Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 68]

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NOTICE

SUR M. DUFRÉNOY.

nistrateur, comme ami dans la vie publique et dans la vie privée ; de plus, en ce jour de douloureuse mémoire, les accents de la respectueuse et reconnaissante affection des élèves de l'École des mines et de ceux des ponts et chaussées, n'ont pas fait défaut à l'illustre défunt. Environ trois ans plus tard, M. le vicomte d'Archiac , membre de l'Académie des sciences, réunissant à la substance de tous ces discours les renseignements fort étendus que la famille avait mis à sa disposition, lut à la société géologique de France, dans sa séance du 21 mai 186o, une notice des plus complètes sur la vie et les travaux de P. A. Dufrénoy. De telle sorte qu'aujourd'hui je ne puis que reproduire ce qui a été dit avant moi et dit beaucoup mieux certainement que je ne pourrai le faire. Quoi qu'il en soit de toutes ces difficultés, je ne déclinerai pas la tâche qui m'est échue, car les Annales des mines sembleraient incomplètes si elles ne renfermaient pas une notice sur la vie et les travaux de l'un des membres les plus éminents du corps impérial des mines. Le père de M. Dufrénoy, M. Petit-"Dutrénoy, était procureur au Châtelet ; honoré de la confiance de plusieurs familles illustres, il se faisait remarquer par ses lumières et sa probité. Volt aire qui, dans les dernières années de sa vie, l'avait chargé d'affaires difficiles, en parle avec éloge

épouvantait tous les coeurs honnêtes de la capitale, l'ancien

dans des lettres inédites encore conservées ; homme cl' esprit,

Bayard.

aimant la littérature et les hommes lettrés, il tenait un rang distingué dans la société.

Au sortir de la révolution, M. Petit-Dufrénoy était ruiné ; à la perte de sa fortune s'ajouta bientôt la perte de la vue, et, dès ce moment, madame Dufrénoy dut se consacrer entièrement à son époux; elle le fit avec le plus grand dévouement, avec la plus grande abnégation d'elle-même, puisqu'elle en fut réduite pendant quelque temps à soutenir sa famille avec le produit des expéditions qu'elle passait sou-

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Agé de plus de quarante ans, il épousa mademoiselle Adelaïde Galette Billet, qui en avait à peine quinze. Quand l'orage révolutionnaire éclata sur la France M. Petit-Dufrénoy se retira dans une propriété de famille à Sevran près Paris.

Au 5 septembre 1792, la paisible retraite de Sevran la

offrait le plus frappant contraste avec Paris ; tandis que furie de nos discordes s'agitait sanglante devant les prisons,

procureur au Châtelet voyait naître son fils Ours-Pierrekrmand Dufrénoy et recueillait sous son toit d'intéressants proscrits échappés aux massacres, tels que M. de Fontanes et le vénérable abbé Sicard. Sevran dut abriter plus tard Camille Jordan, de Gérando, Félix Faukon, qui surent reconnaître jusqu'à la fin de leurs

jours, par une constante affection, le courageux dévouement d'hôtes qui n'avaient pas craint d'exposer leur vie pour sauver celle de leurs amis M. Petit-Dufrénoy recevait familièrement La Harpe, Boclion de Chabannes, Champfort, André Murville et un cousin germain de sa femme, M. Laya, depuis membre de l'Académie française. C'est au milieu de cette société d'hommes distingués que madame Dufrénoy puisa des goûts littéraires

et qu'avec l'assistance de M. Laya, elle continua l'étude des langues anciennes commencée sous le toit paternel ainsi se développa le génie poétique dont les charmants vers de madame Dufrénoy portent l'empreinte, ces vers que nous avons tous lus dans notre jeunesse, qui furent célébrés par Béranger, qui valurent à leur auteur les palmes

de l'Académie des jeux floraux, de celle de Cambrai, et, plus tard même, une couronne de l'Académie française pour

la manière dont ils ont retracé les derniers moments de

vent la nuit à copier pour les avoués et les hommes d'affaires.

Les malheurs de sa famille, la courageuse résignation de son père, le dévouement de sa mère, frappèrent dés se