Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 39]

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RAPPORT AU MINISTRE

SUR L'EMPLOI DE LA HOUILLE DANS LES LOCOMOTIVES.

l'atténuer encore soit en marche soit pendant les stationnements ; les dépôts ainsi que les voies de garage étant assez éloignés des habi-

seule. Les voyageurs ne manquent pas alors de faire entendre de justes plaintes. Le chemin de Lyon à Genève a donc poussé l'emploi de la houille plus loin que les grandes lignes (*). Comme elles, et plus qu'elles, il

tations, la situation est, à tout prendre, très-tolérable.. Quant aux trains mixtes, les voyageurs, placés à l'arrière, et par suite séparés de la 'machine par un assez long intervalle, ne sont jamais incommodés par la fumée, encore moindre d'ailleurs puisque la proportion de coke est alors plus forte. Les observations présentées au sujet de la section nord s'appliquent en partie à la section sud.

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a intérêt à le pousser plus loin encore, et à concilier avec la suppression de la fumée, l'application de la houille sous sa forme la plus économique. Moins que tout autre il pourrait rester indifférent en présence de la solution de ce problème.

L'emploi du tout-venant et même du menu est depuis un an l'objet de quelques essais sur cette ligne. Une machine a reçu dans ce but

h° Chemin du Dauphiné.

une grille spéciale représentée par les fig. Io, ii et 12, Pl. I, que M. Schlhemmer, ingénieur en chef du matériel, a bien voulu me communiquer. On voit que cette disposition consiste : 1' Dans la

ligne. Après un essai infructueux du système Duméry, on a appli-

très-faible largeur des barreaux, très-rapprochés et très-nombreux, et laissant ainsi une section totale suffisante pour le passage de l'air, tout en s'opposant au tamisage. 20 Dans un mécanisme qui permet au mécanicien d'incliner toute la grille et de la décrasser ainsi par le dessus, la petitesse des intervalles des barreaux ne permettant pas de piquer le feu en dessous. On remplit ainsi deux des conditions, mais non la plus importante de toutes : un combustible très-divisé et renfermant même

une proportion plus ou moins grande de poussier, ne peut être brûlé que sur une épaisseur très-faible, et il faut que cette faiblesse soit rachetée par un accroissement corrélatif de la surface de la grille. Sinon, on .ne peut maintenir, et encore imparfaitement, la production qu'en exagérant l'épaisseur, et par suite en serrant l'échappement, inconvénient; d'autant plus grave dans ce cas que le poussier est aspiré dans la boîte à fumée. 3° Chemin de Lyon à Genève.

Les trains de marchandises sont remorqués sur cette ligne au charbon cru, gros ou aggloméré. On emploie aussi la houille à l'état de mélange, non-seulement pour les trains mixtes mais encore pour les trains de voyageurs; la proportion habituelle est de deux tiers de coke et un tiers de gros ou de briquette. Tant qu'on ne dépasse pas cette limite, et à condition d'introduire la houille peu à

peu sur le coke incandescent, la fumée est faible et ses inconvénients peu sensibles. Elle devient au contraire très-incommode lorsque la proportion indiquée est dépassée, surtout lorsque, comme on a queiquefois essayé de le faire, la houille est employée

La suppression de la fumée est également à l'étude sur cette

qué à une machine mixte (Ir 1) une disposition proposée par M. 'foui Fontenay, ancien ingénieur de la ligne de Saint-Bambert à Grenoble. Cette disposition, représentée par les fig. to à 13, Pl. consiste : 1" dans l'inclinaison de la grille; 20 dans l'addition d'un bouilleur b, b. Comme ce bouilleur masquerait les tubes, il présente une large échancrure e, e fermée par une porte à deux battants.

D'après les renseignements qui m'ont été communiqués par M. l'ingénieur des mines Baudinot, les essais ont été satisfaisants. On brûlait de la briquette de la Loire. cc La fumée très-épaisse au repos, » dit-il, « cessait presque immédiatement ou diminuait beaucoup, dès que la machine se mettait en marche. » La production de la fumée au repos n'avait d'ailleurs rien que de tout simple, la machine n'étant pas, dans l'origine, pourvue d'un souffleur ; elle a reçu depuis ce complément indispensable, quel que soit le système adopté. Il résulte d'ailleurs de la déclaration de M. Baudinot que la mo-

dification apportée au foyer de la machine mixte n" t n'a nullement réduit sa production. Pendant un service de quinze jours, cette machine a parfaitement franchi, même par des temps défavorables, les rampes de 0,015 qui règnent sur i7 kilomètres, entre Moirans et Rives: résultat tout naturel, au surplus, le bouilleur compensant amplement la réduc.tion qu'a subie, comme surface de chauffe, la paroi d'arrière du foyer. La .consommation n'a pas été _augmentée, car les allocations sont restées les mêmes, et le mécanicien n'a pas réclamé. (') Ainsi qu'on le verra plus bas (page 58), le Midi emploie la l'ouille en proportion plus grande encore, mais c'est surtout du charbon de Cardiff.