Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 32]

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RAPPORT AU MINISTRE

SUR L'EMPLOI DE LA HOUILLE DANS LES LOCOMOTIVES.

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Eu égard à sa situation actuelle, qui ne peut guère se modifier d'ici

duits d'une exploitation située à 'côté du chemin de fer. Six

à plusieurs aimées, la compagnie n'aurait pas d'intérêt à entrer

machines à marchandises, à foyer ordinaire, sont en conséquence,. depuis le commencement de novembre 186 t, alimentées avec delà houille (gros) de Ronchamp. Le résultat est satisfaisant, comme on devait s'y attendre, car cette houille est certainement de meilleure qualité que cellede Saarbrücke, et, comme on l'a vu plus haut (p.19), le succès médiocre du premier essai dans le foyer Tenbrinck a dû avoir pour principale causa la proportion et surtout la finesse exagérées du menu. D'après M. Lebleu , ingénieur des mines attaché au contrôle, qui a suivi les essais dans les locomotives à foyers ordinaires, la houille de Ronchamp se comporte très-bien à la grille, se transforme rapidement en coke et donne une cendre très-fusible, qui s'écoule d'elle-même, et qui ne paraît pas corroder les barreaux.

plus latgement dès aujourd'hui dans la voie des expériences. 111. RÉSEAU DE L'EST.

De même que l'Ouest, ce réseau s'alimente exclusivement à l'étranger, mais à des conditions bien plus favorables. Les mines de Saarbrilke, si riches et d'une exploitation si facile, lui fournissent à un prix relativement bas un combustible d'une pureté médiocre, mais convenable Cependant pour les locomctives. Un jour viendra sans doute où les charbons indigènes concourront à l'approvisionnement de ce réseau ; mais on sait que les laborieuses recherches poursuivies depuis près d'un demi-siècle dans le département de la Moselle (*) n'ont pas obtenu jusqu'à présent le succès qui a couronné les travaux du même genre exécutés dans le Pas-de-Calais. L'allure des couches, les conditions d'extraction, le prix de revient et l'état physique, sinon la nature même des charbons, seront d'ailleurs moins favorables qu'à Saarbrücke. Déjà la ' houille provenant de la mine de Petite-Bosselle , près Forbach, été essayée dans les locomotives de l'Est : elle a paru équivalente à la houille de Louisenthal en usage sur le réseau, mais elle est extrêmement friable et forme dès lors beaucoup phis de menu (**). Cette mine est reliée au chemin de l'Est, à Styring, par un embranchement sur lequel circulent les wagons de la compagnie; le toutvenant coûte 15 francs à la fosse et à peu près dir,5o à Forbach. Le tout-venant prussien est donc déjà plus économique, et la pro-

portion incomparablement plus grande du gros fait ressortir en faveur de celui-ci un avantage bien autrement grand. Jusqu'ici, l'usine de Styring, placée dans les mêmes mains que la mine, consomme seule les charbons de Petile-Bosselle, et on ne peut pas prévoir encore l'époque où les charbons de la Moselle lutteront contre la redoutable concurrence de leurs voisins. Quant au bassin de Ronchamp, d'une importance secondaire, au surplus, il est pour le chemin de l'Est un élément de trafic, plutôt qu'un élément de consommation. J'ai déjà dit pourquoi. Il y avait cependant un certain intérêt à voir à l'oeuvre les pro(*) Voir l'historique des premiers travaux dans les Éludes géologiques sur le bassin de la Sarre, par M. Jacquot, ingénieur des mines. 1551 ; pages 15 et suivantes.

(') C'est au point qu'un Wagon de o tonnes n'a pu fournir que 1.2.00 Idlog. gros, propre au service des locomotives ordinaires. Les fito tonnes demandées poO r essai à la mine de Petite- Rosalie ont cté, en conséquence, consominées par les machines fixes des ateliers.

La fumée a sensiblement la même intensité qu'avec le charbon de Saarbrücke, mais elle cesse plutôt, conséquence immédiate de la distillation plus prompte du charbon. L'économie ne peut être encore évaluée avec certitude, mais elle paraît notable. La consommation kilométrique de deux des machines marchant à la houille

de Ronchamp a été, pendant le mois de novembre, de 15',80, tandis que celle des machines marchant à la houille de Saarbrücke,

a été de i6",50. Mais, quels que soient ces avantages, ils ne peuvent compenser la différence des prix, le gros de Ronchamp coûtant as francs. La houille (gros) livrée pour les essais dont il s'agit est d'ailleurs assez pure pour qu'on puisse supposer qu'elle a

été triée à la mine, et qu'elle ne représente pas tout à fait l'état moyen des produits.

Jusqu'ici, sauf les essais prolongés dont le foyer Tenbrinck a été l'objet, et quelques expériences avec les foyers ordinaires, la traction des voyageurs est faite au coke et celle des marchandises à la houille. Le coke est fabriqué par la compagnie elle-même avec la houille moyennement grasse de Duttweiler, plus ou moins 'Men lavée. Elle se boursoufle très-peu et donne un coke très-poreux. Le rendement, variable suivant le système de four, est à peu près de Go p. 100 en moyenne. Les locomotives brûlent à l'état cru les charbons maigres provenant des mines Von der Heydt, Louisenthal, etc., dans lesquelles on exploite les couches supérieures à celles qui fournissent les houilles à coke de Duttweiler. Le gros, seul employé jusqu'au mois de juillet dernier, contient environ 13 p. too de cendres. Cette proportion s'élève sans doute à 17 p. ioo et au delà dans le tout-venant (*), Ce (*) Voir la note B.