Annales des Mines (1860, série 5, volume 18) [Image 292]

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AFFINAGE DE LA PONTE

manganèse, comme base forte, hâtera d'ailleurs le départ du silicium. Les fontes très-siliceuses seront donc plus faciles à affiner si elles renferment en même temps du manganèse. Mais la présence de ce métal n'est pas indispensable dans la méthode Bessemer, comme le

prouvent les résultats obtenus avec les fontes du Cumberland, provenant des hématites rouges qui renferment en général très-peu de manganèse.

Le phosphore n'est pas éliminé dans la méthode nouvelle, et le manganèse même ne paraît pas faciliter son départ, puisque les fontes anglaises des minerais houillers, qui toutes sont phosphoreuses et riches en manganèse, ont donné constamment de mauvais résultats.

Le phosphore ne pourrait être expulsé que sous forme de phosphate de fer ou de manganèse ; or le phosphate de fer est ramené à l'état de phosphure par le fer métallique (I), et il en est de même, très-probablement, du phosphate de manganèse. Dans les fineries, les foyers de forge et les fours de puddlage, une partie du phosphore passe dans les scories, parce que le contact entre ces dernières et le fer est moins intime

et la chaleur moins intense ; mais lorsque le fer luieine est fondu et sans cesse mêlé à la scorie par le vent, il doit nécessairement réagir très-énergiquement

sur le phosphate momentanément formé. La haute température doit d'ailleurs plutôt diminuer qu'exalter l'affinité de l'acide phosphorique pour l'oxyde de fer.

Ainsi, dans l'état actuel du procédé, à moins d'un réactif spécial très-énergique, il semble difficile que les fontes phosphoreuses, même manganifères, puissent être traitées par le procédé Bessemer. Page 490 du mémoire ci-dessus cité sur l'acier puddl,

PAR LE PROCÉDÉ BESSEMER.

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Le soufre n'est pas facile à séparer non plus. On sait que le sulfure de fer n'est pas décomposé par le protoxyde, et encore moins par le silicate de fer. Sous l'influence directe de l'air, une partie du soufre doit s'é-

chapper, très -probablement, à l'état d'acide sulfureux; mais ce gaz lui-même est aussi décomposé par le fer; en sorte qu'en réalité l'expulsion du soufre est fort imparfaite. A cause de la haute température et du

mélange intime des matières, il en est du soufre comme du phosphore ; son départ est certainement plus

difficile dans l'appareil Bessemer que dans les bas foyers et les fours de puddlage. Les scories de forge renferment presque toujours du soufre, et ce soufre ne peut guère s'y trouver que sous forme d'oxysulfures ou de sulfo-silicates. Mais:les oxysulfures sont des composés peu stables et à une haute température ils doivent, ce me semble, se partager entre le silicate et le métal ; et quant au sulfosilicate ou sulfure double de fer et de silicium (i) , il

doit résister difficilement à la double influence du fer et du vent; il se produit du silicate ordinaire, et le soufre doit de nouveau s'unir au fer. Ainsi, à part la faible proportion qui peut s'échapper sous forme d'acide sulfureux ou de sulfure de silicium, il semble que cet élément tend plutôt à se concentrer dans le métal.

Pourtant le soufre est moins nuisible que le phosphore, puisqu'on peut obtenir de bon fer et de bon acier avec des fontes au coke; de plus, comme les fontes,

provenant des fers spathiques et des fers oxydulés qui sont toujours mélangés de pyrites, donnent néan(1) On sait qu'il se dégage du sulfure de silicium de beaucoup de fontesz.?,u moment cte fa coulée,