Annales des Mines (1873, série 7, volume 4) [Image 164]

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M. DE VERNEUIL

ET SA COLLECTION PALÉONTOLOGIQUE.

âges, en dehors de la chaîne de l'Oural, contraste avec la manière dont les mêmes groupés sont' redressés et brisés dans l'ouest de l'Europe; de là des affleurements dont la grande dimension favorisait une rapide reconnaissance. L'ouvrage consacré à la Russie d'Europe et aux montagnes de l'Oural, et accompagné, comme on sait, de cartes géo-

géologues américains ne s'étaient nullement préoccupés, pour les divisions qu'ils établissaient, de celles des groupes de l'Europe qui paraissaient analogues ; ils manquaient d'ailleurs tout à fait de données pour des rapprochements exacts. Quand on peut suivre les couches sans interruption d'une contrée à l'autre, on parvient facilement à voir quelles correspondances elles ont entre -elles ; mais il ne peut en être ainsi pour deux continents séparés par plus

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logiques, représentant chacune de ces deux contrées, a paru en 1845. C'est un véritable monument élevé à la connaissance de l'immense région qu'il concerne, en même temps qu'aux faits fondamentaux de la géologie. L'introduction du terrain permien dans la science fut un des grands résultats de cette exploration. Comme les conclusions reposent entièrement sur la dé-

termination exacte des espèces fossiles, il était essentiel de donner à cette étude toute l'extension et tout le soin qu'elle mérite : aussi la description en a-t-elle pris un grand développement. Tout le second volume de l'ouvrage,

qui contient, pour ainsi dire, les pièces justificatives, est oeuvre personnelle de M. de Verneuil, assisté de M. le comte de Keyserling, pour tout ce qui concerne les faunes paléozoïques. Le travail relatif aux faunes des terrains secondaires fut confié à M. Alç,ide ,d'Orbigny, le premier à

cette époque pour cette partie de la science: Jetant un coup d'oeil général sur la faune des quatre systèmes paléo-

zoïques, les auteurs montrent que les êtres organisés s'y succèdent à peu près dans le même ordre que dans les autres contrées de l'Europe. De nombreux travaux qui se poursuivaient avec activité dans l'Amérique du Nord avaient fait 'connaître le dévelop-

pement incomparable que présentaient les terrains stratifiés anciens dans cette partie du monde, tant par leur grande épaisseur que par les superficies considérables sur lesquelles on les avait rencontrés, superficies qui ne comprenaient pas moins de 35 degrés de longitude sur 15 degrés de latitude. Mais, dans une sage indépendance, les

de 4. 000 kilomètres.

Dès le printemps de 1846, la publication relative à la Russie à peine terminée, M. de Verneuil entreprend de combler cette lacune énorme dont il vient d'être. frappé. Il s'agissait de suivre comparativement, sur les deux conti-

nents, les dépôts sédimentaires compris depuis les plus anciennes couches fossilifères jusqu'à celles oui renferment

la houille. C'est la- tâche à laquelle se voua l'intrépide et savant pionnier. Son travail eut exclusivement pour bases les espèces qu'il avait directement étudiées dans les collections locales, ou qu'il recueillit lui-même sur le terrain. Il

constata que, dans des contrées aussi distantes, les premières traces de la vie se manifestent par des formes à peu près semblables, et que les mêmes types se développent

successivement et parallèlement, à travers toute la série des couches paléozoïques : il y a, de part et d'autre, accord frappant dans leur succession. M. de Verneuil a donc eu le double mérite, d'une part, pour les États-Unis, d'y porter la connaissance intime des divisions établies en Europe dans les terrains paléozoïques

d'autre part, pour l'Europe, de lui rapporter la connaissance des travaux américains et la possibilité d'en tirer parti : par ses propres lumières, M. de Verneuil a résolu ces questions complexes et importantes. Sous une forme très-modeste, la notice sur le parallélisme des roches paléozoïques des deux continents, qui n'a rien perdu de son mérite, malgré les progrès incessants de la science, -est un tra-