Annales des Mines (1862, série 6, volume 2) [Image 264]

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EXTRAITS DE GÉOLOGIE POUR L'ANNÉE 1861.

PIIENOMÈNES ACTUELS.

dans lesquelles il n'y a pas d'humidité sont très - arides et peu d'espèces peuvent y croître. Signalons encore un mémoire dans lequel M. H. Co quand (1) a cherché à établir les rapports qui existent entre le sol du département de la Charente et les qualités de l'eau-de-vie qu'on y récolte. On sait que les eaux-de-vie de Cognac ont une supériorité incontestable qu'elles doivent à un arome tout spécial. Les dégustateurs du pays y ont établi trois divisions principales, qui sont basées sur leur qualité et en même temps sur la région de laquelle elles proviennent : i° la Grande Champagne s'étend parallèlement à la Charente, entre Nouaville et la rivière de Né; 2" la Petite Champagne forme une plaine crayeuse entre Cognac et Chateauneuf; elle est limitée au sud par la Grande Champagne, au nord par le bourrelet rocheux qui domine la Charente; 5' le Pays des Bois comprend des parties de la rive droite du fleuve qui étaient d'abord plantées en bois et qui ont été défrichées pour y substituer la vigne. En examinant la composition minéralogique du sol dans ces trois régions, M. Co q u and a reconnu qu'elle est très-différente. Ainsi,

les recherches d'un grand nombre de savants, parmi lesquels nous

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le sol de la Grande Champagne offre des couches crayeuses, friables et très-légères qui sont caractérisées par Posirea vesicularis. Celui

de la Petite Champagne est moins crayeux; il est formé par les couches calcaires venant au-dessous des précédentes. Celui du Pays des bois couvre des coteaux qui consistent en calcaires durs avec

rudistes, ou bien en argiles et sables tertiaires. Les eaux-de-vie que produit ce sol du Pays des bois sont de qualité assez inégale, mais inférieures à celles des deux régions précédentes. Les divisions établies dans la Charente par l'industrie des eaux-de-vie s'accordent dans leur ensemble avec les limites géologiques de la carte de M. C o quand; en sorte que l'examen de cette carte guffit pour déterminer' la qualité des eaux-de-vie dont on connaît la provenance. On peut d'ailleurs observer que les terrains de la Champagne du nord de la France appartiennent à la même formation géologique

que ceux de la Champagne du sud-ouest ; comme le remarque M. Co quand , ils ont une aptitude particulière pour la culture de la vigne, et les vins mousseux aussi bien que les eaux-de-vie qui en proviennent ont une très-grande supériorité.

Influence des forêts sur les crues des cours d'eau. Les fores doivent visiblement exercer une grande influence sur l'écoulement des eaux de pluie à la surface du sol; mais jusqu'à présent, malgré (1) Revue des Societés savantes, 1862, 130.

citerons MM. Boussaingault, Becquerel, Dausse, de Villeneuve, Belgrand, Vallès, on n'a pu tomber d'accord ni sur cette influence, ni même sur le sens dans lequelle elle s'exerce. D'après M. Belgr an d (/), il faut distinguer la saison d'été de celle de l'hiver. Pendant l'été les feuilles qui couvrent les bois présentent une vaste surface ; en sorte que les eaux pluviales qui la mouillent s'évaporent presque complètement et que les crues sont faibles. Pendant l'hiver les feuilles ont disparu et M. Belgr and

pense que les crues seraient presque égales dans les terrains boisês ou non boisés. Le régime des eaux serait même moins régulier dans les terrains boisés que dans ceux qui ne Je sont pas. Un autre ingénieur, M. Vallès (2) s'est également occupé de

cette question et de celle des inondations. Contrairement aux idées généralement reçues, il pose d'abord en principe, sans l'établir toutefois par des faits suffisamment précis, que, toutes choses égales, la quantité annuelle de pluie est moins considérable sur un terrain boisé que sur un terrain qui ne l'est pas. Il observe ensuite que le sol des forêts est beaucoup plus compacte et par suite moins perméable que celui des terres labourées. Il ajoute d'ailleurs que, pour des pluies d'égale intensité, les écoulements superficiels ont plus d'importance soit par leur volume, soit par leur rapidité sur les terrains boisés que sur les autres. Cependant des observations comparatives viennent d'être faites

I. ce sujet par MM. Jeandel, Cantégril et Bellaud (5); or elles sembleraient indiquer au contraire que les forêts tendent à diminuer la quantité d'eau qui tombe sur le sol à un moment donné et à ralentir son écoulement, par suite à écarter les chances d'Inondations. Ces observations ont été suivies pendant une année seulement dans deux vallées des Vosges , dont l'une était boisée

entièrement, tandis que l'autre ne l'était que partiellement. La quantité d'eau tombant dans chaque vallée était donnée par des pluviomètres, et d'un autre côté l'eau débitée par chaque cours d'eau était jaugée. Bien que la question de l'influence des forêts sur les cours d'eau soit une de celles qui aient été agitées le plus souvent, il faut reconnaître qu'elle est loin d'être résolue. Les uns admettent que les Annales des ponts et chaussées, 1844 ; lement des eaux pluviales. Annales des ponts et chaussées. 1860 ; 58.

Influence des forets sur l'écou-

Comp. rend., 1861 ; LII, 334. - L'Année scientifique et industrielle. par L. Figuier. 6° année, 56.