Journal des Mines (1795-96, volume 4) [Image 117]

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itle l'Isère. est d'autant plus grand, que ce départernentne Produit pas assez de grains pour nourrir ses habitans, et qu'il serait très-pauvre sans ses aciéries, et sans les :toiles de chanvre qu'on y fabrique. II faut compter aussi -pour beaucoup le préjudice qui résulterait pour la République en général de la privation de vingt mille quintaux d'acier que ce département peut fournir annuellement , et qui s'il était corrOyé et 'étiré comme celuid"Allemagne

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deviendrait aussi bon que l'acier de Stirie et de Carinthie. Les Mêmes, dégradations ont lieu dans le voi,-sinage des Pyrénées , suivant les* rapports du citoyen Duhamel., .fils : les Corbières, montagnes comprises-en partie dans le département de l'Aude, paraissent avoir été autrefois très-boisées ; on n'y

voit plus maintenant que quelques taillis épars des montagnes , que les habitans du pays se rappellent d'avoir vues couvertes de beaux arbres, ne présentent plus qu'un aspect sauvage et d'immenses rochers rembrunis-par les mousses ; d'autres offrent

encore quelque verdure, mais ce ne sont que de petits arbrisseaux noueux- et rabougris , dispersés çà et là, du romarin ,--queIques genets et des bruyères abandonnées à la pâture des chèvres et des moutons.' Passe-t-on dans le ci-devant comté de Foix, qui

s'étend en partie dans ce même département de l'Aude et en partie dans celui de l'Arriége , on est tout aussi frappé du dépérissement des forêts; plusieurs forges ont cesse leurs travaux , faute de c barbon ; d'autres ne s6rit plus alimentées que d'une

manière précaire, par le cearbon que leur apporte une multitude de particuliers ; le reste ne travaille

qu'à l'aide de l'échange que font les maîtres de

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forges d'une quantité de minéral contre du charbon

qui vient du Couserans par des chemins qui ne sont praticables -que par des mulets. Le canton anciennement connu sous le nom, de Couserans, est en effet la partie des Pyrénées la mieux boisée,. ce qui peut venir de la difficulté des communi-

cations et des transports, et de ce que le nombre des bouches à feu n'y est pas aussi considérable qu'ailleurs ; quant au Bigorre, la pénurie du bois y est extrême. La communauté des forêts i paraît au citoyen Puhamel une des principales causes, de leur dévastation : on ne regarde pas avec beaucoup d'intérêt un objet auquel tant de personnes ont un droit

égal ; la crainte de voir enlever un bel arbre par son voisin, fait qu'on se hâte de l'abattre sans en. avoir encore besoin , et souvent il pourrit ensuite sur place. D'un autre côté, les forges, les bouches à feu ont été multipliées en beaucoup d'endroits plus qu'il ne convenait aux intérêts des entreprerieurs et à l'intérêt général : cet abus a été cause dans le comté de Foix, que plusieurs dé ces éta-

blissemens chôment une grande partie de l'année.

Là, comme dans le département de l'Isère, les chèvres sont une des principales causes de la disette

des' bois, et peut-être même celle à laquelle il est le plus difficile de remédier. Comment en effet faire

exécuter les lois qui en ordonnent la destruction! comment priver une famille pauvre d'un animal qui fait quelquefois sa principale ressource! On citait autrefois avec indignation le nom du garde qui avait eu assez de courage pour remplir ce devoir ; des mères désolées lui reprochaient la perte de leurs enfans morts au berceau, faute d'alimens. Mais s'il est impossible de détruire entièrement ces animaux,'

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