Annales des Mines (1860, série 5, volume 18) [Image 341]

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A HUIT ROUES COUPLÉES.

liant cette disposition de l'accouplement des essieux, il étend l'application des machines de grande puissance au passage dans des courbes de ioo mètres de rayon sans atténuer en rien leur stabilité. La supériorité de l'accouplement des quatre essieux, avec l'emprunt du système Engerth, sur l'accouplement de trois essieux appliqué par le même ingénieur, M. Beugnot, à des machines indépendantes, s'est, du reste, montrée' dans l'usage qui en a été fait par une de nos grandes compagnies pour l'ex-

périmenté d'un service de traction réussirait, en moins d'une. heure, à replacer sur la voie une machine déraillée dans ces

ploitation d'une ligne présentant des courbes d'un faible rayon. Comme ce qui importe ici, c'est de bien démêler la marche

du progrès, nous avons cru devoir discuter toutes les objections qui nous paraissaient en avoir encombré la voie. Que, d'une manière absolue, l'accouplement de quatre essieux soit plus compliqué que celui de trois, que l'entretien en soit en conséquence plus coûteux, que la consommation d'une machine puissante, que son prix d'acquisition soient plus élevés que ceux d'une machine plus faible, qui le conteste ? Mais qu'il en soit de même proportionnellement à l'effet utile, c'est là ce qui était erroné et ce que nous avons contesté. Qu'en cas de déraillement, une machine composée de deux

parties liées entre elles soit plus longue à relever qu'une ma-

chine indépendante ou qu'une machine plus légère, qui le É

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DES MACHINES LOCOMOTIVES

contestera? Mais que le type F,ngerth soit plus sujet à des déraillements que toute autre machine, voilà ce que nous avons contesté, et nous avons pour nous l'opinion même de M. Couche qui reconnaît que la disposition Engerth est une solution favorable pour la vitesse, parce qu'elle fait disparaître l'instabilité tout en conservant la flexibilité. Faut il tenir compte, en cas de déraillement, de. la liaison de

la machine avec le tender et de la difficulté de séparer les deux trains? L'expérience n'indique rien de semblable. Il n'a pas encore été trouvé nécessaire, comme le prétend M. Couche (page 167,

tome XVII), de séparer la machine du tender dans le cas de déraillement. M. Couche cite, à l'appui de son observation, un fait sans exemple : celui d'une machine déraillée des quatre rattes de devant seulement, qui a exigé 71 Ito' pour être relevée. Que M. Couche s'enquière, on lui dira que tout agent ex-

conditiopS.

Un autre fait de l'exactitude duquel M. Couche n'est pas, à nos yeux, plus responsable que du précédent, est cité par lui à titre de terrible épouvantail contre les machines Engerth modifiées : tiH y a quelques années, dit-il, un train remorqué par une machine Engent' modifiée, rencontrait ep marche un train fte marchandises arreté sur la voie. La maChipe penéirait dans ce train, broyait tout sur son passage, et parcourait ainsi 200 mètres dans le train comme un projectile pénétrant dans un corps relativement mou. Après avoir produit de tels dégàts, la maet ,elle en était quitte pour une avarie à sa trachine rentrait à Paris Os verse d'avant (1),

Analysons : Pour pénétrer de 200 mètres dans un train de marchandises en broyant tout sur son passage, la machine a dû réduire en fragments trente wagons! Pour qne l'avarie

qu'elle a éprouve fût limitée à sa traverse d'avant, il lui a fallu balayer de la voie, devant elle, les fragments brqyés de ces trente %vagi:ms

M. Couche n'a pas vu de ses yeux cet accident; il a dû ajou-

ter foi à un rapport écrit avec une incroyable' exagération. 1,Ie semble-t-il pas que la machine Engerth modifiée peut ré-

duire en poudre des trains tout entiers et qu'elle peut, après y avoir pénétré comme un projectile dans un corps relativement mou, tes franchir s'ils ont moins de trente wagons et continuer paisiblement sa route! A aucun titre, l'exposé d'un pareil accident n'est acceptable. On ajoute : o Cet effet tient uniquement à ce que la masse de la machine empêchait la vitesse de varier brusquement. »

Mais l'explication est aussi inacceptable que le fait en luimême.

Que voudrait-on prouver d'ailleurs? La machine Engerti. dont il s'agit pèse, tender non compris, 59 tonnes réparties sur quatre essieux. Celle que proposait M. Couette, devait peser

i6 tentes réparties sur trois essieux. Serait-ce an supplément

de 5 tonnes qu'on attribuerait de semblables effets ? cela eût dû être expliqué.

Pans l'espèce, cet accident n'enseigne rien. Autant il faut approfondir avec un soin minutieux les causes et les effets des (I) Annales de* mines, tome XVII , page

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