Annales des Mines (1862, série 6, volume 1) [Image 31]

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RAPPORT AU MINISTRE SUR L'EMPLOI DE LA HOUILLE BANS LES LOCOMOTIVES. RÉSEAU DE L'OUEST.

Il est difficile de présenter, au point de vue de l'approvisionnement en combustible, des conditions plus différentes que celles dans lesquelles se trouvent ces deux réseaux contigus, niais dépourpénétrant en Belvus jusqu'ici de liaison. Tandis que le premier, lui appartiennent, trouve sur le territoire gique par des lignes qui ressources pour sou trafic et pour même qu'il dessert, d'immenses l'autre s'étend sur une région presque sa propre consommation, entièrement dépourvue de combustibles minéraux. Les anthracites de la Sarthe et de la Mayenne, auxquels l'agriculture assure d'aill'alileurs sur place des débouchés avantageux, sont impropres à Touchant le littoral de la Manche en mentation des locomotives. Caen) le réquatre points (cinq même en y comprenant le port de seau de l'Ouest tire exclusivement de la Grande-Bretagne un combustible, excellent, mais cher. Le coke, presque seul employé pour le service des voyageurs, Coûte, livré à Dieppe, de 32 à 33 francs. La houille, affectée à la traction des marchandises, est tirée des exploitations du sud du pays de Galles; c'est le charbon à courte flamme connu dans le commerce sous le nom de carde proprement dit. Aux termes du cahier des charges, le charbon doit être trié à la main avant l'embarquement, de sorte que la fourniture ne se compose que de charbon en roche. Arrivé à destination, et au moment d'être chargé dans les wagons de la compagnie, il est criblé barreaux longs de a mèaux frais du fournisseur, sur des grilles à gros est livré aux machines, le fin est tres et espacés de o0',o3. Le vendu. La proportion de cendres ne doit pas dépasser Ap. loti, condition dont la pureté connue de ce charbon rend l'exécution facile. Grâce au souffleur dont toutes les machines à. la houille sont pourvues, grâce aussi à la surveillance exercée sur les mécaniciens et surtout à la nature du charbon, la fumée est très-faible. On a pu

même, à diverses reprises, faire avec la houille la traction des

voyageurs. Si l'on y a renoncé, c'est que les inconvénients, très-peu sensibles en général, le devenaient sur quelques points, par exemple,. aux environs de Rouen, par suite des nombreux souterrains qu'a

exigés la traversée de cette ville. L'économie, d'ailleurs, est médiocre, tant qu'il s'agit d'un charbon

qui coûte, rendu à Dieppe, 27,h8 ; à ce prix, on comprend que la compagnie, en présence de quelques plaintes provoquées par la substitu-

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tion accidentelle de la houille au coke clans les machines à voyageurs,

ait préféré s'abstenir et attendre des conditions plus favorables. On a essayé les houilles provenant du bassin du centre de l'Angleterre, et connues sous le nom de Grimsby, leur port d'embarquement. Ce charbon est un peu moins cher, mais plus friable; il passe à travers les barreaux. Cet essai n'a pas eu de suite.

Une autre circonstance, le désir d'utiliser les fours à coke

que la compagnie possède, tend également à restreindre l'emploi de la houille, au moins jusqu'à l'époque où il présentera des avantages économiques plus prononcés.

Quant à la briquette, elle n'a été employée que pendant quelque temps et sur une petite échelle ; elle provenait exclusivement de l'établissement, aujourd'hui fermé, de M. Couillanl, au Havre.

En somme, la compagnie de l'Ouest aurait, dans les conditions actuelles, fort peu de chose à faire pour être irréprochable en ce qui touche la fumée. Mais ces conditions ne sont pas normales, définitives. Le chemin de l'Ouest ne les accepte pas comme telles,,

et il a raison. titre tributaire de l'étranger pour un combustible très-bon, mais très-cher, et qui pourrait un jour faire completement défaut, c'est, à plus d'un point de vue, une situation mauvaise. La construction de la ligne de Rouen à Amiens viendra la modifier

heureusement, en permettant au réseau de l'Ouest de puiser aux mêmes sources que le réseau du Nord. Amenés par cette voie, les charbons du Pas-de-Calais coûteront environ 18 francs à Rouen, avantage 20 francs au Havre. Ils pourront dès lors lutter avec contre les charbons anglais, malgré leur qualité supérieure. L'industrie normande n'est donc pas moins intéressée que le chemin de fer à l'exécution de cette ligne. Jusque-là. le chemin de fer de l'Ouest est condamné à rester dans des conditions désavantageuses pour lui, niais qui, je le répète, sont, au point de vue de la fumée,

dès à. présent très-tolérables, et susceptibles, d'ailleurs, de quelques améliorations incontestées. Pour l'avenir, ces conditions devront se modifier et se rapprocher de celles dans lesquelles se trouvera lui-même alors le chemin du Nord. On n'en est pas encore là. Le chemin de l'Ouest a donc du temps devant lui pour étudier la question , et pour profiter de l'expérience acquise ailleurs. On s'est déjà, du reste, occupé de la question : un foyer modifié d'après les indications d'un inventeur, M. Foucou, a été l'objet de

quelques essais bientôt abandonnés, il est vrai ; et la compagnie, voulant se rendre compte par elle-même de l'efficacité du foyer de M. Tenbrinck, va faire construire deux chaudières dans ce système.