Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 158]

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FILONS DE GALÈNE ARGENTIFÈRE

Des tentatives nombreuses ont été faites à différentes époques pour mettre eu exploitation des filons de galène plus ou moins argentifère, mais la plupart de ces entreprises n'ont donné que des résultats défavorables. Ces insuccès ont beaucoup contribué à établir en France, notamment parmi les capitalistes et même parmi les ingénieurs, la conviction que la plupart de nos mines métalliques sont inexploitables. Les capitaux français se portent de préférence

sur les mines des pays étrangers, de l'Allemagne, de l'Espagne, de l'Amérique, etc. J'ai déjà lutté contre cette opinion générale clans plusieurs des publications que j'ai faites, et dans des conversations

avec les personnes qui s'occupent des questions de cette nature : le mémoire que je rédige maintenant a pour but principal de démontrer la richesse du sol de la France, en faisant connaître les résultats obtenus dans la Lozère, aux mines de Vialas. Ces mines présentent des difficultés exceptionnelles, en raison de l'irrégularité des filons, et me paraissent, pour cette raison même, le meilleur exemple à citer à l'appui de la richesse minérale de la France. Avant de commencer cette description, je crois devoir exposer quelques considérations importantes, relativement aux causes qui ont amené le délaissement des mines métalliques. Bien des l'aisons ont été avancées par diverses personnes : la spéculation, le manque de patience des actionnaires, la mauvaise direction imprimée aux travaux ou aux opérations commerciales, etc.... Toutes ces raisons peuvent être vraies dans certains cas, Mais ce ne sont pas les seules, ni surtout les plus importantes en général : ce ne sont pas celles qu'il faut invo-

quer pour la France en particulier, puisqu'elles s'appliquent également aux entreprises faites dans les pays étrangers. Elles peuvent expliquer un certain nombre d'insuccès en France, comme en Allemagne, en Angleterre, ou dans d'autres pays ; mais elles ne peuvent pas justifier

DE VIALAS (LOZÈRE).

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l'abandon presque complet de nos Mines métalliques. J'ai pu me faire à ce sujet une opinion parfaitement certaine en étudiant, en France et à l'étranger, les mines elles-mêmes et l'histoire des tentatives faites à différentes époques. Ce qui a toujours manqué en France depuis deux siècles, ce sont les traditions ; elles manquent également dans la direction des travaux et dans l'administration, aux directeurs, aux ingénieurs, aux contre-maîtres et aux ouvriers. A l'étranger, dans les contrées où les mines métalliques sont exploitées Sans interruption depuis plusieurs siècles, en Allemagne par exemple, on connaît parfaitement, dans chaque centre de mines, la direction des filons, des failles et des croiseurs, les caractères qui signalent l'enrichissesement et l'appauvrissement des filons. En commençant une exploitation nouvelle on sait pour ainsi dire d'avance quelle étendue de travaux il faudra faire, et quels résultats on peut espérer ; les hommes expérimentés ne font pas défaut à l'entreprise. La cause principale d'incertitude dans les résultats est l'irrégularité inévitable dans la richesse des

gîtes, et cette incertitude est levée en peu de temps, et avec des dépenses relativement très-faibles, par la comparaison des filons sur lesquels les travaux Sont commencés avec les filons analogues, exploités depuis longtemps dans les mêmes terrains. En France au contraire on ne possède aucune tradition; lorsqu'on commence l'exploitation sérieuse de mines métalliques dans une contrée dont la richesse 'est rendue presque certaine par les caractères des affleurements, ou par l'existence de travaux anciens très-développés, on ne possède aucun terme de comparaison, aucune idée sur l'allure des gîtes, sur les dérangements par des failles ou par des croiseurs. Il est indispensable de faire l'étude minutieuse des filons à une grande profondeur, sur une grande étendue en direction, afin d'acquérir les connaissances nécessaires à une bonne exploitation. Ces études exigent beaucoup de temps