Annales des Mines (1859, série 5, volume 16) [Image 207]

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PSEUDOMORPHOSES.

dessous du rouge, de la pyrite de fer ayant les clivages et même l'éclat des minerais primitifs.

Le sulfure de plomb se produit en conservant la forme du plomb carbonaté, quand ce dernier est exposé à des vapeurs d'hydrogène sulfuré. A Saint-Honoré, en Morvan, à 12 lieues d'Autun, le cuivre sulfuré a pris la forme de monnaies romaines en cuivre qui sont restées plongées dans des eaux minérales et sulfureuses.

D'après M. W. Stem, un cristal d'argent rouge se change au bout de quelques heures en sulfure d'argent, lorsqu'on le met dans une dissolution contenant un sulfure alcalin. Le chlorure d'argent a été observé dans les anciennes monnaies d'argent longtemps enfouies sous terre. L' oxychlorure de cuivre se produit de même aux dépens des vieux instruments. de bronze. M. Haidinger a reconnu que le sulfate de fer, chauffé

très-lentement jusqu'au rouge, donne du fer oligiste ayant la même forme (1).

Le fer et le cuivre métalliques, lorsqu'ils sont empâtés dans les laves, se changent en fer oligiste, en fer oxydulé, en cuivre oxydulé.

La chaux carbonatée est pseudomorphosée en hydroxyde de fer, lorsqu'elle est mise dans une liqueur contenant du sulfate de protoxyde de fer. La magnésite, d'après M. W. Stein, est pseudomorphosée en une espèce de stéatite, lorsqu'elle est traitée par une dissolution de silice dans l'acide chlorhydrique. Beudantindique qu'un cristal de sulfate decuivre placé dans la craie humide se change en gypse à sa surface. D'après M. Sorby, le gypse se change en baryte sul(I) G. Dischar. Lehrburh etc., t.

i, p. le

PSEUDOIVIORPHOSES.

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fatée , quand on le traite par le chlorure de baryum, à la température ordinaire. La baryte carbonatée se transforme de même en baryte sulfatée quand elle est mise dans le sulfate de soude. Le gypse est au contraire pseudornorphosé en chaux carbonatée, lorsqu'on laisse pendant plusieurs semaines dans une dissolution un peu concentrée de carbonate de soude à la température ordinaire. La forme du gypse,

ses clivages, ses stries, sont bien conservés. A cette même température , les carbonates de cuivre, de zinc et de plomb pseudomorphosent la chaux carbonatée. A une température de r oo° à 1500, M. Sorby a produit des carbonates de fer et de magnésie dans la forme

de la chaux carbonatée, de l'arragonite, de la baryte carbonatée; la chaux carbonatée dans la forme du spath fluor et de la baryte carbonatée ; la baryte carbonatée ainsi que la strontiane carbonatée dans la forme de leurs sulfates.

Lorsque des minéraux partiellement ou complètement attaquables sont traités par les acides, le résidu de l'attaque conserve souvent la même forme ; c'est, par exemple, ce que l'on observe très-bien pour le mica et pour certaines chlorites dont les paillettes ont encore l'éclat nacré. M. Goeppert est parvenu à produire également quelques phénomènes de pétrifications dans les végétaux. Enfin, on sait que des dents d'animaux mises dans un sel de cuivre donnent un phosphate bleu qui imite la turquoise et qui s'emploie même dans la bijouterie. Dans la nature, un minéral peut subir successivement plusieurs pseudomorphoses, et c'est aussi ce qu'on réa-

lise dans le laboratoire; car M. Sorby a changé du gypse en chaux carbonatée, puis en carbonate de cuivre ou bien en carbonate de fer.