Annales des Mines (1861, série 5, volume 20) [Image 266]

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REVUE DE GÉOLOGIE 496 phalte dans le Venezuela et dans l'île de la Trinité. Dans cette dernière île, l'asphalte est invariablement disséminé dans les couches les plus récentes du golfe de Paria qui paraissent être miocènes. Quand il est à la place dans laquelle il s'est formé,

il se trouve uniquement dans des schistes, particuliers qui con-

tenaient originairement une certaine proportion de débris végétaux. La matière organique a subi une décomposition spéciale qui a produit du bitume au lieu du lignite qu'elle donne

ordinairement dans ce terrain. Cette transformation ne peut être attribuée, ni à la chaleur, ni à une distillation ; elle est due simplement à des réactions chimiques qui s'opèrent à la température ordinaire et dans les conditions normales du climat. Du reste, le gisement de l'asphalte dans les couches démontre complètement que son origine est bien celle qui vient d'être indiquée ; c'est aussi ce qui résulte de l'examen de nombreux spécimens en voie de transformation dans. lesquels on reconnaît la structure végétale qui est plus ou moins oblitérée. Si l'on dissout le bitume, on distingue très-bien les cellules végétales qui ont été corrodées et qui présentent des formes qu'on ne retrouve dans aucun autre bois minéralisé. La plasticité et la légèreté de l'asphalte expliquent d'ailleurs pourquoi il peut être déversé à la surface du sol; c'est particulièrement ce qui a lieu quand le sol a la forme d'un bassin, et c'est à ce phénomène qu'il faut attribuer l'accumulation de l'asphalte au lac de Poix dans l'île de la Trinité Quelquefois l'émission consiste en un liquide dense et huileux dont les parties volatiles s'évaporent peu à peu, en sorte qu'il reste un résidu solide.

Sel gemme.

L'asphalte est très fréquent dans la province de Maturin dans le Venezuela, et l'on prétend qu'il existe aussi dans les autres districts des Llanos; il se retrouve d'ailleurs en beaucoup plus grande quantité près du golfe de Maracaybo, sur les côtes nord de la Nouvelle-Grenade et dans la vallée de la Magdelaine où il provient sans doute des mêmes couches tertiaires. MM. Tas c h e et Re i ch ardt (I) ont présenté quelques considérations théoriques pour expliquer la formation du sel gemme,

en masses pures et continues, aussi puissantes que celles de (1) Ta se h e. Bilder au f der Reise zur .Nalur forschersammlung in lidnigsberg, in [Jerba!, 1860. E.Reiehardt. Verdandlungen der Kaiser!. Leopoldinisch-Caroliuisch en deulschen, Academie der Natal. forscher. Jena, Mo.

POUR L'ANNÉE 1860.

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Strassfurt où elles ont été traversées surplus de 270 mètres d'épaisseur. L'hypothèse la plus probable paraît être celle adoptée

déjà par sir Charles L y ell d'un dépôt produit par l'évaporation de mers intérieures engendrées elles-mêmes par le retrait de l'Océan. De Bi b r a qui s'est occupé de l'analyse de différentes eaux de mer a constaté qu'elles contiennent environ u,5 à 3 p. ioo de chlorure de sodium, 0,2 de sulfate de chaux, autant de sulfate de magnésie et de sulfate de potasse, ainsi que 0,4 de chlorure de magnésium, avec des traces de bromures de sodium. Elles renferment, comme l'on sait, très-peu

de carbonate de chaux. D'un autre côté les recherches de MM. G Bose et d'Usiglio ont fait connaître dans quel ordre se déposent les sels tenus en dissolution dans l'eau de mer. D'après M. d'Il si gl i o, lorsque l'eau de mer est concentrée de

manière à marquer 7', 0 de l'aréomètre de Baumé, il se dépose un peu d'oxyde de fer et la plus grande partie du carbonate de chaux ; à 16°,75 peu de carbonate de chaux et plus de 0,5 p. 100 du sulfate de chaux ; à 26°,25 du gypse, du

sel marin, ainsi que des traces de sulfate de magnésie et de chlorure de magnésium ; enfin, à 27 degrés c'est le dépôt du sel

marin qui est le plus abondant. Parmi les produits résultant d'une évaporation plus prolongée, on obtient un dépôt cristallin ayant la composition de la carnallite, et quant au chlorure de magnésium il se dépose le dernier. Que l'on suppose maintenant

une eau de mer marquant 2,5 et donnant par l'évaporation 3 p. ion de parties solides, un bassin marin présentant seulement une profondeur de 1.000 pieds déposera des couches salines ayant déjà les épaisseurs suivantes Sel marin.

Gypse, sulfate de magnésie et sulfate de potasse. Chlorure de magnésium

pieds. 9,6 6,8 1,6

12,0

Mais on admet pour la mer une profondeur moyenne de 15.000 pieds, en sorte qu'il est facile de comprendre comment il a pu se former des couches de sel ayant une épaisseur comparable à celles de Strassfurt. Certaines mers ont même une profondeur supérieure Ô. 25.000 pieds ; en outre les eaux salées s'évaporant dans un bassin fermé sont quelquefois plus chargées que celles de la mer, parce qu'elles proviennent de la dissolution de lentilles de sel préexistantes, comme M. L. Ville l'a