Annales des Mines (1855, série 5, volume 8) [Image 219]

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AGORDO (IIAUTE-VÉNÉTIE)

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ÉTABLISSEMENTS

DEUXIÈME PARTIE. EXPLOITATION.

4. Historique

Les plus anciens documents que l'on ait conservés sur l'origine des mines du val Imperina, se rapportent au commencement du seizième siècle. A ce moment une famille vénitienne du nom de Crotta entreprit quelques

travaux, qui en firent rencontrer bientôt d'autres plus anciens. L'exploitation continua dès lors quoique contrariée par les eaux. Le mode suivi à cette époque était différent de la méthode actuelle. On pratiquait dans les bons endroits du gîte de vastes excavations, qui portaient le nom de chapelle, et qu'on exploitait par simple

éboulement, sacrifiant ainsi à l'avantage du moment l'avenir de la mine. Le 2 septembre 1654, à la suite d'un crime , les travaux changèrent de propriétaires. L'un des deux frères Crotta fut assassiné par l'autre. Le .fisc de Venise confisqua la part du meurtrier, en concéda une partie à des particuliers, et créa pour l'exploitation du reste l'office de magistrat des mines. En 1692 , on fit venir d'Allemagne un ingénieur prussien, Frédéric Wegberg, qui introduisit à ,Agordo le traitement par voie humide à peu près tel qu'il est pratiqué aujourd'hui. Mais bientôt les travaux furent arrêtés par un accident épouvantable. La chapelle Sainte-Barbe,

qui avait atteint des dimensions énormes, s'écroula complètement, et les eaux de l'Imperina entrèrent dans

la mine. Les éboulements continuèrent pendant un demi-siècle, à la suite d'une commotion aussi violente, et ils finirent par obstruer la galerie d'écoulement. On

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en commença une autre qu'il fallut encore abandonner. Les choses étaient en cet état lorsqu'en 1777 la république appela en Italie le géomètre Demsche de Schemnitz. Il parvint au bout de deux ans à faire écouler les eaux et à reprendre les travaux. L'état de Venise commença alors à rentrer dans les concessions qui avaient été faites, et en 1787 il avait acquis intégralement la

propriété du gîte. Quelques années après il était renversé par les Français, et ses provinces cédées à l'Autriche, qui prit en 1798 possession de la mine. Elle revint bientôt à la France, qui ne la perdit qu'en 1815. On abandonna à cette époque le système vicieux des chapelles et on commença à s'enfoncer au-dessous de la galerie d'écoulement. La méthode employée consistait dans un système de galeries parallèles, entre lesquelles on conservait un mur de minerai. On en abandonnait ainsi environ un tiers. De plus, les travaux étaient irréguliers et concentrés seulement sur les points les plus riches ; car le ministère fixait une limite inférieure à la teneur moyenne du minerai extrait. Ce n'est que depuis une vingtaine d'années que ce règlement a été supprimé, et qu'on a introduit la méthode régulière, à l'aide de laquelle on enlève maintenant la totalité du gîte. On la suit même dans les vieux travaux éboulés, d'où l'on retire encore ce qui en vaut la peine. 5. Méthode d'exploitation.

L'exploitation est conduite en vue d'extraire tout le minerai qu'on remplace au fur et à mesure par du remblai. Le gîte ayant la forme d'un amas, la méthode est

appropriée à ce cas. On le divise par des plans horizontaux en sections, au nombre de neuf, qui sont exploitées simultanément. Chacune d'elles s'enlève par tranches, qui ont une hauteur ordinaire de chantier,