Annales des Mines (1860, série 5, volume 18) [Image 15]

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ORDRE STRATIGRAPHIQUE

ET CARACTÈRES PALÉONTOLOGIQUES.

mins observés ailleurs. Il est aisé de s'en convaincre en comparant les descriptions géologiques que l'on a celles des autres pays de l'Europe. Indépendamment

ses paraissent avoir été le plus souvent uniformes et tranquilles sur des surfaces immenses ; elles sont restées fort longtemps les mêmes, ou tout au moins sans modification bien sensible, mais une fois modifiées

de leur faciès tout spécial, les formations des Alpes pré-

elles ne sont jamais redevenues ce qu'elles étaient avant.

sentent un autre trait vraiment caractéristique, qui est de subir des variations énormes d'épaisseur dans des espaces quelquefois extrêmement restreints. Ainsi une couche de i à 2 mètres que rien ne distingue d'abord de celles qui l'entourent, peut en se prolongeant devenir une véritable assise de 4o à 5o mètres. De même on voit une assise de 4o à 5o mètres acquérir un développement extraordinaire au point de se changer en un terrain de 1. 000 à i.5oo mètres ; puis diminuer successivement et reprenclres e s premières proportions. Nous avons constaté la réalité de ces variations étonnantes en suivant d'une manière continue des assises faciles à reconnaître et en mesurant ensuite sur divers points l'épaisseur des strates compris entre-deux. Les altérations que l'on observe quelquefois dans la nature minéralogique des couches ne sont pas moins frap-

Ici, tout annonce qu'elles ont été au contraire énergiques, tumultueuses et surtout irrégulières quant au temps et à l'espace. On est alors en droit de se demander si des différences aussi essentielles dans les causes

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données de la Suisse, de la Savoie et du Dauphiné avec

pantes ni moins rapides que leur variation de puissance. Des calcaires durs, compactes, se changent dans leur prolongement en marnes friables ou bien des marnes en grès. Certaines assises seules restent constantes sur de longs espaces. Enfin, ce qui est surtout remarquable, des couches situées à des niveaux géologiques trèsdifférents peuvent, quant, au faciès, offrir une ressemMan ce parfaite . Comme dans aucune partie des bassins de Paris et de Lon dres, ni même dans le reste de l'Europe, on

n'a signalé des dépôts présentant au même degré de pareils caractères, il est naturel d'en conclure que dans les Alpes, les couches se sont formées sous l'empire de causes géogéniques exceptionnelles. Ailleurs, ces cau-

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géogéniques des couches n'en auraient pas entraîné d'également considérables dans l'ordre de succession des faunes fossiles. Nous venons d'exposer les raisons qui tendent à faire Il faut multiplier admettre dans les Alpes de véritables exceptions paléon- marclehse à suivre

tologiques. Elles nous paraissent justifier complètement l'opinion des géologues éminents qui se sont rangés à cette manière de voir, mais nous accorderons sans peine que dans une question aussi importante, qui touche aux

principes fondamentaux de la science, on ne saurait accumuler trop de preuves ; il faut donc multiplier les faits en les entourant de tous les détails propres à mettre leur certitude en évidence. La marche à suivre se présente d'ailleurs d'elle-même. On doit prouver dans chaque cas particulier que les relations stratigraphiques en opposition avec la paléontologie ne sont pas seulement apparentes, mais bien réelles ; puis, qu'il y a impossibilité de les expliquer par des bouleversements du sol. On rencontre fréquemment dans les pays de montagnes des couches qui, à une très-petite distance d'un terrain plus ancien, paraissent s'enfoncer dessous quoiqu'en réalité cela n'ait pas lieu (1) . Il est facile de se (i) On doit s'étonner que quelques géologues aient pris au sérieux ces apparences souvent grossières et qu'ils en aient