Annales des Mines (1864, série 6, volume 6) [Image 242]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

GÉOGÉNIE.

trouve la preuve dans la similitude qu'il y a entre les êtres qui

chaux et le carbonate de magnésie; mais si la chaux s'est renouvelée successivement pendant l'énorme durée nécessaire à la formation des terrains stratifiés, il ne paraît pas que sa proportion ait varié dans des limites très-étendues. Cette proportion réglait le développement des mollusques sécrétant un têt calcaire ; toutefofs elle dépendait elle-même de l'éruption de sources calcarifères et surtout de la décomposition plus ou moins rapide des roches de l'écorce terrestre. Il ne paraît pas d'ailleurs que le chlorure de calcium ait été le sel principal des mers anciennes, même à l'époque des terrains paléozoïques. Les analogies que présente l'organisation des animaux marins trouvés dans les différents terrains de sédiment montrent au contraire que la composition chimique de l'eau des mers restait à peu près constante ; et il en était de même pour l'atmosphère. Si la composition de l'une ou de l'autre a varié, c'est seulement d'une manière accidentelle, à la suite d'éruptions volcaniques ou d'éjaculations venues de l'intérieur de la terre ; alors elle a pu concourir à la disparition des faunes et des flores.

peuplent nos mers et ceux des mers paléozoïques. Malgré les variations que présente la faune de chaque terrain, il est des genres qui ont des représentants dans toute la série. Les brachiopodes et les céphalopodes, par exemple, qui ont vécu dès l'époque silurienne existent encore maintenant ; et il n'y a souvent qu'une différence bien légère entre les lingules, les térébratules et les nautiles des différentes époques. Pour les animaux inférieurs, tels que les foraminifères, certains auteurs regardent même des espèces siluriennes comme. identiques à celles qui vivent encore dans nos mers. Comment admettre d'après cela, pour la nier Silurienne, une composition chimique entièrement différente de celle de la mer actuelle? Comment supposer que le chlorure de calcium en était le sel principal? Il importe d'ailleurs d'observer que la petite proportion de chaux contenue dans la mer actuelle suffit parfaitement au développement de mollusques et de polypiers ayant un têt calcaire très-pesant. De plus, sur nos côtes granitiques de Bretagne, certaines plantes marines, désignées sous le nom de Maerl, ont la propriété de s'encroûter de carbonate de chaux et de carbonate de magnésie; elles donnent alors des dépôts qui non-seulement renferment de la magnésie, mais en ont même plus que la dolomie. Enfin, les sondages faits à de grandes profondeurs dans l'Atlantique et dans le Pacifique ont montré qu'il s'y forme des couches d'un calcaire aussi pur que la craie dont il a tous les caractères. De même que les mers anciennes, la mer actuelle produit donc des dépôts de carbonate de chaux et de carbonate de magnésie. M. L ey merie admet que c'est seulement lorsque la mer s'est enrichie en chlorure de sodium qu'elle a pu en fournir aux masses importantes de sel gemme qu'on trouve enclavées clans divers terrains. Toutefois il importe d'observer que, dans l'Amérique du Nord, le sel gemme et les sources salées se rencontrent jusque dans les terrains les plus anciens. Il y a du sel gemme dans le silurien d'Onondaga et dans le carbonifère du Michigan. D'un autre côté, le sel gemme peut avoir été produit dans des lacs et par l'évaporation d'eaux minérales salées. Nous ne pensons donc pas que la présence du sel gemme dans les terrains secondaires et tertiaires démontre que les mers de ces époques étaient plus salées que les mers paléozoïques.

En résumé, nous ne saurions adopter complétement l'hypothèse ingénieuse qui a été proposée par M. Ley merle. A différentes reprises le carbonate de soude a bien pu précipiter le carbonate de

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Formation de la galène et de minerais sulfurés dans des mers métallifères. Après avoir étudié la région métallifère dans laquelle s'exploite le minerai de plomb du Haut Mississipi, M. Whitney (i) a recherché quelles sont les conditions dans lesquelles il s'est formé.

Si l'on se reporte à la description qui a été donnée précédemment de ce minerai, on se rappellera qu'au lieu de présenter de véritables filons, il a rempli des fentes dans la dolomie silurienne dite de Galena. Cette dolomie est d'ailleurs très-pure et cristal-

hue; quelquefois elle contient moins de p. 100 de matières étrangères et généralement elle n'en a pas plus de trois ou quatre. En outre, les couches dans lesquelles les fissures sont le mieux caractérisées sont précisément celles qui sont les plus pures et les plus homogènes; chaque fois qu'il y a des parties schisteuses ou argileuses, les crevasses deviennent confuses ou bien même disparaissent complètement. M. Whitney observe d'abord que les fentes doivent vraisemblablement leur origine an caractère lithologique de la dolomie elle-même et aux changements qu'elle a éprouvés lorsqu'elle s'est consolidée. On conçoit que, lorsqu'elle a pris la structure cristalline, elle était soumise à des retraits symétriques, en sorte qu'elle tendait à affecter une division cuboïde ; d'un autre côté, un sou(i) Report of a geological Survey of the Upper tJIissilsipi Lead Rerrion, 18E2

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