Annales des Mines (1859, série 5, volume 16) [Image 225]

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ÉTUDES ET EXPÉRIENCES SUR LE MÉTAMORMISME.

causes vagues, pour ainsi dire occultes, des explications que rien d'ailleurs ne justifierait ? Un même minéral peut se rencontrer parfaitement isolé et cristallisé au milieu de matrices très-différentes : la

tourmaline, le mica, le feldspath, le grenat, l' épidote, par exemple, se présentent, souvent avec les mêmes caractères, au milieu du quartz et dans le sein du calcaire ou de la dolomie. Cette indépendance des silicates visà-vis de leur gangue paraît aussi annoncer que les minéraux ne sont pas de simples produits de liqUation puisque des milieux aussi différents n'auraient pas sécrété des composés identiques. Partout, d'ailleurs, on rencontre dans les roches métamorphiques des minéraux très-inégalement fusibles qui ont cristallisé dans une succession tout à fait opposée à l'ordre de leur fusibilité. Apport d'éléments étrangers.

Des arguments de nature diverse s'opposent donc à ce qu'on admette qu'un métamorphisme, n'ayant pas d'autre cause que la chaleur, ait pu donner naissance, dans les roches qui l'ont subi, aux minéraux qu'on y rencontre, même quand ces derniers ne paraissent pas contenir de corps simples, étrangers à la composition normale primitive. Mais combien cette conclusion est plus démonstrative, quand on voit, au Brésil, le changement d'état des roches coïncider visiblement avec l'introduction de corps tout spéciaux qui, selon toute probabilité, n'ont pu venir s'y fixer qu'ultérieurement? CHAPITRE II. DE CERTAINES VAPEURS CONSIDÉRÉES COMME AUXILIAIRES DE LA CHALEUR; LEUR ACTION COMBINÉE AVEC CELLE DE LA CHALEUR EST ENCORE INSUFFISANTE.

Les vapeurs volcaniques

ont pu servir d'auxiliaire à la chaleur.

Si la chaleur seule a été impuissante à produire les effets dont nous venons de parler, son action, aidée de certains corps gazeux ou faciles à réduire en vapeur,

EXPÉRIENCES ET CONSIDÉIUTIONS THÉORIQUES.

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deviendra-t-elle alors capable de suffire à leur explica-

tion? C'est l'idée qui s'est naturellement présentée la première à l'esprit ; car la nature montrait des vapeurs abondantes et à affinités énergiques, dans les exhalaisons des cratères des volcans ou de leurs laves encore incandescentes. Ces vapeurs et gaz sont des composés où dominent les corps électro-négatifs, que les anciens minéralogistes appelaient, comme par instinct, les minéralisateurs, savoir : chlore, soufre, carbone ; plus rarement le fluor et le bore. Les observations récentes de MM. Boussingault, Bunsen et Charles Deville, ont contribué à bien faire connaître la nature de ces déjections gazeuzes ou volatiles. L'acide carbonique, l'acide sulfhydrique, l'acide sul-

furique même, ont pu réagir autrefois sur quelques roches, d'une manière semblable à ce que l'on observe aujourd'hui dans certains gisements de gypse et d'alunite, ou dans les roches voisines des volcans des Andes et de Java, qui se réduisent sous leur action en une véritable boue. La décomposition de vapeurs chlorurées forme, sous nos yeux, le fer oligiste, et a pu donner naissance autrefois, dans beaucoup de gisements, à l'oxyde d'étain et à l'oxyde de titane, comme l'apprennent à la fois l'observation et l'expérience synthétique. C'est d'une manière analogue que la magnésie cristallisée ou périclase, engagée dans les calcaires rejetés de la Somma, a peut-être été produite paria décomposition du chlorure de magnésium par le carbonate de chaux. Cette supposition, que rendait vraisemblable l'abondance des vapeurs chlorurées du volcan actuel, a été corroborée par l'expérience dans laquelle j'ai imité artificiellement ce minéral (1). (i) Recherches sur la production artificielle des minéraux de la famille des silicates et des aluminates par la réaction des

Arii es carbonictue

sulfhydrique sulfurique.

Chlorures et acide

chlorhydrique; exemples

de leurs effets.