Annales des Mines (1857, série 5, volume 12) [Image 250]

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MÉTAMORPHISME DE LA ROCHE ENCAISSANTE.

une roche sédimentaire peut prendre des caractères qui la rapprochent beaucoup d'une roche éruptive, emontre aussi comment une roche argilo-calcaire devient celluleuse et se change en spilite au contact de roches trappéennes. Mais il importe de bien remarquer qu'une roche argilo-calcaire devient souvent celluleuse loin du contact de toute roche éruptive. M. Scipion Gras l'a constaté pour les spilites des Alpes. Je l'ai observé moi-même pour les schaalstein du pays de Nassau, ainsi que pour

les spilites intercalés dans le grès rouge et dans le terrain de transition des Vosges. Ces diverses roches ont pris une structure celluieuse et arnygdalaire , bien qu'il n'y ait aucune roche trappéenne ou même éruptive qui soit visible dans leur voisinage. Elles passent, d'ailleurs, à des roches stratifiées, et elles n'ont généralement pas perdu leur calcaire, qui s'est seulement isolé dans des amygdaloïdes. La formation de ces spilites appartient au métamorphisme normal ; elle doit être attribuée à une réaction mutuelle qui a séparé les parties argileuses des parties calcaires.

121.

Structure vitreuse.

Pulagonite. Roches

Trappéennes ou Volcaniques et Roches

clastiques.

Les roches argileuses peuvent prendre une structure vitreuse au contact de roches trappéennes; généralement alors elles passent au jaspe porcelanite , dont l'étude sera réunie à celle des autres jaspes. Souvent aussi les roches argileuses prennent une structure à la fois vitreuse et résineuse; c'est ce dernier métamorphisme qui va nous occuper maintenant : il est d'ailleurs caractérisé par la formation d'une substance spéciale, la palagonite. Dans ces derniers temps, la palagonite a fait l'objet d'un grand nombre de recherches qui sont dues surtout à MM. Sartorius de Waltershausen et Bunsen. Elle se

ROCHES TlIAPPÉENNES.

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trouve habituellement dans les roches clastiques associées aux roches basaltiques et volcaniques. Elle y joue un rôle très-important et c'est sans doute ce qui a engagé à en distinguer plusieurs variétés, qui ont été nommées korite, hyblile, notile, trinaerite (1). Mais je ferai remarquer que toutes ces substances sont amorphes ; qu'elles ont les mêmes propriétés physiques ; que de nouvelles analyses donneraient, comme je m'en suis assuré, de nouvelles formules. Ce ne sont donc pas des espèces minérales définies, ce sont des roches. D'après cela, je les désignerai toutes d'une manière générale sous le nom de palagonite. Les caractères de la palagonite sont d'ailleurs remarquablement constants pour une substance dont la composition est variable. Sa dureté varie de 4 à 5. Sa den-

sité de 2,1 à 2,7. Elle a une couleur jaune, brune, brun-rouge ou noire ; toutefois sa poudre est toujours jaunâtre. Elle est surtout bien reconnaissable à un éclat semi-vitreux ou résineux.

J'ajouterai qu'elle s'observe dans les roches trappéennes clastiques et que souvent même elle les forme

entièrement. Ainsi elle a été signalée en Sicile, en Islande, aux îles Gallapagos, dans les monts Euganéens,

à Wilhelmshohe dans la Hesse-Électorale et dans le duché de Nassau. Sir Charles Lyell l'a retrouvée aussi aux îles Canaries. J'ai constaté moi-même son existence dans les tufs trappéens de Carrick-à-Rede , en Irlande, et surtout dans un grand nombre de roches clastiques et volcaniques de l'Auvergne. Les roches à base de palagonite sont essentiellement

métamorphiques. Elles sont toujours au voisinage de (1) Naumann. Elemenle der Mineralogie, le édit., p. 1170; Dana. Mineralny, LI'

édit., p, i66.