Annales des Mines (1864, série 6, volume 6) [Image 240]

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REVUE DE GÉOLOGIE.

GÉOGÉNIE.

porcelaine non émaillé qui fermait par un couvercle bien rodé et ils y mirent un morceau de calcaire lithographique qui fut recouvert avec de la craie fortement tamponnée. Le tout fut lié avec du fil de fer et enveloppé dans une masse d'argile réfractaire ayant quelques centimètres d'épaisseur. L'appareil fut ensuite exposé pendant une demi-heure à une très-forte chaleur blanche. On constata que le calcaire lithographique était venu gris blanchâtre et qu'il avait pris une structure grenue qui était seulement un peu plus fine que dans les expériences sur l'aragonite. Quant à la craie, examinée au microscope sous un grossissement de Ho fois, elle montra aussi une structure grenue. Cette expérience avait donc complétement réussi; mais il n'en fut pas de même pour une autre dans laquelle le vase de porcelaine contenant du spath d'Islande fût soumis pendant trois heures à un feu très-violent. Presque tout l'acide carbonique du spath se dégagea et on comprend que ce résultat doive être attribué à la porosité de la porcelaine dont MM. Résa I et Mi n ary (i) ont constaté les

effets de leur côté. Les expériences ingénieuses de M. Henri Sainte-Claire Devil le sur la porosité que manifestent à une haute température les substances qui sont les plus compactes et les plus imperméables à la température ordinaire nous en donnent d'ailleurs une explication générale. Quoi qu'il en soit, il est incontestable que le carbonate de chaux soumis à une forte chaleur et à la pression peut se métamorphoser en chaux carbonatée et même en marbre, comme l'avait d'abord reconnu Sir James Hall. M. G. R ose explique d'ail' leurs par ce fait la formation du marbre qui s'observe au contact des filons de basalte à Belfast; il explique aussi de même l'origine du marbre qui est intercalé dans le micaschiste ou dans le schiste argileux.

Nous remarquerons, toutefois, que dans les expériences précé-

dentes, une température très-élevée était nécessaire pour faire cristalliser le carbonate de chaux ; cela tient vraisemblablement à ce que le carbonate était chauffé seulement pendant quelques minutes ; mais on conçoit qu'une température bien inférieure agis-

sant pendant une longue durée pourrait suffire à déterminer sa cristallisation. Cette dernière serait favorisée par l'eau qui rend les matières plus tendres et surtout par une forte pression qui en rapprochant les parcelles de calcaire permettrait aux actions moléculaires de s'exercer facilement. Pont le marbre qui est in-

_ (i) Comptes rendus, 1862; LW, 682.

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tercalé dans le micaschiste et même pour celui qui s'est formé au

contact du basalte, la température devait se maintenir pendant une longue durée et de plus, elle était secondée par l'eau souterraine et par une forte pression ; par conséquent, il n'était aucunement nécessaire qu'elle fût aussi élevée que dans les expériences qui viennent d'être citées. En outre, il ne nous paraît pas possible d'admettre que le marbre intercalé dans le micaschiste et surtout dans le schiste argileux, ait jamais été soumis à une chaleur blanche ; car les caractères de ces dernières roches excluent toute formation à une température élevée ; une chaleur blanche aurait d'ailleurs été plus que suffisante pour déterminer une réaction très-vive du marbre sur tous les silicates et pour amener ces derniers à l'état de fusion (1).

Origine de l'oxygène dans l'atmosphère. - Des considérations sur la géogénie et en particulier sur l'origine de l'oxygène dans l'atmosphère, ont été présentées par M. D u p on ch el (2). Partant de l'origine ignée de notre globe, il observe que l'oxygène, le corps comburant par excellence a dû s'unir primitivement avec le carbone, avec l'hydrogène, avec les métaux alcalins et terreux, en un mot avec les corps combustibles ; le défaut d'oxygène aurait seul arrêté cette combinaison. Mais alors il est naturel de se demander d'où provient l'oxygène qui est actuellement contenu dans l'atmosphère? M. Dup onch el

l'attribue uniquement auk plantes qui, sous l'influence du soleil dégagent, comme l'on sait, de l'oxygène. Partant de cette donnée, M. Du p o n che I observe que l'oxygène de l'atmosphère doit correspondre au carbone enfoui dans les terrains de sédiment où il est à l'état d'anthracite, de houille, de lignite, d'humus. Il essaye

même de calculer ce carbone en admettant qu'il est rigoureusement égal à la quantité que pourrait brûler l'oxygène de l'air, c'està-dire à 750 kilogrammes par métre carré de la surface de notre globe. Cette quantité, qui est égale à 575 trillions de tonnes de

carbone, représenterait une couche de houille ayant om,60 d'épaisseur et s'étendant sur toute la surface de la terre. Dans la théorie qu'il développe, M. Du p onc h el suppose que tout l'oxygène de l'atmosphère est fourni par les plantes ; cependant une portion de cet oxygène peut provenir de réactions chi(t) D elesse. Etudes sur le métamorphisme, 1858. Origine des Roches. Bulle-

tin géologique [2], xv, 728. (2) Comptes rendus, 1863; LVI, 261. nique à la surface du globe.

Cycle du développement de la vie orga-