Annales des Mines (1861, série 5, volume 19) [Image 179]

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EMPLOI IiEg TÔLES D'ACIER FONDU.

22.000 MI. L'établissement de M. Mazeline, au Havre, pour 14.00o. M. Armand, de Bordeaux, pour 11.00O. Les messageries impériales (services maritimes) pour 5.800. La société Cail pour 2.800. Le chemin de fer de Paris à la Méditerranée pour 2.100, etc. La commission se proposait de recueillir les observations de ces divers consommateurs. Les motifs qui l'ont déterminée à interrompre cette enquête seront in-

diqués plus bas. Il lui avait d'ailleurs paru nécessaire de consulter non-seulement les consommateurs d'acier fondu, mais aussi les ingénieurs et les constructeurs qui s'étaient abstenus jusqu'ici d'expérimenter le nouveau métal. Il importait en effet de s'assurer si cette abstention avait quelque chose de systématique, si elle était fondée sur des objections de principe, ou si elle résultait seulement de l'impossibilité d'employer économiquement l'acier fondu, dans les conditions réglementaires actuelles. Voici le résumé des avis exprimés par les hommes spéciaux dont la Commission a invoqué l'expérience M. Delacour.

i° M. Delacour, ingénieur des constructions navales et des ateliers de la Ciotat, n'a appliqué des tôles d'acier fondu qu'à deux petites chaudières placées à bord du paquebot la Néva, où elles servent à la manoeuvre des treuils à vapeur. M. Delacour constate que le travail de ces tôles est très-facile, qu'elles se plient et s'emboutissent parfaitement, et dispensent de placer des fers d'angle pour la jonction des feuilles à angles droits ;

que leur homogénéité est complète et qu'elles ne se dédoublent pas comme la tôle de fer, ce qui les rend précieuses pour les surfaces en contact avec le feu. Mais le même ingénieur remarque que, lorsqu'il s'agit de surfaces planes, il est néces-

saire, en raison même de la moindre épaisseur du métal, de multiplier les entretoises. « Il en résultera, dit-il, que le piquage des sels deviendra très-difficile. » Cette considération, jointe au prix élevé des tôles dont il s'agit, l'a empêché jusqu'ici d'en faire l'application aux grandes chaudières des na-

RAPPORT AU MINISTRE.

529 vires. Mais il les regarde, en somme, comme essentiellement propres à toutes les parties rondes des chaudières, et il pense qu'on peut, en toute sécurité, réduire de moitié les épaisseurs fixées par les règlements pour les tôles de fer. M. Delacour termine en exprimant le désir que la commission détermine les résistances à la traction, à la compression et à la torsion des pièces d'acier fondu corroyé. « Il fait, ditil, pour la machinerie marine, un grand usage de ce produit, « que MM. Pétin et Gaudet fabriquent en grande quantité sans que les coefficients numériques nécessaires pour le calcul « des équarrissages aient été fixés. n Le voeu exprimé par M. Delacour répond sans doute à un besoin réel de l'industrie; mais elle est elle-même parfaitement en position de faire ces expériences, étrangères à la question dont la commission était saisie.

2" M. Mazeline déclare que « la tôle d'acier fondu se travaille parfaitement à chaud, c'est-à-dire au rouge clair ; « qu'elle est d'une malléabilité remarquable; que le cuivre « rouge pur peut seul lui être comparé sous ce rapport ; qu'elle ne se dédouble jamais, même sous l'action d'un feu

« violent. D

11 ajoute qu'il a fait, « en tôle d'acier fondu, toutes les par« ties exposées au feu de six bouilleurs placés dans la raffine« rie de MM. Clerc, à .Ingouville. in Ces bouilleurs fonctionnent

depuis près de deux ans. M. Mazeline est convaincu, dit-il, qu'ils dureront quatre fois plus que des bouilleurs en tôle de fer. Les applications faites par M. Mazeline aux chaudières marines sont les suivantes 1° Canot de plaisance du prince Napoléon. La chaudière est entièrement en tôle d'acier de ti millimètres d'épaisseur. 2° Bateau le Finistère, de Morlaix. On a changé tout récem-

ment et remplacé par de la tôle d'acier les parties latérales des foyers.

3° Pour toutes les chaudières en construction, on adopte l'acier fondu pour les plaques tubulaires du foyer. M. Mazeline ajoute qu'il est en pourparlers avec le ministère de la marine pour étendre cette application à toutes les parties en contact avec le feu, si ce n'est même aux chaudières tout entières. Ce constructeur conclut en exprimant la conviction que l'emploi de la tôle d'acier permet de réduire sans crainte les

M. Maaeline.