Annales des Mines (1872, série 7, volume 2) [Image 193]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

ment, il suffit d'un simple débourbage pour la débarrasser d'une grande partie des matières étrangères qui l'accompagnent : lorsqu'au contraire elle est pulvérulente ou à l'état sableux, il est encore possible de l'enrichir d'une manière très-notable, mais il faut alors la soumettre d'abord à une lévigation; c'est en particulier ce que l'on fait dans l'Amérique du Nord. A Stone River (Caroline), au-dessus des lits de nodules que l'on exploite, il existe, en effet, une couche de sable qui atteint 2 mètres d'épaisseur et qui paraît provenir de la destruction du phosphate de.chaux qu'elle recouvre. Suivant M. C. M. Sh ep ar d (i), ce sable contient 27 p. Inb de phosphate de chaux, 63 p. 100 de sable fin ou grossier, 3 p. 100 de carbonate et de sulfate de chaux, 7 p. 100 d'eau et de matières organiques. Or, lorsqu'on a soin de le soumettre à la navigation, M. S hep ard a constaté, par l'analyse, que sa teneur en phosphate de chaux s'élève à 37 p. 100, ce qui permet alors de l'utiliser comme engrais. L'importance que la phosphorite acquiert de plus en plus, par suite de ses applications à l'agriculture, a provoqué, dans ces derniers temps, des recherches sur divers gisements déjà connus et a amené la découverte de quelques gisements nouveaux. SARTHE, Des nodules de phosphorite ont été observés par M. Guilli er à quatre niveaux, dans le terrain crétacé supérieur du département de la Sarthe. Le dépôt le plus important est à la base même du ci-étacé, presqu'à son contact avec le jurassique, dans la glauconie à ostrea vesiculosa. On le voit bien près de La Ferté-Bernard et de Saint-Cosme; il se retrouve du reste sur plusieurs points de la

Normandie et du Bas Boulonnais. Le deuxième dépôt, composé de nodules disséminés en faible quantité, se montre au Mans, dans les sables cénomaniens supérieurs, à Rhynconella compressa, presque au-dessus du banc que les ouvriers nomment le Jutais. 11 se montre aussi à Yvré-l'Évêque, à Ballon, à Saint-Mars. Le troisième dépôt est à la partie supérieure de la craie à Tere-

bratulla Bourgeoisii et à Ostrea columba, près de Connerré. Ses

nodules atteignent om,(15 et sont mouchetés de glauconie.

Le quatrième dépôt, qui est le plus élevé, se trouve, d'après M. Guilli er, dans la craie. blanche à Ostrea auricularis, entre la (i) American Journal (31, Il, os. (2) Bulletin de la Société d'agricelture de la Sarthe, octobre 1871.

ROUIES.

377 couche à Rhynconella verspertilio, et celle à Spondylus truncatus.

11 peut former un banc presque régulier, atteignant 0,30 d'épaisseur; on l'observe à Saint-Paterne et à Château-du-Loir. Les nodules des environs de Périgueux et le tua de la Flandre se rapportent vraisemblablement à ce niveau.

Aucun de ces dépôts de phosphorite de la Sarthe n'a été exploité jusqu'à présent, et le premier, qui est le plus riche, paraît seul susceptible de l'être.

Remarquons du reste que leur existence est toujours utile à signaler ; car lors même qu'ils ne sont pas exploitables, ils introduisent, soit directement, soit par les eaux qui les humectent, de l'acide phosphorique dans la terre végétale voisine et, par suite, ils contribuent à la rendre plus fertile. Une veine de phosphorite ayant environ om,15, a SAINT-MAUR. été observée par M. Du fe t, à. Saint-Maur, sur la rive gauche de la

Loire, près d'Angers. Elle est verticale, mais paraît se terminer dans la profondeur ; elle est d'ailleurs encaissée dans l'étage Bajocien de l'oolite inférieure, qui est relevé dans cet endroit ; d'un autre côté, vers le haut, elle se relie à des conglomérats qui séparent cette oolite des sables cénoma,niens. Il est possible que cette veine de phosphorite résulte d'une infiltration du phosphate de chaux des sables cénomaniens qui aurait rempli une fente de l'oolithe inférieure sous-jacente, LOT, TARN-ET-GARONNE, AVEYRON.

Dans le Quercy et sur le

flanc sud-ouest du Plateau central, des gîtes de phosphorite assez nombreux, mais irréguliers et malheureusement peu étendus, ont été découverts par M. Fo uni are de et par les habitants du pays,

dans une partie de la région occupée par les calcaires jurassiques.

Résumons brièvement les principaux faits observés, d'après

MM. Daubrée (i), L. Combes (2), Leymerie (5), Trutat, Guillier, Filhol, Delfortrie, Malinowski. La phosphorite rencontrée sur les plateaux jurassiques du sudouest de la France, se trouve habituellement vers l'altitude de 35e mètres. Elle n'est pas cristallisée, mais présente des masses compactes. Tantôt elle est concrétiormée, comme certains calcaires et comme la calamine à laquelle elle ressemble beaucoup; Ki Comptes rendus, LXXill, 1028. Lettre à M. De I es s e du 24 avril 1872. Wole sur la phosphorite du Quercy; Toulouse, 1872.