Annales des Mines (1872, série 7, volume 1) [Image 174]

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ALTÉRATION DES EAUX SULFUREUSES.

teurs des analyses ont trouvé au griffon des traces d'hyposulfite, qui indiquent la destruction d'une petite quantité de sulfure de sodium ; le chiffre donné pour celui-ci est donc un peu faible. Mais il ne faut pas chercher à appliquer le même calcul aux autres eaux de Cauterets, dont le principe sulfureux a subi des modifications évidentes au voisinage de l'émergence. Ces considérations théoriques ne peuvent s'appliquer qu'aux sources les plus sulfureuses de chaque groupe, qui sont, pour ainsi dire, les seules intactes.

Ce rapport fixe entre deux éléments, qui sembleraient devoir être indépendants l'un de l'autre, est d'ailleurs spécial aux trois stations que je viens de citer. J'ai dressé un tableau où j'ai fait figurer, calculés en équivalents, le sulfure de sodium et la silice de toutes les sources des Pyré-

nées analysées jusqu'à présent ; j'ai toujours trouvé le rapport des équivalents inférieur à i ou supérieur à 3. Barzun seul, qui a d'ailleurs des affinités marquées avec Saint-Sauveur, approche davantage ; mais le rapport, d'après l'analyse de MM. Boullay et Henry, reste inférieur à , 64.

Je remarquerai en passant que ce rapport est seulement égal à deux tiers dans les eaux les plus sulfureuses de Luchon, que l'on est habitué à considérer comme très-siliceuses. Ceci montre bien que la production d'acide sulfhydrique libre n'est pas due uniquement à un excès de silice puisque les Eaux-Bonnes, où il ne s'en produit point, sont, proportionnellement à la sulfuration, trois fois plus siliceuses que les eaux de Bayeu ou de Bordeu, à Luchon. Il ne paraît pas non plus que la température puisse suffire à expliquer le phénomène, puisqu'on a à Cauterets des températures de Go degrés. Je pense que l'absence d'acide sulfhydrique libre se rattache essentiellement à certaines relations atomiques que l'on n'a point encore réussi à mettre en évidence dans la constitution des eaux sulfureuses.

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DES EAUX-BONNES.

l'arrive à l'examen de l'action de l'air limité sur les eaux de Cauterets et de Saint-Sauveur. Il faut faire tout d'abord une remarque essentielle; c'est que la silice, dans l'eau de Bonnes, est à l'état libre, tandis que dans les eaux de Cauterets et de Saint-Sauveur, elle est entièrement à l'état de silicates, comme l'a démontré M. Filhol. Dès lors la réaction

principale qui se passait aux Eaux-Bonnes ne peut plus avoir lieu ; la silice, engagée dans des silicates neutres, n'a plus d'affinité acide qui détermine la formation du bisulfure de sodium. Mais l'acide carbonique de l'air est apte, comme on sait, à jouer le même rôle ; il déterminera, en effet, la formation de carbonate de soude et de bisulfure de sodium. Mais comme il est dans l'air en proportion minime, l'eau ne pourra le soutirer que peu à peu de l'atmosphère: au lieu d'une transformation rapide, simultanée, de la masse du monosulfure en bisulfure, il y aura transformation lente et progressive; et comme l'oxygène sera toujours en grand excès par rapport à l'acide carbonique, ce bisulfure, au fur et à mesure de sa production, se transformera en hyposulfite, de sorte que l'eau des réservoirs, examinée à un moment quelconque, devra fournir Un mélange de monosulfure et d'hyposulfite, représentant tout le soufre de la source. J'aurais désiré vérifier ces déductions théoriques par une série d'expériences ; je n'en ai pas eu l'occasion. Mais je puis faire cette vérification sur les résultats d'analyses publiés en 186i , par MM. Filhol et Réveil. La concordance

des faits avec la théorie sera d'autant plus probante que les observateurs ne pourront être soupçonnés d'idée préconçue. Je prends donc les chiffres indiqués par ces deux chimistes, et je les traduis A. Source de César (Essais de t8591. grammes.,

A la buvette. Sulfure de sodium Soit soufre

0,0253

grammes.

0,0096