Annales des Mines (1859, série 5, volume 16) [Image 99]

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i6 ÉTUDES ET EXPÉRIENCES SUR LE MÉTAMORPHISME.

tard le bonheur de découvrir des fossiles dans ces dernières. Appliquant à ces roches cristallines à peu près les mêmes arguments donts'était servi llutton, il concluait que les calcaires grenus, micacés, talqueux, les schistes micacés talqueux et arnphiboliques de cette région des Alpes sont d'origine sédimentaire, et il les rapportait aux terrains de transiticiti, à cause de leur analogie avec ceux de l'Allemagne. il allait jusqu'à rapprocher dans un même groupe les roches granitoïdes du Mont-Blanc et les roches talqueuses et feldspathiques auxquelles elles sont associes, et croyait pouvoir établir l'âge relative-

ment récent de ces prétendus granites alpins. Sans adopter le principe de la transformation des roches, II Contribuait cependant, peut-être à son insu, et avec une Clarté et une rigueur de déduction remarquables, au développement de ces idées nouvelles (1). M. Studer

dérouvre des terrains secondaires associes

ain roches

cristallines, 1827.

Une excursion dans les Alpes de Glaris que M. Studer fit en 1826 avec M. Merlan révéla pour la première fois un passage des terrains secondaires ( flysch ) à des ruches aussi cristallines que le ihicaschiste et le gneiss du SaintGotbard et de Chamouny (2). Comme le disait M. Élie de Beaumont (5) dans une lettre qu'il écrivait douze ans

plus tard, aprèS avoir visité les mêmes localités, on avait sous les yeux l'un des faits de métamorphisme les

plus évidents des Alpes, et en même temps l'un de ceux qui prouvent le mieux que ces phénomènes ne sont pas exclusivement restreints aux terrains les plus anciens. (i) L'attention fut de nouveau portée sur les terrains qui composent la chaîne des Alpes par un ouvrage de Backewell. 'rravels in the Alpine parts of Switzerland and Stivoy, 1822. (a) Zeitschrift von Leonhard, L XXV, p. 1, 1827. (à) Lettre de M. Élie de Beaumont à M. Studer nitée dans le Leonhards Jahrbuch, p. 352, 3.8Lio.

HISTORIQUE.

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Telle est, d'ailleurs, la conclusion importante à la-

M. Élie

quelle arrivait, de son côté, M. Élie de Beaumont lui- rao°t'in

dans grocueedaen roches

même à peu près en même temps que M. Studer, une exploration approfondie des Alpes du Dauphiné et

de la Savoie qui a été d'une fécondité inappréciable pour la géologie. Il avait reconnu dans le graphite du Col du Chardonnet, qui est associé à des roches feldspathiques , un résultat de la transformation de l'anthracite (1), et, à la suite d'un examen attentif, il proposait de faire remonter l'âge d'une partie de ces roches cristallines jusque dans le terrain jurassiqùe. Ainsi ce prestige d'antiquité des terrains des Alpes, ébranlé déjà par Brochant et par Léopold de Buch, se trouvait à jamais rompu ; et en même temps M. Élie de Beaumont faisait connaître combien est récent le relief

de la plus grande chaîne de montagnes de l'Europe. Des résultats à la fois si nouveaux et si grandioses frap-

pèrent vivement tous les esprits et donnèrent une impulsion extraordinaire aux études géologiques. Chargé à cette même époque (1829) du cours de géologie de l'École des mines, M. Élie de Beaumont contribua dès lors puissamment à propager les doctrines géologiques auxquelles il avait apporté un si large tri-

but, surtout à l'aide de faits observés par lui-même dans les Alpes ou empruntés aux mémoires de Macculoch sur l'Écosse. La comparaison par laquelle il résumait les passages graduels des roches sédimentaires aux roches cristallines, en l'assimilant à « la structure physique d'un tison à moitié charbonné, dans lequel ou peut suivre les traces des fibres ligneuses, bien au

delà des points qui présentent encore les caractères (i) Sur un gisement de végétaux fossiles et de graphite situé au col du Chardonnet (département des Hautes-Alpes). Annales des sciences naturelles, t. XV, 1828.

des Alpes

au terrain jurassique, 1828.