Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 278]

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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR T.'ANNÉE 186l.

on en trouve différentes nappes superposées. Les pétroles ont des caractères assez variables suivant les sources qui les ont fournis., Les phis estimés sont incolores et ont une densité très-faible qui est égale à. 0,795; ce sont ceux qui fournissent la plus grande quantité d'huile Ô. brûler ; toutefois leur transport est difficile, car, dans le fond des navires, ils dégagent des hydrogènes carbonés très-volatils qui peuvent donner lieu à des explosions. Le plus souvent les pétroles sont noirs, et leur densité est comprise eTILCO 0,8 et 0,9. 11 en est d'ailleurs qui sont visqueux et qui passent à l'état de bitume ; on en trouve notamment dans le comté Jackson dans le

Kentucky. De même que les pétroles d'autres gisements, ceux d'Amérique sont accompagnés par des hydrogènes carbonés gazeux et très-inllammables ; ils contiennent aussi des matières salines, particulièrement du carbonate de soude et du chlorure de sodium.

L'observation a montré que les puits jaillissants de pétrole ont un débit très-variable; ce débit va généralement en diminuant, quelquefois même très-rapidement. Pour faire bien apprécier le régime de ces puits jaillissants d'une espèce nouvelle, nous allons citer quelques exemples Le puits Wanslyke, qui donnait 2.178 hectolitres dans les dix premiers jours, diminua d'une manière graduelle, et au bout n'un mois son débit se trouvait réduit au cinquième. Foncé à 08 mètres de profondeur, le puits Fertig commença par donner 290 hectolitres en juillet iSGi, et à l'automne de 062 il en rendait encore 247. Le puits Rynd, dont la profondeur n'est que de i01 métres, com-

mença, en. juillet 186i, par donner 726 hectolitres par jour, et maintenant il n'en rend plus que 565, 2,904 hectolitres ont été fournis, eu avril 18.62, par le puits Shermann qui, à l'automne (le .1p, même année, n'en donne plus que 1.307.

Le puits Maple-Tree, qui donnait d'abord l'énorme quantité de 11.556 hectolitres par jour, a tari presque complétement. Le puits Porter commença par rejeter aussi 4.36 hectolitres par jour, à la profondetir de i5o mètres; puis son débit diminua successivement jusqu'à 22 hectolitres: dans ces derniers temps on l'a foré

jusqu'à la profondeur de 171 mètres, et actuellement il donne 75 hectolitres.

Enfin le puits Philips Frew, ayant en juillet la profondeur de 139 mètres, commença par fournir 784 hectolitres; mais dès le mois d'août il n'en débitait plus que 1136, et en décembre il cessait etre jaillissant. Toutefois, en l'approfondissant jusqu'à 165 mètres,

PLIENOMÈNES ACTUELS.

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on a trouvé une nouvelle couche de pétrole jaillissant qui a fourni 456 hectolitres par jour. En résumé, les puits de Pennsylvanie qui donnent le pétrole jaillissant sont foncés au-dessous du terrain carbonifère et généralement dans le terrain dévonien; ils Oilt un. (144it quelquefois trèsconsidérable et qui peut dépasser /1.30o hectolitres par jour; toutefois ce débit diminue presque toujours rapidement et, au bout d'un certain temps, le pétrole cesse même de jaillir, C'est seulement dans quelques puits que le débit s'est maintenu à peu près constant, et il n'a paru augmenter que dans un seul ; mais il faut remarquer

que les observations ne portent encore que sur la durée d'une année, en sorte que les puits, à débit constant, finiront sans doute

par diminuer comme les autres. On a constaté d'ailleurs, qu'à l'aide de pompes, il était facile d'extraire le pétrole du fond des puits forés qui ne sont plus jaillissants.

Les circonstances qui viennent d'être relatées nous montrent que le pétrole peut former dans l'intérieur de la terre des espèces de nappes qui s'infiltrent à travers des roches perméables et qui sont emprisonnées entre des roches imperméables; ce,s. nappes remplissent par suintement le fond des puits à mesure .qu'on

extrait le pétrole; et sous ce rapport les puits d'Amérique se comportent comme ceux de Bakou et de la mer Caspienne. Si les puits d'Amérique sont jaillissants, il faut d'ailleurs l'attribuer sur tout à ce que le pétrole est, comme d'habitude, accompagné de gaz combustibles qui tendent à se dégager avec une grande force. L'élévation de couches imprégnées de pétrole au-dessus du niveau auquel on fait le sondage peut aussi contribuer à faire jaillir le pétrole; cependant, comme le liquide éjaculé ne se renouvelle pas indéfiniment , on comprend que ces couches ne peuvent être complètement assimilées aux nappes d'eau souterraines qui produisent les puits artésiens ; elles doivent même s'épuiser assez rapidement, comme l'indique la décroissance éprouvée dans, le débit et dans la hauteur du jet. Le dégagement du gaz, dont la force élastique di-

minue aussi, contribue également à ralentir l'écoulement. Les sources jaillissantes de pétrole diffèrent donc des sources artésiennes; car, quoiqu'elles puissent résulter d'un phénomène d'hydrostatique, le dégagement de gaz qui les accompagne leur donne plutôt le caractère d'une éruption. Les détails dans lesquels nous venons d'entrer suffisent pour faire

apprécier toute l'importance des gisements de pétrole qui ont été découverts dans l'Amérique du Nord. Bien que leur exploitation soit seulement à son début, et bien qu'elle ait été entravée par la