Annales des Mines (1856, série 5, volume 9) [Image 79]

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SYSTÈMES DE SOULÈVEMENT

DE L'AMÉRIQUE DU SUD.

Toutefois, la condition de perpendicularité des lignes stratigraphiques appartenant à des systèmes de soulè-

crétacés, et qui renferment probablement, réunis en une seule formation, le trias ainsi que les divers étages des terrains jurassiques et de la craie.

vements qui se sont succédé, est loin de se vérifier pour ceux de l'Amérique du Sud. Ainsi, le système de la chaîne principale des Andes, dont le soulèvement a précédé immédiatement celui de la côte du Chili, présente une direction qui ne diffère que de quelques de-

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NOTES.

grés de celle de ce dernier. Le système des chaînes transversales forme, avec celui de la chaîne principale, un angle d'environ 800, et de 72° avec celui de la chaîne

occidentale ; rien n'indique donc que ce rapport de perpendicularité, constaté pour quelquesuns des derniers soulèvements qui se sont manifestés en Europe, soit un fait général et applicable aux autres contrées' du globe. Revenant à la position relative des différentes couches du continent américain et à leur analogie avec celles de l'Europe, on voit que, considérées dans leur ensemble, elles reproduisent assez exactement toute la

série des terrains de l'ancien continent, mais qu'en même temps il n'est pas possible d'y établir des subdivisions aussi nombreuses. Si l'on admet le parallélisme

du grès rouge de l'Amérique avec celui de l'Europe, il en résulte que depuis cette époque jusqu'à la fin des dépôts quaternaires, le sol de cette contrée n'a éprouvé que cinq soulèvements, tandis que l'Europe en compte treize. Cette rareté des soulèvements , qui se trouve d'ailleurs en rapport avec la figure régulière du continent sud-américain, a dû laisser se déposer paisiblement

et se confondre en une seule série de couches parallèles, plusieurs formations qui existent séparées dans l'ancien continent. Tel est, entre autres, l'ensemble des couches qui se succèdent depuis les grès cuivreux qui supportent les marnes salifères jusqu'aux derniers calcaires, dont les fossiles rappellent ceux des terrains

NOTE (1). - M. d'Orbigny attribue à ces vallées une tout autre origine, il suppose qu'a la suite du soulèvement de la chaîne des Andes, les eaux de la mer auraient éprouvé un balancement qui les aurait lancées par-dessus les Cordillères, et que c'est au mouvement de cette puissante masse liquide qu'il faut attribuer le versement des vallées du désert d'Atacama. Les recherches auxquelles nous nous sommes livré relativement à la position de ces vallées ne nous permettent pas de partager cette opinion ; nous pensons même que celles qui

auraient pu être produites par l'écoulement des eaux du lac Bolivien, ne sont qu'un cas exceptionnel ; le plus grand nombre

nous paraît être dû à l'action d'anciens cours d'eau qui se seraient desséchés par suite d'une modification graduelle du climat de cette région. Lorsqu'on remonte en effet ces vallées jusqu'à leur origine, on les voit se ramifier en un grand nombre de ravins qui se prolongent jusqu'au sommet des montagnes

en suivant indifféremment toutes les directions ; bien plus, comme le désert se trouve traversé par plusieurs chaînes parallèles dirigées du sud au nord, les deux versants présentent des vallées dirigées en sens inverse, et dont les unes offrent par conséquent une direction tout à fait opposée à celle qu'elles

auraient eu si elles étaient le résultat du mouvement d'une masse d'eau se précipitant des hauteurs des Andes. Le changement de climat sur lequel nous nous sommes appuyé pour expliquer l'extinction des cours d'eau qui ont produit ces vallées se trouve d'ailleurs justifié par les restes d'une végétation arborescente dont on retrouve fréquemment les débris dans les parties les plus arides du désert, et dont l'espèce la plus répandue appartient au proso pis siliquatrum qui croît encore abondamment dans les plaines arrosées du Pérou et du Chili.