Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 86]

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DÉCOUVERTE DES GISEMENTS DE PHOSPHATE

DE CHAUX TERREUX EN FRANCE.

En 1852 et 1855, j'ai parcouru les arrondissements de Vouziers et de Rethel dans le but d'étudier le terrain

même niveau géologique que ceux de Grand-Pré. Il devenait évident, d'après cela, que l'acide phosphorique

crétacé de ces localités et d'en faire la comparaison avec celui du Nord. Cette étude avait pour moi une certaine

jouait un rôle très-important dans la partie inférieure du terrain crétacé indiqué sur la carte géologique de France par la lettre Cl, puisqu'il existait dans le Greensand inférieur (Grand-Pré, Novion-Porcien, etc.), dans le tourtia nervien (le Havre, Monthois), dans la craie chloritée sénonienne (Annappes), et que sa présence

importance, non-seulement à cause des minerais de fer en grains des sables verts dont j'avais reconnu des dépôts dans l'arrondissement d' Avesnes , mais aussi par suite de l'existence de certains nodules réniformes noirâtres (coquins, crottes du diable), que MM. Sauvage et Buvignier avaient signalés dans ces sables, ainsi que dans les marnes crayeuses supérieures à la Gaize (1). La proportion notable d'acide phosphorique qui venait d'être constatée dans le calcaire tuberculeux de Lille m'engageait naturellement à faire la même recherche dans ces rognons, dont les auteurs de la carte géologique des Ardennes ne donnaient pas la composition.

Les nodules de la côte de Monthois qui empâtent fréquemment des fossiles (pecten asper , ostrea carinata, etc.) à la base des marnes crayeuses, représentaient pour moi le tourtia nervien , comme au cap la Hève. Ils avaient d'ailleurs beaucoup d'analogie de forme et d'aspect avec ceux des minières de Marcq , de Chevières et de Grand-Pré, dont ils différaient seule-

ment en ce qu'on n'y remarquait pas de grains de limonite comme dans ces derniers. Une analyse qualitative rapide me fit reconnaître dans tous ces nodules une quantité très-notable d'acide phosphorique (2) . J'obtins le même résultat en répétant ces essais sur des rognons semblables que j'avais recueillis près de Novion -Porcien , à 2 lieues au nord de Rethel, et qui occupent le (i) Statistique minéralogique et géologique du département des Ardennes; par MM Sauvage et Buvignier, 1842, p . 349 et 573. (2) Compte rendu de la vérification de quelques engrais ( dnnales des mines, 3e série, t. V, p. Alto. 1854).

avait même été constatée dans les marnes et les calcaires marneux de Bouvines et de Cysoing. Ces faits, qui étaient de nature à intéresser vivement

l'agriculture du pays, ne pouvaient rester inaperçus, et il convient d'ajouter que les diverses publications qui en ont été faites elepuis quelques années, soit dans les Annales des mines, soit dans le Bulletin de la Société géo-

logique de France (1), soit dans les rapports rédigés à la suite des grandes expositions (2) , ont contribué à donner l'éveil et à provoquer, de la part des agriculteurs et des industriels, des travaux de recherches tendant à créer en France comme en Angleterre, dans un intérêt agricole, l'exploitation du phosphate de chaux fossile. Au mois de décembre i85, M. Rousseau, ingénieur civil, agissant au nom d'une société de recherches, me fit l'honneur de inc consulter sur les gisements de phosphate calcaire que j'avais été à même d'étudier. (i) Caractères du terrain de craie dans les départements du Nord, de l'Aisne el des Ardennes, t. XII, p. 56. '854. (2) Dufrénoy. Rapport sur les mines , les opérations métallurgiques , les produits minéraux el les carrières, fait à la

commission française du jury international de l'exposition Paris, imprimerie impériale, i854, universelle de Londres. p.

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Rapports du jury mixte international publiés sous la direction de S. A. I. le prince Napoléon, président de la commission Paris, imprimerie impériale, 1856, impériale.