Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 306]

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SUE LE PAYS MESSIN.

ÉTUDES GÉOLOGIQUES

cisément celle où le Haut-Chemin vient s'embrancher

sur la route de Metz à Kedange. La dépression qui s'étend d'Avancy à Grimont , s'avance jusqu'au pied de ce passage étroit, et à une petite distance vers le sud, commence une vallée aux parois abruptes qui des-

cend directement vers l'église et le pont de Saint-: Julien, et qui n'est autre chose que la continuation de l'accident orographique signalé de l'autre côté de la route de Bouzonville.

A une petite distance de ce pont, dans une des galeries souterraines du fort Bellecroix, une source assez abondante prend naissance et déverse ses eaux dans le ruisseau de Saint-Julien. Cette source, qui est ferrugineuse et salée, a une température de 11°,7, supérieure d'environ 2° à celle des autres sources des environs de Metz, et à la température moyenne de cette ville; son point d'émergence se trouve être très-vraisemblablement dans les marnes irisées inférieures auxquelles elle

emprunte sa salure. Il est du reste facile de reconnaître qu'elle est en relation évidente avec la faille du Haut-Chemin et que ses eaux arrivent au jour par les fissures naturelles que celle-ci a déterminées ; c'est une véritable fontaine artésienne provoquée par un grand accident géologique. Quand on étudie avec soin les environs de SaintJulien et de Vallières , on reconnaît bien vite que cet

accident ne saurait être représenté uniquement par l'affaissement de toute la partie du terrain située au nord du Haut-Chemin ; il est, en quelque sorte, complexe. Sans doute, c'est cet affaissement qui a joué le rôle principal dans l'accident ; mais on voit aussi que la

portion du plateau de calcaire à gryphées située au nord du ruisseau a été exhaussée par rapport à celle qui est placée au sud. S'il en était autrement, on de-

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vrait trouver, sur la rive gauche de ce ruisseau, les marnes rouges et le grès infraliasique ; ce qui n'a point lieu. Du reste, l'exhaussement de cette portion du ter-

rain est assez nettement accusé dans le relief du sol, car, de la route de Boulay, par exemple, on la voit former un bourrelet très-prononcé en saillie et au-dessus de la surface du plateau sur laquelle la route chemine. Le ruisseau de Vallières qui limite, du côté du sud, la partie du plateau qui a été exhaussée, est sensiblement parallèle à la direction de la faille, qui est exactement E. 5o0

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Si, du sommet de la côte de Saint-Julien qui est un des jalons de cette faille, on jette les yeux sur le bassin de la Moselle qui se présente là sous un de ses plus magnifiques aspects, on remarque que cette rivière est très-sensiblement alignée jusqu'à Ars, suivant la direction que nous venons d'indiquer. Au-dessus de ce village, une échancrure assez prononcée dans l'horizon habituellement si uniforme du plateau jurassique, indique le passage, dans l'oolithe, de l'accident qui s'étend vers l'ouest bien au delà de la limite du département, et qui est surtout sensible dans les environs de Gorze. La ville de Metz, construite aux bords de la partie de la Moselle que l'on aperçoit de Saint-Julien et placée

au premier plan du paysage que l'on embrasse de ce point, se trouve exactement située sur la trace de la faille du Haut-Chemin. Aussi n'est-on point surpris en étudiant le sol sur lequel elle est bâtie, d'y retrouver

les mêmes dérangements que dans la côte de SaintJulien. En faisant, en effet, abstraction du diluvium qui couvre, comme nous le verrons bientôt, la plus grande partie de ce sol, on remarque que la partie culminante de la ville, le haut de Sainte-Croix, est constituée par le calcaire à gryphées en assises bien réglées

Situation topographique et géologique

de Metz.