Annales des Mines (1860, série 5, volume 18) [Image 24]

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ORDRE STRATIGRAPHIQUE

des fragments d'huîtres. Ces bancs à points verts dont la puissance ne dépasse pas i o à 12 mètres nous ont paru correspondre exactement à ceux qui constituent la partie supérieure du groupe E. A ces grès succèdent des marnes crayeuses, d'un blanc légèrement verdâtre, compactes, schisteuses, qui par leur texture et leur aspect rappellent complétement les couches à coquilles de la craie blanche décrites précédemment. Nous n'y avons observé aucun fossile, mais M. Lory plus heureux

que nous et dont les recherches ont d'ailleurs précédé les nôtres, assure y avoir recueilli de beaux exemplaires de la Belemnitella mucronata (1). La puissance de ces marnes crayeuses est ici réduite à 6o ou 70 mètres. Elles sont recouvertes en stratification concordante par une assise de 20 à 25 mètres d'un calcaire compacte,

blond ou blanc à sa partie inférieure, gris avec tâches jaunes à sa partie supérieure où sa structure devient un peu schisteuse. Cette assise par ses caractères extérieurs et sa position géologique, nous a paru représenter le calcaire dur, siliceux, qui couronne la formation crayeuse. Ce calcaire s'enfonce bientôt lui-même sous une longue série de marnes grises et de calcaires

marneux bleuâtres que l'on pourrait suivre jusqu'à Saint-Pierre d'Entremont si le terrain de transport des

environs de ce village ne les recouvrait sur la rive gauche du Guier. Cette succession de couches est représentée par notre coupe fig. 4. En la comparant à celle de M. Lory, fig. IV, on voit que celle-ci en diffère surtout par des dénominations théoriques. Ainsi M. Lory appelle néocomien supérieur l'assise calcaire superposée aux marne-s à Belemnitella, cette superposition étant sui(i) Bulletin de série, page 82.

la Société

statistique de l'Isère, tome 2

ET CARACTÈRES PALÉONTOLOGIQUES.

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vaut lui le résultat d'un plissement qui aurait renversé le calcaire sur les marnes. Comme il aurait été difficile de comprendre que le néocomien supérieur eût été seul renversé, l'auteur a été conduit à rapporter au néocomien inférieur une partie des couches marneuses qui succèdent à ce calcaire. Le reste est considéré par lui comme de l'oxfordien. Nous ne pensons pas que ces idées théoriques soient admissibles; car d'un côté les prétendues marnes oxfordiennes renferment à SaintPierre-d'Entremont le Belemnites bipartitus; de l'autre l'étude des lieux ne fait découvrir aucun vestige .ni de

plissement (1) ni de faille. On n'y voit qu'une série naturelle d'assises dont la continuité stratigraphique n'est nullement interrompue. Il est pour nous évident que ces divers groupes étant semblables à ceux de la vallée d'Entremont et se succédant dans le même ordre en sont purement et simplement le prolongement, sauf que leur ensemble paraît avoir éprouvé un rejet de quel-

ques centaines de mètres dans le sens de l'est à l'ouest (a). Ce rejet a coïncidé avec l'ouverture de la (i) La coupe, fig. IV, est en contradiction par ses détails avec l'hypothèse d'un plissement. En effet, si le néocomien supérieur

avait été replié et renversé sur le terrain de la craie, les couches arénacées G qui surmontent ce néocomien auraient été

repliées en même temps , en sorte qu'on les verrait à la fois au-dessus et au-dessous des marnes crayeuses. Cette symétrie manque dans la coupe de M. Lory, et, ce qui est surtout concluant, on n'en voit aucune trace sur les lieux. Quand il n'y aurait que cette raison pour rejeter le plissement supposé, elle serait suffisante. (2) Un rejet semblable s'observe dans la vallée transversale

de l'Isère entre Grenoble et Voreppe. Quoique le vallon de Lans qui s'ouvre sur la rive gauche ne soit que la continuation géologique de celui de Proveysieux situé sur la rive droite, ils ne sont point exactement en face l'un de l'autre, tout le terrain de la rive gauche ayant subi un mouvement de translation de