Annales des Mines (1857, série 5, volume 11) [Image 36]

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ÉTUDES

des progrès, il conviendra en général d'établir plusieurs barrages insubmersibles ; savoir : un barrage

principal pour faire sortir les eaux de leur lit et d'autres subsidiaires pour les diviser et les subdiviser jusqu'à le sol. L'ence qu'elles soient impuissantes à entamer exigera une certaine surtretien de ces divers travaux si elle est continuelle. veillance qui sera peu coUteuse Tout le monde sait qu'il est aisé de diriger à son gré encaisdes eaux courantes lorsqu'elles sont faiblement elles sées.. La difficulté commence lorsque avec le temps lit profond. Nous desont parvenues à se creuser un insubvons ajouter que la construction de barrages mersibles sur de petits torrents sera presque toujours une chose facile. La plupart des ouvrages opposés aux cours d'eau périssent par l'affouillement de leur base. Ici rien de pareil n'est à craindre puisque le torrent est complément détourné. On obtiendra en général à peu

Application a u torrent du Gamond.

de frais un barrage d'une solidité suffisante en comblant le lit avec de gros blocs de rocher entassés jusqu'à une certaine hauteur. Quelques exemples de torrents dont le lit de déjection mieux est susceptible d'être déplacé , montreront encore que tout ce que nous venons de dire, la possibilité et l'efficacité d'un pareil mode de défense. Le Gamond est un petit torrent situé à 7 ou 8 kilomètres de Grenoble sur la rive droite de l'Isère. 11 coule entre Biviers et Meylan et menace à la fois les propriétés de ces deux communes. Ainsi que le montre la fig. 6, Pl. I, il a sa source dans les anfractuosités d'une ligne de rochers A, B, C, à parois très-inclinées et d'une immense hauteur. Deux ravins principaux au et bu, auxquels s'embranchent quelques autres sillons moins conles eaux plusidérables , tels que ce et 1,f, recueillent viales qui descendent de ces rochers et les conduisent

'SUR LES TORRENTS DES ALPES.

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au point o oit elles sont toutes réunies. A partir de là, le

torrent a un lit unique qui se dirige presque en ligne droite vers la grande route et s'étend au delà en truversant des terres d'une grande fertilité. Les ravins au et bu profonds de plusieurs mètres sont creusés dans le sein d'un terrain meuble d'une grande épaisseur entièrement composé de blocs et de menus fragments de calcaire et de marne. Ces débris ont été produits pur la destruction lente du rocher supérieur et se sont accumulés depuis des siècles. La pente du sol et des ravins qui y sont creusés est excessive ; elle atteint 5' o degrés environ dans le voisinage du rocher; phis bas, un peu au-dessus du pointu, elle est encore de 15 à 2o degrés. Au-dessous de ce point, l'inclinaison du torrent diminue beaucoup et ses berges deviennent moins élevées. C'est à partir de là que commencent les débordements.

Le Camond est habituellement à sec, même par

une pluie ordinaire ; il ne devient dangereux qu'a la suite des fortes averses produites par les orages. Les eaux pluviales qui. descendent alors en filets serrés des rochers A, B, C, se concentrent rapidement dans les

ravins au et bu. Ainsi réunies et douées d'une force impulsive très-considérable en rapport avec la forte inclinaison du sol , elles attaquent facilement le terrain meuble sur lequel elles coulent et poussent devant elles les matières qui s'en détaebent. Celles-ci en s'entassant les unes sur les autres gênent le courant, et il en résulte le plus souvent une de ces grandes agglomérations d'eau et de cailloux dont nous avons donné plus haut la théorie détaillée. Cette masse caillouteuse en s'arrê-

tant plus bas, lorsque Jt pente et le resserrement du lit deviennent moindres, obstrue le cours du torrent et

le fait déborder. Pendant longtemps les ravages ont eu lieu intmédia-