Annales des Mines (1858, série 5, volume 14) [Image 320]

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PENDANT L'ANTIQUITÉ ET LE MOYEN AGE.

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602 EXPLOITATION DES MINES ET MÉTALLURGIE EN TOSCANE

mencement , va en se rétrécissant jusque vers l'ceil.

C'est encore le modèle de tuyère employé aujourd'hui. A la Marsigliana , le champ voisin des fours porte le nom de campo aile gore, c'est-à-dire le champ des canaux, et l'on a retrouvé en place les aqueducs qui

amenaient à l'usine de fusion les eaux de la Pecora, que l'on devait employer pour le service de la fonderie, et notamment des roues hydrauliques, qui mettaient en mouvement les soufflets des fours à manche.

Aux mines de Rocca Strada, exploitées en même temps que celtes de Massa, un des fours à manche est encore debout. La section intérieure est carrée, et le four peut avoir 2m,8o à 5 mètres de hauteur sur om,7o de largeur intérieure. Il est en briques réfractaires, et on voit encore sur la face de rustine l'ouverture de la tuyère. Souvent, au lieu de briques, on employait, et c'était même le cas général, des pierres réfractaires. On les tirait soit de Gavorrano, où se rencontrent des granites à grains fins, semés de paillettes noires de mica, soit de Rocca Tederighi , où l'on trouve des roches porphyriques et trachytiques très-

résistantes au feu. Le granite de Gavorrano et les trachytes de Rocca Tederighi sont encore employés aujourd'hui aux fonderies de Massa pour la chemise intérieure des fours.

La fusion se faisait au bois et au charbon de bois tirés des forêts voisines, et la campagne durait toute une semaine. Chaque samedi matin on mettait hors le feu et on réparait le four. On faisait au moins deux fondages, un pour cuivre brut, l'autre pour cuivre fin. Le métal obtenu ne de-

vait contenir au plus que 2 1/2 p. ioo de matières étrangères; plus tard, en 151 o la tolérance fut portée

jusqu'à 5 14 p. ibo.

Les ouvriers employés aux usines étaient le colator ou fondeur, 1' affinator ou affineur, rimmissor ou char-

geur et les aides appelés de divers noms : farnuli. laboratores, guerchi. Les charbonniers, carbonajoli, apportaient le bois et le charbon aux usines. Un garde, guardia, était attaché à l'établissement, et le factor ou contre-maître exerçait la surveillance générale. Le cuivre était coulé en pains ou en grenailles, in pannectolis vel exgranatum. On l'employait sur place à la confection de divers ustensiles et on en exportait aussi une grande quantité au dehors. J'ai vu à Massa deux pains de cuivre retrouvés dans les scories de Cugnano. Ces pains ont à peu près 10 cen-

timètres sur 1 1/2 à 2 centimètres d'épaisseur. Le métal est d'un beau rouge, d'un éclat soyeux dans la cassure fraîche. Il paraît très malléable, en un mot d'une excellente qualité et partant d'une grande pureté. Deux essayeurs, nommés annuellement par la commune, devaient essayer le cuivre et les minerais. Ils

étaient aussi chargés de déterminer la richesse des plombs en argent. Enfin ces mêmes essayeurs devaient être à la disposition des Massetans et des étrangers qui pouvaient avoir besoin de leur ministère.

Il est évident que tous les essais se faisaient par la voie sèche. Le cuivre et le plomb devaient être séparés de leurs minerais au moyen de fondants appropriés et par la fusion dans des creusets réfractaires. L'argent devait être dosé par coupellation. On sait que la voie sèche était la voie de prédilection des anciens docimasistes et des alchimistes. La loi de Massa ne dit rien du traitement du plomb argentifère. On devait évidemment, dans une première fusion an four à manche, obtenir du plomb d'oeuvre, et l'argent devait en être retiré par voie de coupella-

Essais docimasiques.