Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 232]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. ESTAUNIÉ

,

INGÉNIEUR DES MINES.

443 diverses études techniques. Nus rappellerons les plus intéres-

santes. Le résultat de ses travaux au laboratoire de chimie fut en partie

NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR M. ESTAUNIÉ, INGÉNIEUR DES MINES. Par M. LESEURE, ingénieur des mines.

Estaunié (Édouard) est né à Toulouse, le 26 juin i83o. Après de brillantes études littéraires et scientifiques, il entra à l'École polytechnique en i85o. Classé le vingt-deuxième sur la liste d'admission,

il gagna seize rangs dans les deux années d'études, et arriva le sixième au classement définitif de 1852. Il choisit la carrière des mines. Il suivit avec distinction les cours de l'École des mines. De ses voyages dans la Belgique et dans le Ilartz, il rapporta des mémoires qui lui valurent un témoignage officiel de haute satisfaction, et les besoins du service ayant fait abréger son temps d'élève-ingénieur,

il fut nommé ingénieur ordinaire le It juillet 1855 et chargé en cette qualité du service du sous-arrondissement minéralogique de Châlon-sur-Saône.

Le contrôle administratif, avec ses limites incertaines et variables, est délicat à exercer ; peut-être l'était-il plus à Chalon que partout ailleurs. D'un abord modeste et ouvert, modéré, conciliant, Estaunié avait toutes les qualités nécessaires. Comment les préventions auraientelles pu naître ou se maintenir vis-à-vis d'un ingénieur d'une droiture si parfaite et si visiblement animé dans tous ses actes par le seul sentiment du devoir ? Il sut discerner avec un tact parfait ce qu'on pouvait céder et quelle était la juste limite des droits essen. tiels de la surveillance administrative. Cette conduite mesurée et

digne lui gagna la confiance et la sympathie de tout le monde; l'Administration supérieure reconnut ses bons services, et elle lui adressa, en 1858, une lettre de félicitations sur l'heureuse activité qu'il déployait dans l'accomplissement de sa mission.

Préoccupé surtout du soin de sauvegarder l'intérêt public et la sécurité des ouvriers dans l'exploitation des mines, il prit une large

part à la solution d'une question importante, l'emploi de la méthode des remblais, soit en rédigeant sur cette question un rapport complet et décisif, soit en profitant de toutes les occasions opportunes pour agir par voie de persuaison. Les fonctions administratives qu'il remplissait avec tant de zèle et de dévouement lui laissaient des loisirs qui furent consacrés à

publié en i860 dans le tome xvit des Annales des mines. Il comprend cent dix-huit analyses d'échantillons de houilles. Il ne s'agit que de l'analyse immédiate, parce que le but était seulement de classer les diverses variétés de combustibles au point de vue de leurs propriétés industrielles. La densité et la puissance calorifique ont été également mesurées et indiquées. La méthode suivie pour cette dernière détermination diffère un peu de celle de M. Berthier. L'introduction de cette notice contient une description sommaire, la plus exacte qui existe, des bassins houillers de Saône-et-Loire. Estaunié admet la continuité primitive des dépôts, sans se prononcer sur l'assimilation des couches d'un dépôt à l'autre, assimilation très-difficile à établir. En revanche, il a distingué les accidents contemporains qui ont pu modifier la qualité de la bouille, et les accidents postérieurs qui ont produit seulement des failles. Les conclusions déduites des analyses offrent un grand intérêt pour l'industrie et pour la géologie. Indépendamment de la classification rationnelle des houilles, elles établissent que la nature du charbon dépend avant tout des circonstances locales qui en ont accompagné la production. M. Grilner avait constaté un fait semblable dans le bassin de la Loire. On voit également qu'il y a une relation étroite entre les variations de qualité, et les variations de composition des assises sous-jacentes. Accessoirement, signalons ce fait curieux que, dans l'altération de certains charbons à l'air ou dans la mine, la proportion des matières volatiles augmente. En somme, cette étude est un complément nouveau et indispensable de la description géologique du département de Saône-etLoire par M. Manès, et forme un monument durable qui conservera le souvenir de son auteur. Concurremment avec des analyses de houille, Estaunié poursuivait l'essai hydrotimétrique des eaux du territoire de la ville de Chalon. C'était l'un des points de départ nécessaires du projet dont on s'occupe actuellement pour fournir et distribuer à la ville des eaux abondantes et salubres. C'est également pendant son séjour à Châlon qu'il présenta à l'Académie de Lyon deux mémoires relatifs aux appareils à vapeur. Dans le premier, il établit des formules très-simples, à l'aide desquelles on calcule les dimensions de la chaudière pour une machine d'une espèce et d'une force déterminées. Dans le second, il donne une expression nouvelle du travail .de la vapeur dans les machines .vapeur, expression théoriquement plus exacte et plus simple dans l'application que l'ancienne formule. Estaunié avait à peine trente ans en quittant le poste de Châlon , et tous ces travaux étaient publiés ou terminés. Il avait dignement