Journal des Mines (1794-95, volume 2) [Image 154]

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qui couvre les bas champs cl'Onival et de Cayeux, et d'alonger le crochet du Hourdel vers l'intérieur de la baie ; de même, l'attérissement qui forme la partie sepientrionale du Marquenterre, s'est accru

progressivement par faiongement de la ligne suivant laquelle les dunes de Saint-Quentin sont disposées. La source qui fournit ces amas de sable, ayant 'été continuellement entretenue , les vents régnans soufflant toujours dans le même direction, la pointe de Ritiauville , chassant devant elle l'embouchure de l'Authie, s'est de plus en plus avancée vers le nord, et il s'est formé, derrire cette pointe des dépôts dont l'agriculture a successivement pris

possession. C'est ainsi qu'elle s'est emparée', sur l'une et l'autre rive de la Somme , des terrains

nouveaux qui se sont élevés à l'abri de deux' digues que les flots et les vents eux mêmes ont pris soin d'entretenir , et qui ne doivent leur conservation qu'à la mobilité 'de leurs dég

mens.

On chercherait inutilement dans les chartriers des différens villages qui couvrent le pays que nous venons de parcourir , des renseignemens sur les révolutions physiques qu'il a éprouvées ( 3,2).

Les plus anciens de leurs titres ne remontent guères au-delà du seizième siècle, époque trèsrapprochée de nous. C'est aux guerres continuelles', par lesquelles cette côte a long-temps été dévastée,

qu'ontedoit attribuer la perte de ces anciennes chartres. L'histoire nous a même conservé l'époque

et les circonstances de l'anéantissement de quelques--

unes. Elle nous apprend qu'en ï 346 , après la

fameuse bataille de Créci , le vainqueur de Philippe

de Valois s'étant rendu maître du Crotoy, y fit brûler tous les titres de cette ville. N'est-on pas

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fondé à penser qu'il fit détruire également ceux, de tout le pays dont il venait de s'emparer ? Le défaut de traditions doit s'attribuer à fa même cause que celui des témoignages écrits. Ce n'est que chez un peuple paisible que les faits historiques et les révolutions se transmettent de génération en génération ; mais -la crainte ou les suites de la guerre ayant souvent dispersé les habitans de la Picardie maritime , ils ont emporté avec eux la méfnoire- des événemens dont ils avaient' été les témoins ou entendu le récit , et Ont fini par les oublier après avoir perdu de vue les lieux qui en avaient été le théatre. On retrouve cependant à l'embouchure de la Somme une-traditio'n qui existe sur presque toute l'étendue des côtes de la Manche, et qui est, dans quelques endroits , appuyée de preuves irrécusables ( 3 3 ). On rapporte qu'elles ont été autrefois

couvertes de marais salans. On voit encore l'emplacement de quelques - uns dans le village de SaIlenelles , qui est aujourd'hui assez éloigné de la mer. On-sait qu'il en existait également près de Noyelles, sur la rive opposée..If paraît même que le cbmmerce de sel fut le premier que l'on fit dans cette contrée. S'il est difficile de retrouver l'époque à laquelle il a cessé , on peut au moins en assigner une où les salines étaient encore exploitées; car les comtes de Ponthieu avaient fait de grandes donations du sel qu'on y recueillait , et comme ces corntes n'ont été créés qu'en 992. , il s'ensuit que les salines dont il est question existaient encore dans l'onzième et -le douzième siècle, époque à laquelle le bras de mer, qui séparait l'île du Crotoy ,

de la terre ferme, couvrait encore tout l'emplacement des. marais de Pontoile et de Faviere.

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