Annales des Mines (1864, série 6, volume 6) [Image 246]

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BEVUE 1/E GÉOLOGIE. 486 une quantité de matière, ayant même densité que la croûte ter-

restre et cubant 1,2 mille géographique (s). D'après M. Otto Struve,

cette insuffisance de matière pourrait s'expliquer par une inégale répartition de la densité de la croûte terrestre dans le voisinage de l'endroit exploré. Il faut reconnaître d'ailleurs que cette dernière hypothèse est beaucoup plus vraisemblable que celle de l'existence d'un creux, particulièrement lorsqu'il s'agit de montagnes éruptives comme les Pyrénées.

Causes du relief de l'écorce terrestre.

L'écorce terrestre est sans cesse modifiée par deux sortes d'agents, les uns intérieurs, les autres extérieurs et son relief peut être considéré comme leur résultante. Mais les géologues ne sont pas d'accord sur l'intensité

de ces agents, ni sur la part qu'il convient de faire à chacim d'eux; les uns attribuent surtout le relief aux agents intérieurs, tandis que les autres donnent au contraire la prééminence aux agents extérieurs. Les premiers font intervenir un temps très-court

et des cataclysmes très-différents des phénomènes géologiques qu'on observe à notre époque ; tandis que les seconds se bornent à ces mêmes phénomènes reproduits pendant un temps très-long. C'est à cette dernière école qu'appartiennent les partisans les plus avancés de la doctrine des causes actuelles, parmi lesquels nous mentionnerons sir Charles Lyell, Constant-Prevost, M. Ram-

say et M. J. Beete Juckes. Récemment plusieurs géologues ont appelé particulièrement l'at-

tention sur les effets de la glace considérée comme agent d'érosion et même d'affouillement. Ainsi M. Mort il 1 et (2) a donné des coupes prises dans les vallées du versant italien des Alpes où l'on

voit des alluvions anciennes surmontées par des moraines et en partie dénudées. Il en conclut que les glaciers ont emporté presque tous les matériaux meubles qui formaient ces alluvions et qu'ils y ont creusé des bassins plus ou moins profonds, ce qui a donné naissance à des lacs. M. Lo r y (3) attribue également à des glaciers le creusement de la vallée de l'Isère, à sa profondeur actuelle, jusqu'à Saint-Gervais. pitons encore M. le professeur Ramsay (A) qui

Le mille géographique vaut 1/15 du degré moyen de latitude. Sur l'affouillement des anciens glaciers, 1863 (L.). Voir aussi Revue de géologie, II, 16.1. Communication é la Société de statistique de l'Isère, 22,déCenlbre 1862 (L.).

Philosophical Itagazine and Journal of Science, XXV, 81 (L.).

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regarde tous les lacs Alpins comme creusés par les glaciers, même les lacs de Côme, Majeur, de Genève et de Constance. En outre M. Ramsay croit pouvoir étendre ses inductions à des lacs aussi considérables que le lac Huron et le lac Supérieur.

Cette théorie du creusement des lacs par les glaciers et surtout l'extension exagérée que certaines personnes lui ont donnée a été combattue par plusieurs savants, même par ceux qui comptent parmi les glaciéristes. Ainsi M. D es o r (1) ne pense pas que les

glaciers puissent produire le creusement qui leur a été attribué. « Au contraire, dit-il, tous ceux qui ont pénétré sous les gla-

ciers ont pu s'assurer, qu'à moins d'être très-encaissés, ils glissent sans même entamer sensihlement les amas de gravier qui remplis-

sentie fond de la vallée. » A quoi M. de Mor tillet répond qu'il n'est pas étonnant qu'il n'y ait pas d'affouillement dans les parties inférieures des glaciers sous lesquelles l'homme peut pénétrer, mais que leur marche donne lieu à une force tangentielle qui s'exerce sur leur fond. D'un autre côté, M. John Bali a fait observer que si la glace avait la puissance d'érosion qu'on lui prête, elle n'aurait pas dû laisser dans le défilé de Saint-Maurice un rocher calcaire qui barre entièrement la vallée. Enfin M. P. Lesl ey (2) a particulièrement combattu l'intervention de la glace et des causes actuelles pour expliquer l'orographie et les dénudations. Étudiant la structure des Alleghanies, il a fait voir que la mer ne produit d'action érosive que sur ses bords. Dans les Alleghanies où le système devonien porte les lacs de New-York et de Pensylvanie, il observe que jusqu'à présent on ne connaît pas de moraines, pas de stries, pas de traces, en un mot, d'une action

glaciaire. En explorant cette région il se demande d'ailleurs où seraient les débris de cette usure supposée des âges à laquelle les partisans des causes actuelles attribuent le rôle prépondérant. On ne trouve pas d'accumulations de détritus à la gorge des ravins, pas de plaines de sable et d'argile, pas de deltas. Les vallées sont formées par de hautes murailles offrant seulement quelques talus qui résultent des débris détachés des sommets; le fond des vallées est nu ; les lacs ont des bords abruptes. Les particularités de la structure des Alleghanies, si remarquables par leurs grandes flexions longitudinales interrompues par des gorges transversales (gctps), se retrouvent jusque dans le Tennessee et l'Alabama. Ceux Alti della Società Elvelica di sc. natur. riunita a Lugano. 1860, 138 (L.) Proceedings of the American Philosophical Society, IX, 186 (1..).