur brun foncé, et '..comme doré lorsque la terre est sèche; mais elletire sur le noir lorsqu'elle est mouillée. 2.° La matière est spongieuse, douce au toucher , susceptible de compression et d'une sorte d'élasticité lorsqu'elle est humide : elle n'a ni odeur fi saveur bien marquée , et ressemble à une sorte de tannée , ou plutôt à du bois pourri. 3.0 On distingue très-bien, à Pceil nu, que la masse

entière n'est qu'un composé de particules ligneuses qui paraissent avoir appartenu à différentes espèces de bois qu'il serait impossible de déterminer, tant leur état de destruction est avancé ; on y distingue néanmoins plusieurs parcelles ligneuses moins dénaturées, et provenues probablement de bois plus dur ; on y trouve même des éclats de bois entiers qui ont plus de huit pouces de longueur sur deux ou trois pouces d'épaisseur ; quelques-uns de ces

bois ont une couleur d'un noir d'ébène , tandis que d'autres sont d'un brun un peu rougeâtre. 4.° En examinant avec attention la surface de cette terre, qui est à découvert, on distingue dans certaines parties des linéamens d'une matière noire,

un peu luisante, qui ressemble à du bitume mais d'une pâte plus sèche et plus friable que celle de

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l'asphalte ordinaire : cette matière noire, répandue sur des charbons ardens , produit une odeur fétide semblable à celle de la momie. 5.° La couche entière et visible de terre d'ombre ne renferme ni sable ni argile ; elle n'est composée, dans toute son épaisseur, que de parties ligneuses terrifiées , à l'exception des portions de bois dont

j'ai parlé, qui ont résisté davantage , et des linéamens bitumineux, qui sont très-rares ; mais ce qu'il y a d'étonnant , c'est qu'on trouve disséminés çà et là , dans quelques parties de l'épaisseur même de

la couche, plusieurs fragmens de véritable

charbon de bois , absolument semblables , par la couleur , par la contexture , la friabilité, et les qualités chimiques , à du bois que la combustion aurait fait passer à l'état de charbon. On ne saurait révoquer ce fait en doute lorsqu'on a été à portée de l'observer ; et quoique ce charbon ne se trouve qu'en très-petite quantité, il n'en existe pas moins en fragmens de la grosseur du doigt, dans le centre même de la terre d'ombre, qui n'a reçu aucune atteinte du feu : j'ai recueilli plus d'une once de ce charbon ( i). Telles sont les matières dont est composé ce vaste et étonnant amas de bois qui n'a passé ni à l'état de pyrite ni à celui de houiLle , mais qui a éprouvé une simple altération qui l'a totalement désorganisé en le faisant passer à l'état d'une sorte

de terreau. On ne saurait confondre cette terre

d'ombre avec la tourbe ordinaire ; ceue dernière n'est composée que de fibres, que de racines et ) II

est probable que la nature peut , dans quelques cir-

constances rares , à la vérité convertir des portions de bois en charbon , sans le concourt du feu l'on pourrait en citer d'autres exemples. ( Note de l'auteur.)