Annales des Mines (1859, série 5, volume 16) [Image 226]

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ÉTUDES ET EXPÉRIENCES SUR LE MÉTAMORPHISME.

11 est remarquable de voir les mêmes corps, qui produisent la périclase aux dépens dii calcaire, former, en dissolution et à une température moindre, de la dolomie.

Le rôle qu'ont joué les chlorures à de hautes températures, pour produire la cristallisation des minéraux, ressort d'ailleurs clairement des expériences plus récentes de MM. Manross, Forchhammer et Henri Deville.

D'autres expériences ont aussi montré que les chlorures de silicium et d'aluminium en réagissant, à l'état de vapeur, sur les bases qui entrent clans la constitution des roches, y forment des silicates Simples ou multiples qui sont identiques aux produits naturels (1). Or, si le mica exhale encore par la chaleur des fluorures de silicium, de bore et de lithium, osera-t-on affirnier que les pâtes granitiques n'aient pas aussi renfermé dans

l'origine des chlorures de silicium, de bore et de lithium, bien qu'on ne les trouve pas au milieu des vapeurs qu'on recueille aujourd'hui à proximité des orifices volcaniques ; car ils ne manqueraient pas d'y être décomposés et précipités par la vapeur d'eau avant d'arriver à l'atmosphère. Ne voit-on pas d'ailleurs encore le chlore fixé en quantités considérables dans certains massifs cristallins, comme la syénite zirconienne de Norwége

et la roche de l'Ilmen (miascite) , où il est principalement combiné à l'éléolithe, et où il fait partie du cortége du zirconium, du tantale et d'autres éléments rares qui sont presque exclusivement propres à ces roches? Quant au fluor et au bore (2), j'ai fait voir depuis Composés fluorés et borés;

icur intervention longtemps qu'ils paraissent avoir concouru à la formait

probable dans la formation des gîtes d'étain

et dans

vapeurs sur les roches. Comptes rendus de l'Académie des

celle des terrains sciences, t. XXXIX, p. 135. métamorphiques caractérisés par les mômes minéraux.

(1) Mémoire de M. Daubrée qui vient d'être cité. (2) La présence du fluor déjà, reconnue dans diverses roches

volcaniques modernes, a été constatée par M. Scacchi dans

EXPÉRIENCES ET CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES.

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tion de beaucoup d'amas stannifères (1). Ils entrent, en effet, dans la constitution de silicates caractéristiques, comme la topaze et la tourmaline, qui y ont été certainement engendrés en même temps que l'oxyde d'étain (2). Ces conclusions sont également applicables à des

roches dont l'origine métamorphique est due, selon toute vraisemblance, à des phénomènes analogues. Telle est la roche bien connue de Schneckenstein, en Saxe, où ces topazes et ces tourmalines paraissent être venues s'insinuer entre les feuillets du schiste, tout en cimentant, concurremment avec le quartz, les nombreux fragments dans lesquels ce schiste avait été concassé. Il en est de même au Brésil, pour des terrains entiers, tels que ceux où abonde la topaze dans la contrée de Villarica, schistes dans lesquels l'or et le diamant se sont produits sur de vastes étendues, avec les mêmes minéraux caractéristiques. Ces terrains ne sont en quelque sorte qu'une accumulation, sur un grand espace, des gangues habituelles de l'oxyde d'étain (5). un dépôt récent de fumarolles du Vésuve. Quant au bore, d'après les énormes quantités qui sortent des soffioni de la Toscane et les dépôts notables du cratère de Vulcano, on ne peut guère douter qu'il n'en existe dans beaucoup d'autres localités où il a passé inaperçu jusqu'à ce jour. (i) Mémoire sur le gisement, la constitution et l'origine des amas de minerais d'étain. Annales des mines, 30 série, t. XX , p. 65, 1841.

Recherches sur la production artificielle de l'oxyde d'étain, de l'oxyde de titane, etc. Annales des mines, It° série, t. XVII, p. 129. i849. Ce premier rapprochement, établi entre le bore et l'étain sur des données purement géologiques, a été suivi de la découverte d'une analogie inattendue entre deux corps dont les propriétés chimiques sont si différentes: je veux parler de leur isomorphisme qui a été démontré par les études de M. Sella. Je suis d'ailleurs bien loin de penser que ces diverses roches quartzeuses aient été formées sans la présence de l'eau ; je vais bientôt revenir sur ce sujet. Toul: XVI, 1859. 29