Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 153]

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FUSION DE L'ACIER

barre étant superposés trois par trois et quatre par quatre sur la spadelle, suivant la profondeur de la sole à l'endroit où on les plaçait. Les petits morceaux furent répandus de manière à combler les vides des gros. La charge fut très-bien exécutée, et aucun fragment de métal ne se montrait au-dessus du bain. On donna le vent de> manière ordinaire.

A onze heures et demie, on sonda par deux trous qui avaient été ménagés dans la construction de la voûte, l'un

près du petit autel, l'autre au-dessus du trou de coulée. On trouva de l'acier fondu, au bout de la sole. On en trouva

aussi au trou de coulée, mais on y sentait des corps durs faisant saillie, et que l'on crut être des morceaux d'acier non encore fondus. On continua à chauffer jusqu'à deux heures, sans progrès notable, l'épaisseur d'acier fondu paraissant même diminuer plutôt qu'augmenter au bout de la sole. Cependant le four semblait se refroidir ; la flamme devenait jaune et fuligineuse. Enfin,M. Gibon, direc-

teur de l'usine, fit ouvrir les portes supérieures du cendrier, et l'on s'aperçut que la grille était entièrement noire et engorgée de crasses. On procéda de suite au décrassage qui fut très-long et très-difficile ; nous étions évidemment' tombés sur un lot de houille très-impure, et le chauffeur

n'avait pas bien conduit son feu. On ne Put redonner le vent que vers quatre heures et demie, et l'on remplaça le chauffeur par un autre plus habile. Le four s'était beaucoup refroidi pendant le décrassage ; il ne revint à une bonne température qu'au bout d'une heure et demie. Néanmoins, après trois heures de feu, la quantité d'acier fondu n'augmentait pas sur la sole. En sondant avec un ringard, on sentait sous le laitier une surface unie avec des petits ressauts réguliers paraissant être les joints des briques de la sole. Mais on trouvait toujours aux environs du trou de

coulée des corps durs qu'on ne pouvait détacher, et qui pouvaient être soit des carcas de fer, soit des briques de la

AU FOUR A RÉVERBÈRE.

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sole soulevées, soit les deux ensemble. Enfin voyant que le feu le plus violent ne changeait rien à l'état des choses,

nous fîmes faire la coulée à neuf heures du soir. L'acier qui coula paraissait bien liquide, mais il n'en vint dans la poche qu'une partie de ce que l'on aurait dû obtenir. Le laitier qui coula ensuite était incandescent et liquide comme de l'eau. Le trou de coulée fut bouché sans difficulté. On coula l'acier obtenu dans des lingotières de ioo kil., à la versée.

kil.

On obtint deux lingots pesant ensemble et un fond de poche pesant

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Total

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Gomme on avait chargé 452 kil., il devait être resté dans le four, à un état impossible à préciser.

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Ce résultat était-il dû à la formation de carcas de fer infusible restés sur la sole, ou au soulèvement de quelques briques composant celle-ci, et à l'infiltration d'une partie de l'acier liquide? C'est une question que nous ne pûmes

résoudre alors; mais les faits subséquents donnent lieu

de penser que ces deux causes agirent simultanément pour réduire la quantité d'acier liquide obtenu. Du reste, nous avons toujours constaté qu'il est impossible, à la première coulée, d'obtenir la totalité de l'acier chargé sur la sole, même quand tout cet acier est devenu parfaitement liquide, parce qu'une partie est retenue par les joints et les anfractuosités de la sole. Il est probable qu'avec des soles d'une seule pièce, ou d'un très-petit nombre de morceaux, telles qu'elles devront être dans les fours définitifs, cet inconvénient, du reste fort léger, sera, sinon empiétement, du moins en majeure partie évité. On fit une seconde charge dans le même laitier à dix heures et demie du soir, après avoir décrassé la grille. Cette charge se composait de 445 kil. d'acier puddlé de Tous I, i862.

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