Annales des Mines (1872, série 7, volume 2) [Image 194]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

ROCHES.

tantôt elle rappelle par sa structure l'agate et surtout certains quartz résinite dont elle prend même l'éclat senti-vitreux et la couleur brunâtre. Quelquefois elle a des couleurs vives, notamment une couleur bleuâtre, due probablement à. ce qu'elle con-

la structure rubanée qui est habituelle aux filons métallifères;

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tient du phosphate de fer. On y observe aussi des septa.ria et des oatites qui se sont formés par retrait dans la phosphorite, de même que dans les calcaires argileux et dans certains minerais de fer. Déjà l'année dernière, nous avons fait connaître la phosphorite exploitée à Limogne (1) ; voici, d'après de nouveaux essais de M. Léo n

Durand- Cl ay e, quelle est la composition moyenne d'une trentaine d'échantillons clu Lot qui ont été envoyés au laboratoire de l'École des ponts et chaussées par M. T h u ni n Ker , ingénieur à Cahors. Leur richesse en phosphate de chaux a varié de 68 à 89 p. 100, et, en moyenne, elle était environ de 78 p. 100, M. Bob ierr e, de son côté, est arrivé à peu près au même résultat. Pet essais faits au Laboratoire de l'École des mines ont d'ailleurs permis de reconnaître dans la phosphorite du Quercy, la présence du fluor, du chlore et même d'un peu d'iode. Parmi les matières minérales qui sont associées à cette phosphorite, il faut citer surtout la chaux carbonatée; il y a également un peu d'hématite brune et rouge ainsi que de la pyrolusite. Certains échantillons présentent même des grains de minerai de fer oolitique qui y sont disséminés. Dun autre côté, la phosphorite est souvent penétrée ou intimement mélangée d'argiles rouges ossitères que les exploitants désignent sous le nom de terres phosphatées. Le résidu .de la phosphorite, qui est insoluble dans l'acide, consiste en argile et aussi en sable quartzeux ; généralement faible, il varie de o à 13 p. 100 et, en moyenne, il est environ de 5,5 p. 100.. Dans quelques échantillons, qui sont plus ou moins mélangés de

grains roulés de quartz et qui paraissent s'être déposés dans une eau agitée, la richesse en phosphate de chaux se réduit d'ailleurs à 6o et même à 5e p. 100. Le gisement de la phosphorite du Quercy et du sud-ouest de là France est analogue à celui de la calamine, notamment dans la Haute-Silésie, et il indique visiblement un dépôt formé par des eaux minérales. Tantôt la phosphorite s'est déposée dans des poches et des cavités irrégulières ou bien dans de petits bassins qui semblent avoir été corrodés par l'acide carbonique d'eaux minérales se répandant dans le calcaire jurassique. Tantôt elle a rempli des crevasses et elle présente, parallèlement à leurs parois, (I) Route de géologie, IX, ,s.

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mais, contrairement à ce qui a lieu dans ces filons, la phosphorite

diminue rapidement dans la profondeur du gîte, comme si son dépôt avait été déterminé près de la surface par le dégagement plus facile de l'acide carbonique qui la maintenait en dissolution dans les eaux minérales. La phosphorite du sud-ouest parait d'ailleurs alignée suivant deux directions, l'une E., l'autre N. 25° E.; et ces directions sont paral-

lèles à des failles observées par Magnan dans cette partie du Plateau central. Les gisements reconnus jusqu'à présent sont Dans le Tarn-et-Garonne ; .Caylux, Mouilhac, Bach, Vaylac, Montriceux, Servanac, Saint-Projet, Cantayrac ; Dans le Lot; Larnagol, Grealou, Saint-Jean-de-Laur ; Concots,. Escamps, Puyjourde, Saillac ; Dans l'Aveyron ; Villeneuve, Clognac, Naussac. Des ossements se rencontrent assez souvent dans la phosphorite du sud-ouest de la France; toutefois, suivant M. Trutat, il n'y en aurait pas dans les gîtes orientés N. 25° E. L'examen de ces osse-

ments fait par MM. P. Gervais, E. Milne Edw ar d s et par divers paléontologistes, a montré des paléothériums, des anoplothériums, des dichobunes et la faune éocène du gypse parisien. D'un autre côté, on y trouve aussi des rhinocéros, de grands pachydermes, des carnassiers (amphicyon, hyenodon, martre, viverra), des ruminants, des rongeurs qui accusent des dépôts tertiaires postérieurs à l'éocène. De plus on y a trouvé la hyène des cavernes et des animaux quaternaires qui étaient recouverts par des stalagmites et empâtés dans de l'argile rouge. Dans certains gisements, notamment à Beduer, on a observé une multitude de squelettes de chauves-souris montrant, qu'a leur mort, ces animaux accumulaient leurs débris sur le sol même des cavernes au toit desquelles ils se suspendaient.

Il nous paraît donc que les sources minérales auxquelles le dépôt de la phosphorite est généralement attribué, ont conservé leur activité pendant la période tertiaire. Peut-être même datentelles de la période antérieure? Quand ces sources furent taries, des cavernes creusées accidentellement dans la phosphorite, comme celles qui sont si fréquentes dans les calcaires, purent ensuite être habitées par des animaux et recevoir des débris de la faune quaternaire. WissANT.

Les nodules du gault qui se trouvent sur la plage