Annales des Mines (1861, série 5, volume 20) [Image 175]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

DE L'EXPLOITATION DES MINES.

5 14

PROGRÈS RÉGENTS

ce sujet un rapport inséré dans le Bulletin de la Société mi-

nérale de Saint-Étienne, par M. Baure , rapporteur d'une

commission qui a soumis à des expériences comparatives les nombreux appareils établis dans les diverses exploitations du bassin de la Loire. Les deux systèmes qui prévalent aujourd'hui en France sont la machine Bérard et le crible à piston latéral mû à bras ou mécaniquement au moyen de cames. MM. Bérard et Levainville, après de nombreux essais, sont arrivés aujourd'hui à un type de machine qu'ils établissent pour élaborer 70 à So tonnes par poste ,de douze heures, et qui renferme, sous une forme compacte, les divers organes nécessaires au classement, au broyage et au lavage. Le charbon tout-venant est livré brut à une extrémité de la machine, et le menu lavé est versé à l'autre extrémité dans les wagons qui doivent l'enlever. Cette machine est assurément l'appareil qui fonctionne avec le minimum de frais de main-d'oeuvre ; les résultats eri sont généralement satisfaisants sous le rapport de la pureté de la houille obtenue et de la pauvreté en charbon du schiste séparé. Mais avec certains charbons on est exposé à perdre, sous forme de limons, une quantité notable du charbon le plus fin; l'appareil est donc moins convenable pour des charbons trèstendres et très-fins que pour des charbons durs et grenus. En outre, lorsque le charbon livré par la mine est de qualité très-

inégale, et le cas n'est pas rare, le travail n'atteint pas le

même degré de pureté, ni surtout la même régularité qu'avec le lavoir à bras manoeuvré par un ouvrier exercé et soigneux. On pourrait dire, je crois, que lorsqu'il s'agit d'un lavage un peu sommaire, tel qu'il convient par exemple pour fabriquer du coke métallurgique, la machine Bérard peut être employée avec un grand avantage ; mais que si l'opération est difficile ou délicate, soit parce que le charbon est très-friable, ou de pureté très-variable, soit parce qu'il est nécessaire de se tenir à coup sûr au-dessous d'une teneur en cendre déterminée et très-faible, ainsi que l'exigent souvent les marchés de coke ou d'agglomérés, avec les compagnies de chemin de fer ou avec la marine, on préférera faire un certain sacrifice sur la maind'oeuvre, et opérer avec des cribles à piston mû à bras. C'est en France que la question du lavage des charbons a été d'abord posée, et aujourd'hui encore, c'est en France et

515

en Belgique que ce lavage est pratiqué sur la plus grande échelle.

Ainsi, par exemple, comparativement au chiffre total de l'extraction, la quantité de houille lavée est beaucoup plus grande en France qu'en Angleterre; résultat attribuable sans 'doute en partie à ce que les charbons de ce dernier pays sont généralement plus purs, mais certainement aussi à ce que la question du lavage n'y a pas encore suffisamment fixé l'attention des exploitants et des consommateurs. Dans l'important bassin de la Ruhr en Westphalie, l'opération du lavage commence aussi à s'organiser sur une grande échelle. MM. Sievers et compagnie, de Deutz, qui ont un atelier de construction spécial pour les appareils de préparation mé-

canique, établissent un système qui se rapproche beaucoup du grand modèle de la machine Bérard, en ce sens qu'il y a un classement préalable du charbon, mais qui en diffère en ce que ce classement s'effectue au moyen de trommels au lieu de grilles planes à secousses. Une autre différence consiste en ce que la matière la plus fine fournie par le trommel passe avant d'arriver sur le crible à travers un appareil spécial nommé Strom apparat, sur lequel je reviendrai plus loin, et qui a pour objet d'en opérer en quelque sorte le débourbage en ne laissant arriver sur le crible à piston qu'une matière suffisamment grenue. En résumé, il semble que dans l'état la machine à laver de MM. Sievers doit faire un travail très-satisfaisant; mais elle est

plus complexe, plus volumineuse et notablement plus chère que la machine Bérard pour une même production. Le débourbage des minerais de fer ne donne lieu à aucune observation qu'il soit utile de consigner ici. Quant à la préparation mécanique des minerais métalliques,

bien qu'elle comporte dans le cas le plus général un grand nombre d'appareils et une grande complication apparente d'opérations, la simplicité du but qu'on se propose permet de classer méthodiquement ces diverses opérations et d'en ramener la théorie à un petit nombre de principes. En général on devra distinguer :

10 La préparation à la main, qui se fait sur tous les morceaux d'une grosseur suffisante pour qu'on puisse, sans trop de dépense, les manier un à un, et les trier immédiatement ou les concasser et en soumettre les fragments à un triage;