Annales des Mines (1871, série 6, volume 19) [Image 100]

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RAPPORT DE M. .MATROT.

ACCIDENTS DE FOURCHAMBAULT ET DE EUES.

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les boulons et dégagèrent la bride de la tubulure du robinet. Marchand venait à peine de rentrer dans la salle des générateurs quand l'accident s'est produit. D'après ses propres déclarations, Marchand se rendait parfaitement compte des conséquences que devait nécessairement entraîner l'enlèvement des boulons de la bride du .robinet S. Mais, au moment où il a donné à Lefebvre l'ordre d'ôter les écrous, il n'a pas songé, assure-t-il, que les trois ouvriers seraient assez imprudents pour ôter aussi les boulons: Lefebvre reconnaît parfaitement que Marchand lui a

table que Marchand, en donnant l'ordre d'ôter les écrous, n'y ait pas ajouté la recommandation expresse de ne pas toucher aux boulons. En négligeant de le faire, Marchand s'est rendu coupable d'une certaine imprévoyance. Cependant, comme les ouvriers placés sous sa direction étaient des ouvriers spéciaux, expérimentés, habitués à- travailler dans la salle où l'accident s'est produit, cette imprévoyance me semble excusable, et je ne pense pas qu'elle

donné l'ordre d'ôter les écrous et de prendre l' écartement des boulons (et non pas des trous). Il ajoute qu'il connaissait parfaitement le mode d'assemblage des diverses parties du collecteur de vapeur, et qu'il s'est très-bien rendu compte, après l'accident., de tout ce qui s'était passé. Mais, au moment où il s'est mis avec ses deux malheureux camarades

prudence, mais il n'avait aucune autorité sur ses deux compagnons et d'ailleurs, s'il n'a pas été atteint comme eux, il le doit exclusivement à cette circonstance fortuite, qu'il se trouvait à côté et non pas en face de l'ouverture par laquelle la vapeur s'est échappée.

à dégager la bride du robinet, il ne se doutait pas, assuret-il, qu'il commettait une imprudence. Les deux blessés, Blamart et Dujardin, connaissaient-ils bien exactement le mode d'assemblage des divers tronçons du collecteur, et étaient-ils en état de prévoir les conséquences de l'enlèvement des boulons, en d'autres termes étaient-ils capables de comprendre ou plutôt de se faire à eux-mèmes la petite théorie ci-dessus exposée ? C'est ce -que je ne saurais dire avec une complète certitude. Bien que j'aie attendu huit jours avant de les interroger, je n'ai pu les questionner qu'avec beaucoup de ménagements, et'

je n'ai pu réussir à obtenir d'eux que des réponses assez peu précises. Je crois cependant que Maillart et Dujardin

ne connaissaient que très-imparfaitement le mode d'assemblage des diverses pièces du collecteur, et qu'ils n'étaient pas en état de prévoir le danger auquel ils s'exposaient en enlevant les boulons et en dégageant la bride du' robinet. Quoi qu'il en soit, il est incontestablement très-regret-

puisse motiver contre lui des poursuites correctionnelles. Quant à Lefebvre, je ne. crois pas non plus qu'il puisse être poursuivi. A la vérité, il reconnaît lui-même son im-

OBSERVATIONS

Sur les deux accidents de Fourchambault et de Pives-Lille, pré-

sentées au nom de la commission centrale des machines à vapeur. Par M. CALLON, ingénieur en chef des mines, rapporteur de la commission.

La commission centrale des machines à vapeur, à laquelle ont été soumis les deux rapports sur le terrible accident de Fourchambault, et sur celui de Fives-Lille, a émis l'avis qu'ils fussent insérés ensemble dans les Annales dis mines et dans celles des Ponts et chaussées. Bien que les circonstances dans lesquelles ces accidents

se sont produits semblent assez différentes au premier abord, et qu'ils soient loin d'avoir présenté la même gra-