Annales des Mines (1864, série 6, volume 5) [Image 82]

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NOTES.

danger que devait faire courir au voisinage la détention prouà longée du corps; ils furent instantanément requis de procéder « l'inhumation sans délai. On ordonna de répandre du chlorure de « chaux dans la chambre et dans le corridor pour combattre Pinrection

»

« j'ai à mentionner encore deux autres cas de détention pro« longée de morts. L'un de ces cas est celui d'une petite fille morte « du croup, dont le corps fut gardé près de trois semaines dans la « chambre occupée par les parents et quatre enfants L'autre cas « est aussi celui d'un enfant dont le corps avait été conservé lien« dant quatorze jours dans une chambre occupée par les autres « membres de la famille__ » L'inhumation, jusqu'à ces dernières années, a eu lieu au sein des villes, dans les étroits cimetières qui entourent les églises et dans les caveaux.

Des actes du Parlement ont interdit cette pratique, tantôt absolument comme dans la Cité de Londres, tantôt partiellement comme dans la généralité des villes, où la sépulture urbaine a continué d'être accordée aux familles possédant des emplacements réservés. Ainsi, nous voyons qu'a Glasgow, une des villes où la réforme a été le plus activement poursuivie, il y a eu encore, en 1862, 1669 inhumations urbaines. En certains cas, où les inconvénients étaient devenus extrêmes, les exceptions ont été retirées et la fermeture a été définitive. Prenant donc la Grande-Bretagne dans son ensemble, on trouve la sépulture urbaine en voie de disparaître, mais, continuant encore à se pratiquer, à des degrés divers, clans presque

toutes les localités. Quels que soient du reste les progrès accomplis à cet égard, les cimetières, tant fermés qu'ouverts, n'en sont pas moins pour les villes une cause permanente d'insalubrité. L'accumulation des débris humains y est extrême, et le sol, graduellement exhaussé par les dépouilles des morts, domine les niveaux voisins. Il est tel cimetière, comme celui de Grosvenor square, par exemple, à Manchester, où tous les recoins sont tellement remplis

qu'il est aujourd'hui impossible de discerner la moindre place libre. Quand on veut ouvrir une fosse, on enfonce au hasard une perche en fer ; si l'on ne rencontre pas de cercueil à une trop petite profondeur, c'est l'endroit qu'on choisit. Maintes fois, en creusant la fosse, on met à nu des ossements imparfaitement décharnés. Les cercueils y ont été disposés en plusieurs couches , et les plus récents ne sont pas toujours à 1 mètre au-dessous de la surface.' Aussi pendant l'été, les habitants sont souvent obligés de garder

leurs fenêtres fermées pour se mettre à l'abri des émanations. A

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Sheffield, plusieurs cimetières dominent la ville et corrompent les puits à de grandes distances par les eaux qui en découlent.

Lorsqu'on vient à pratiquer une fosse dans de pareils amas, les odeurs redoublent d'intensité, et l'on ne s'étonnera pas du

fait relevé à Box, près Bath, où deux personnes succombèrent par suite de la réouverture d'une fosse où avait été inhumé, peu auparavant, un enfant mort de la fièvre maligne. Cet état de choses trouve des défenseurs naturels dans les corporations qui possèdent les cimetières urbains, et qui ont un intérêt évident à user du sol au delà de toutes les limites de la prudence. Dans la Cité de Londres, où les cimetières sont fermés depuis plusieurs années, la situation est encore très-grave, comme on en pourra juger par les paroles suivantes de l'organe officiel de la sa-

lubrité:

c( Tout cela (le sol de l'ensemble des cimetières de la Cité) contient « environ 48.00o tonnes de débris humains. Des années et des ana nées passeront avant qu'ils aient accompli leurs évolutions néces(i saires et qu'ils soient redevenus des constituants de la vie ou des « éléments inoffensifs de composés minéraux. Jusque -là il sera « dangereux à l'extrême de toucher au sol à aucune profondeur. a Je mets cette vérité devant vos yeux, parce qu'on a proposé plus

« d'une fois de tirer parti des cimetières de la Cité et d'en faire « l'objet de spéculations comme terrains à bâtir__ Mais c'est mon « devoir de vous avertir que cela ne peut être fait impunément. La « santé publique exige que le sol de ces lieux demeure intact dans « les années à venir. Ce n'est pas, en effet, une petite chose que « d'exposer une si grande masse de pourriture à l'action de l'air. «Il y a eu un temps où pareil fait a causé une épidémie; et qui « voudrait avoir la témérité de le risquer maintenant?» (Report on the sanitary condition o! the City of London, 1860, par le Dr Letheby.) Ce qui paraît constant, d'après les enquêtes officielles dressées à

la suite des épidémies de 1849 et de i854, c'est que le choléra, à Londres et dans d'autres grandes villes, a sévi avec une grande force aux environs de cimetières dont les conditions étaient particulièrement défectueuses. NOTE g.

Cette expérience, qui continue encore, est la seule, à notre connaissance, qui ait été faite dans d'aussi bonnes conditions pratiques et sur laquelle on ait recueilli des données aussi précises. Le district expérimenté, dans la portion Est de la Cité, comprend