Annales des Mines (1863, série 6, volume 4) [Image 56]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

u6

l'indique, sont concentrées les sources d'huile minérale. Cette route en planches n'est pas encore complètement achevée et déjà capes

dant elle est en mauvais état. Le pays au travers duquel elle se déroule est entièrement plat ; les seules ondulations qu'on y remarque sont dues aux rivières qui se sont creusé des lits assez pro. fonds Toute la contrée est boisée. Les arbres sont magnifiques; les chênes notamment présentent des dimensions inusitées. C'était, il y a trente ans, une solitude que la hache de l'immigrant n'avait pas encore entamée. Les premiers essais de colonisation remontent à l'hiver de 1837; ces forêts étaient alors fréquentées par des tribus

Indiennes, appartenant à la famille Potawattannés et à celle des Chippawas; elles ne se résignèrent pas de suite à la perte de leurs terrains de chasse, et les blancs eurent d'abord à souffrir de leurs déprédations ; mais ils leur durent aussi la découverte de l'huile minérale. Ce fut un docteur indien, du nom de Wapoose, qui révéla l'existence du pétrole à John Rows, le premier Européen qui se soit établi sur les bords du Black-Creek. John Rovvs avait été frappé de l'odeur

singulière qui s'exhalait du lit de la rivière, mais il en ignorait la cause, que Wapoose, qui connaissait l'huile minérale pour l'avoir employée au traitement des maladies de foie et des rhumatismes, lui expliqua. Le pétrole fut trouvé en différents endroits de la forât; on le voyait sortir de terre en bouillonnant ; il s'était accumulé dans les cavités du sol, où il formait des espèces d'étangs naturels. En hiver, l'huile s'ouvrait un passage à travers des couches de glace de plus d'un pied d'épaisseur, et ces efforts étaient accompagnés de bruits souterrains qui se faisaient entendre à une certaine distance. Il s'écoula plusieurs années cependant avant qu'on sût la valeur du pétrole ou qu'on essayât de l'utiliser. Je me suis appliqué, dans mon premier mémoire, à retracer l'ori-

gine et le développement des exploitations d'Enniskillen ; il me paraît donc inutile de revenir sur ce sujet, et je me bornerai à parler de la situation actuelle des travaux. La petite ville d'OitSpring s possède maintenant 1.5oo habitants ; elle n'existait pas il y a deux ans. Les hôtels y sont plus nombreux encore qu'à \Viaming, l'activité plus grande, les signes de prospérité plus marqués. La population d'Oil-springs est fort mélangée; elle est essentiellement protestante et l'élément américain y domine. Les meilleurs

terrains et la plupart des usines sont entre les mains de citoyens des États-Unis. Jusqu'à présent les capitaux engagés dans les exploitations sont presque tous venus de la république fédérale. Le com-

merce anglais commence cependant à ouvrir les yeux sur

107

DU CANADA.

sua LES PÉTRQLFS

l'ini-

portance des sources de pétrole d'Enniskillen; il s'est mis depuis quelques mois à faire concurrence aux spéculateurs américains pour l'achat ou la location des terrains minéraux. Ces emplacements ont donc beaucoup haussé de prix. On n'en trouve plus, pour ainsi dire, à acheter; il faut se contenter de les louer pour un terme de quatre-vingt-dix-neuf ans. Les conditions du bail, pour

un demi acre en superficie, sont à peu près les suivantes : une somme de 200 dollars, une fois payée, à titre de prime, et le tiers des produits à titre de rente annuelle. Si l'on voulait acquérir la propriété, le demi-acre se vendrait au moins 1.500 liv. sterl. La terre, clans ces mêmes localités , ne valait pas, en 1859, plus de 5 liv. sterl. l'acre. Aujourd'hui, dans la forêt vierge, entre Wioming et Oil-Springs , il n'y a peut-être pas un acre de terrain dont le prix de vente serait inférieur à 2o liv. sterl. Quand le terrain est loué, on y installe les appareils nécessaires

pour le forage d'un puits. Ces opérations se font habituellement par contrat à des conditions assez modérées. On estime par exemple

à 5 ou 600 dollars la dépense qu'entraîne le percement d'un trou de sonde d'environ son pieds de profondeur. Un des puits les plus creux qui existent dans le district est, si je ne me trompe, celui de MM. J. Piero et A. Grovier, d'où l'huile a jailli le 111 avril dernier. Le niveau auquel le pétrole a été rencontré se trouvait à 9.70 pieds au-dessous de la surface du sol ; voici quelles étaient les couches de terrain qu'on a successivement pénétrées: Pieds.

Argiles ordinaires ou jaunes

15

Argiles bleues Gravier noir

36

2

De la roche dure au fond du puits Calcaire bleu.

Soapstone ou pierre de savon Schiste noir. Soapstone Calcaire noir

14 66

22 4

Socips(one .

12

Calcaire noir. Saapslone. Schiste noir. Calcaire noir. Soapslone.

13

18 1G

28

Grès 267

Lorsque l'huile a jailli pour la première fois de ce puits, la colonne liquide s'élevait à une hauteur «une vingtaine de pieds au-