Annales des Mines (1873, série 7, volume 3) [Image 96]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

moyen de souscriptions particulières et de fonds départe-

mentaux, fut ouvert dans le lias et à peu de distance du terrain de transition. Quoique n'ayant donné qu'un résultat

négatif, il a apporté une réponse utile à une question, dont l'importance grandit chaque jour. Partout Sauvage met une- activité extraordinaire au service de son dévouement. En même temps que ses publications métallurgiques se suivaient de si près, il continuait avec ardeur l'exploration minérale de son département : il s'était chargé d'en exécuter la carte géologique dès son arrivée à Mézières, sur la demande du conseil général. Les terrains de transition que M. d'Omalius d' Halloy avait

désignés sous les noms d'ardoisier et d'anthraxifère concourent à former le sol du département des Ardennes. Des études habiles et .persévérantes avaient, dès 1850, amené à établir des divisions dans le dernier groupe; mais le plus ancien, le terrain ardoisier, n'avait pas encore été l'objet d'observations analogues : on n'avait pas établi d'étages distincts dans cette succession de couches de schistes et de quartzites, et i par exemple, on ne savait aucunement si les couches de Fumay sont plus anciennes ou plus récentes que celles de Charleville. Pour constater cette lacune, il suffit de se reporter aux procès-verbaux de la réunion de la Société géologique de France qui eut lieu à Mézières, en septembre 1835. Au Milieu de ces massifs, dont l'épaisseur atteint des milliers de mètres, les couches sont ployées et redressées d'une manière si variée qu'il est bien difficile de discerner quel est leur ordre normal de superposition; d'ail-

leurs on y manque en général de fossiles pour se guider. C'est cependant par ce problème difficile que Sauvage ne craignit pas de débuter. Dans un mémoire daté du 25 décembre 1856, qui est resté manuscrit, mais qui depuis ce jour appartient à la bibliothèque de l'École des mines (*), (*) Il fait partie du tome 11 des Mémoires des élèves.

SUR M. SAUVAGE.

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Sauvage distingue dans ce terrain trois étages, tant d'après un examen approfondi de la nature des roches que d'après leur mode de stratification qui est partiellement visible en différents lieux, particulièrement dans la vallée de la Meuse. Ce mémoire rédigé après une exploration de quelques semaines sur le terrain, témoigne de la sagacité avec laquelle le jeune géologue a abordé le sujet, en même temps que de la méthode et de la clarté avec lesquelles il expose ses vues. Il termine en cherchant à définir géométriquement le mode de ployement des couches et à expliquer comment les schistes à pyrite et à fer oxydulé qui avoisinent la roche porphyroide de Mayrupt doivent se lier par leur origine à

la formation de cette roche. Il convient d'ajouter qu'en écrivant ce mémoire, Sauvage n'avait pas encore connaissance de celui où Dumont présentait, à peu près simultanément, à l'Académie de Bruxelles ses importantes études sur le terrain ardoisier ('). Pour l'exécution de la carte départementale dont il était .

chargé, Sauvage s'associa M. Buvignier, géologue habitant Verdun, qui lui avait offert sa collaboration. Dès le mois d'août 1841 à la suite de trois cents jours de tournées, ce travail considérable était terminé : les limites des nombreuses formations qui constituent le sol du département avaient été suivies pas à. pas et tracées avec la plus minutieuse exactitude. Quelques mois après, en 1842. paraissait un volume présentant la coordination des nombreuses observations faites sur le terrain et des conséquences qui en résultent. Ce volume contient, en outre, de très-nombreuses analyses de minerais et de roches exécutées par Sauvage luimême ou sous sa direction, dans le laboratoire de chimie qu'il avait organisé à Mézières. Au milieu de travaux actifs ,(*) Bulletin de l'Académie de Bruxelles, tome III , séance du 5 novembre '836; page 550.