Annales des Mines (1860, série 5, volume 17) [Image 247]

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SUR LES MACHINES LOCOMOTIVES

doit être d'abord rectifiée. De ce que des bandages sont fabriqués avec soin et en fer de bonne qualité, il n'en résulte pas que ces bandages soient bons si le fer en est mou. Or c'est là le défaut inhérent au fer de Low-Moor, celui qui l'a fait rejeter par les ingénieurs pour l'emploi des roues motrices et surtout

des roues accouplées et de faible diamètre portant plus de 5 tonnes. Ces bandages sont, justement, de qualité médiocre pour cet emploi, et ils sont généralement remplacés par des bandages cémentés ou en fer aciéreux. C'est donc dans l'infériorité de

leur qualité qu'il faut chercher la cause de leur rapide destruction. Mais prétendre que l'inclinaison des rampes est pour une bonne part dans cette destruction rapide, parce que l'effort de traction imposé au moteur y atteint une limite qu'il n'atteindrait pas sur des profils plus modérés; prétendre que la réaction tangentielle des rails sur les bandages est accrue par l'inclinaison, c'est le double renversement de toutes les notions acquises sur les lois qui, jusqu'à, ce jour, expliquent le phénomène de l'adhérence. La loi mécanique la mieux établie des effets de l'adhérence, c'est qu'ils sont proportionnels au poids porté par les roues. La loi physique la moins établie des effets de l'adhérence, c'est qu'ils soient proportionnels au défaut de dureté des bandages.

Enfin la loi la plus incontestable, c'est que le poids d'un

corps produit des pressions ou, si l'on veut, des réactions tangentielles d'autant moindres qu'il repose sur un plan plus incliné.

C'est ainsi qu'une roue exerce sur un plan plus horizontal des effets qui iront se réduisant à mesure que le plan s'incli-

nera. La réduction est bien faible pour des inclinaisons de om,035 par mètre, mais enfin elle existe. Il est fâcheux que des doctrines si aventurées n'aient pas été

relevées en temps utile; elles auraient empêché contre l'accouplement de quatre essieux, et l'appui des machines sur le tender une campagne aussi malheureuse que celle que M. le professeur a entreprise contre les contre-poids destinés à équilibrer le mouvement des machines, immense perfectionnement

A HUIT ROUES COUPLÉES.

457 dû à la persévérance habile et désintéressée de l'un de ses confrères, et que l'étranger s'est empressé d'imiter (i).

Certes, nous nous garderons bien de décourager d'écrire dans ces questions des hommes, des savants parmi lesquels il en est qui peuvent gratifier leur pays d'améliorations qui mo-

tiveraient ailleurs à leur auteur une fortune considérable autant que légitime. Nous croyons même que c'est une bonne fortune pour l'art, que ces ingénieurs trouvent le temps d'écrire même quand la bienveillance est exclue de leur forme de discussion ; mais ce que dont nous sommes plus certain encore, c'est que la bienveillance met en garde contre l'esprit de système, et que dans les questions que nous avons discutées, cet esprit a conduit à l'erreur. (1) On nous critique à ce propos d'avoir cité la machine l'Antée comme un des exemples les plus heureux de l'application des contre-poids. Nous demandons humblement pardon pour celte faute et nous tacherons de nous justifier. Nous attachons un intérét d'amour-propre au succès de la machine l'Antée, que nous avons construite en vue de résoudre le problème de l'exploitation de la rampe de 0m,035 de Saint-Germain, pendant que les travaux (lu système atmosphérique s'accomplissaient. Ce succès, nous l'attribuons à la dimension considérable que nous avons donnée aux cylindres, dimension qui depuis n'a été atteinte, proportionnellement à la surface de chauffe, dans aucune machine. Mais cette disposition, qui a permis l'emploi de l'adhérence jusqu'au quart du poids moteur dans la belle saison où cette machine fonctionnait presque exclusivement, était compromise par la position extrême des cylindres, l'exiguïté du diamètre des roues et l'instabilité résultant de l'application de la force motrice. Les contre-poids ont corrigé ce défaut, et ils ont ainsi facilité l'accouplement dans l'emploi des grandes puissances. Je n'ai pas prétendu que cela suffisait pour justifier la séparation des machines Engerth de leur tender, parce que dans celle-ci le porte-à-faux à l'arrière est de tm,so, tandis que dans celle d'Engerth il est de 2",30, et que dans cette. question d'oscillation il s'agit moins d'une distance que de la masse mise en porte-à-faux. Sous co rapport, les chiffres flue l'on m'a opposés (page 582) ne s'appliquent pas à la question.