Annales des Mines (1859, série 5, volume 15) [Image 92]

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FABRICATION DU FER A GRAINS

servir de base à un travail ultérieur que je nie propose de publier sur la texture du fer en général. Je pense que le seul puddlage convenable au point

de vue d'un bon produit, c'est le puddlage à grains, et que toutes les forges doivent autant que possible rechercher cette fabrication. Mais, rue dira-t-on, vous ne pouvez pas éloigner de l'industrie le fer à nerf dont l'emploi est souvent indis-

pensable. Je répondrai à cela que le fer à nerf n'est qu'un changement moléculaire (1), un métamorphisme

du fer à grains, et qu'en règle générale, étant donné du fer brut à grains, il est toujours possible de le transformer à nerfs.

Je craindrais de sortir du sujet que je me suis proposé dans ce travail en donnant plus de développement à l'idée que j'émets ici succintement , sur laquelle de nombreux et sérieux essais n'ont pas laissé de doute, et

qui fera le sujet comme je l'ai dit plus haut , d'un Acier naturel.

travail plus étendu. Je ne parlerai pas de la forme des fours employés dans cette fabrication ; c'est la même que celle déjà dé-

crite au commencement de ce mémoire, et dont j'ai donné un dessin coté à l'appui de ce travail. Les conditions de fabrication sont identiques à celles que j'ai données pour le fer à grains, en ce qui regarde l'entretien du four, la nature du combustible et les qualités des fontes à employer. Il n'y a de différent que le puddlage. (t) Cette idée première, qui servira de base à une nouvelle manière d'envisager le fer comme texture et qui nous conduira à abandonner la classification de fer à grains, fer à nerf, fer mélangé de grains et de nerfs, pour la remplacer par une autre beaucoup plus simple, est entièrement due à, M. Ch. Perrot, chef de fabrication aux forges de Vierzon.

ET DE L'ACIER AU FOUR A PUDDLER.

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Ce sont ces variations que je vais tâcher de faire ressortir et de développer avec soin. Tout ce que j'ai fait observer pour le chargement de la fonte dans le four et la fusion s'applique sans aucune restriction à la fabrication de l'acier naturel. En deux mots, la fonte doit fondre le plus uniformément possible

de manière à ne pas laisser de petits fragments non fondus au milieu du bain, au moment où commence le brassage de la masse. La fusion de la fonte obtenue, le puddlage se commence à l'abri du contact de l'air en lui fermant tout

accès au moyen des registres dont sont munies les cheminées. Une fumée épaisse sort alors en abondance par la porte de travail. Dès que le bouillonnement de la masse a commencé,

on jette dans le four, par la petite porte de travail, environ 1/2 kil, de peroxyde de manganèse grossièrement pulvérisé , qui agit ici de deux manières différentes a° En augmentant la fluidité des scories ; 2° En formant des scories non oxydantes. En favorisant la formation de scories très-fluides, on obtient un contact plus intime des parties carburées avec l'agent oxydant, et par suite une action décarburante plus uniforme et mieux répartie. En formant par l'addition de manganèse des scories non oxydantes, on ralentit la décarburation. En un mot on a, par ce moyen, une décarburation lente qui 'permet le départ des métaux étrangers, tout en conservant une forte dose de carbone.

Le brassage de la masse se continue donc activement toujours sous l'influenee de ces scories non oxydantes et en présence d'une famée épaisse dans le four,