Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 75]

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NOTICE

sua M. DUFTIÉNOY.

« porte encore les marques. Enfin, le lendemain j'ai fait cinq lieues sur les marnes d'eau douce et quatre sur Par-

de l'Auvergne, aux groupes trachitiques du mont Dore et du Cantal, au centre de la France, aux Landes, aux envi-

« gile plastique, les premières étaient glissantes, les autres collantes, de façon que, dans le commencement je craignais toujours d'aller trop vite et à la fin j'ai craint d'é« prouver le même sort que près de Bidache d'heureuse mémoire. Il est vrai qu'en cette seconde représentation

rons de Bordeaux, etc.

« j'avais un avantage de plus, c'est que les nuages noirs qui se promenaient autour de nous dans les Pyrénées, étaient là au-dessus de ma tête et ne me laissaient pas ignorer leur présence Ce fut après l'exploration de 1826 du sud et du sud-ouest

de la France, notamment après l'étude des Pyrénées, sur le revers français et sur le revers espagnol que Dufrénoy

reconnut, dans une partie des terrains confondus jusqu'alors, soit avec les terrains de transition, soit avec les terrains jurassiques , la présence de la formation crétacée. Il y fut conduit par l'étude comparative des roches, par celle des fossiles, et quand il en eut acquis la certitude, cette découverte lui causa une joie semblable à celle d'Archimède sortant de son bain sans vêtement et s'écriant : Je l'ai trouvé ! « C'est de la craie, c'est de la craie ! de la craie, de la « craie ! m'écrivait-il le 8 mars 1827, tel est le refrain que je répète depuis huit jours Les rapprochements sont tellement frappants que je mets le plus grand prix à ce que vous arrangiez vos affaires pour être dans notre bonne ville au plus tard le 15 mai et que nous puissions

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étudier nos suites ensemble Il faut maintenant que je vous indique les malheureux calcaires qui se voient détrônés en passant du Jura dans la craie. » La campagne de 1827 fut consacrée par Dufrénoy à la

région orientale de sa circonscription, aux environs de Saint-Étienne, à la chaîne du Forez, puis aux formations anciennes et houillères, aux terrains tertiaires et volcaniques

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L'année 1828 ramena une seconde fois Dufrénoy dans les Pyrénées, le reste de cette campagne et celle de 1829 furent employés aux régions centrale et occidentale de la France, notamment au Poitou, à l'Anjou, à la Bretagne, à la Normandie et dès lors l'investigation de Dufrénoy avait porté sur toute la région qui lui était assignée. Sans oser retendre qu'il n'y eût plus a revenir sur ses déterminations de terrains, notamment en ce qui concerne certains détails, je ne crains pas d'affirmer que non-seulement le chaos avait perdu ses obscurités, mais que l'étude des terrains de tout âge était assez avancée pour qu'on pût les préciser sur une carte avec une certaine assurance ; la géologie de notre pays avait fait un immense progrès et les courses que firent depuis en commun MM. Dufrénoy et Élie de Beaumont, sur des points restés douteux, achevèrent, en 1853, cette belle et grande oeuvre que nous avons vue paraître en 184n.

A la date du 5 novembre 1833 Dufrénoy écrivit à M. le

directeur général des ponts et chaussées et des mines « Le voyage que nous avons fait cette année et qui sera ter« miné sous peu de jours, nous a permis de remplir les la«enfles que nous avions laissées dans l'ouest de la France ;

« il complète à très-peu de chose près notre travail, en « sorte que nous espérons pouvoir vous présenter cette an« née un exemplaire complet de la carte géologique. La gra« vure en relief du sol.-- empêchera seul l'administration « de la livrer au public. « Ils avaient exploré plus de 55o. 000 kilomètres quarrés « et ils avaient élevé aux sciences géologiques un monument « impérissable, auquel demeureront à jamais attachés les .« noms inséparables des deux amis, des deux glorieux colTOME IV, 1865.

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