Annales des Mines (1855, série 5, volume 7) [Image 295]

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AU SERVICE DES CHEMINS DE FER.

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APPLICATION DU TÉLÉGRAPHE DE M. BONELLI

simples palliatifs : l'usage plus fréquent du sifflet, et les signaux de Cooper. Je n'entends nullement contester l'utilité des signaux détonnants. Ils rendent des services signalés en Angleterre, où on leur reconnaît une influence marquée sur la rareté des collisions (s). Puisqu'ils ont fait leurs preuves sur la terre classique des brouillards, il sera fort sage

d'en tirer parti en France, mais seulement à titre de surcroît de précautions, et pour accumuler les garanties.

Une influence qui paralyse les moyens de sécurité ordinaires doit être combattue par des mesures radicales. Pour mon compte, la sécurité en temps de brouillard ne me semble possible, dans la situation actuelle des choses, qu'a une condition : c'est que chaque train en marche soit couvert par les deux stations entre lesquelles il est compris.

L'application de ce principe n'est pas, autant qu'on pourrait le croire au premier abord, incompatible avec un grand développement du trafic ; les stations sont, en général, d'autant plus rapprochées que le trafic est plus considérable. Sur les chemins de fer aboutissant à Paris, par exemple, leurs distances n'excèdent guère 7 à 8 kilomètres dans toute l'étendue de la grande banlieue, c'est-à-dire sur les sections desservies par les trains les plus multipliés. Avec des distances aussi faibles , il n'y a guère de service, si actif qu'il soit, qu'on ne pût organiser en s'assujettissant à la condition de n'avoir jamais qu'un seul train sur la même voie dans l'intervalle de deux stations. Sur les sections à stations plus clairsemées, le nombre des trains est toujours plus (*) Voyez : Railway accidents; Their causes and means prevention, by Marck fluish. Londres, 1852.

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restreint. Si d'ailleurs l'organisation du mouvement se pliait difficilement à la règle indiquée, celle-ci (ou toute autre atteignant le but) n'en serait par cela même que plus nécessaire. Au reste, on peut et on doit, en temps de brouillard épais, déblayer les voies en faisant, autant que possible, garer les trains de marchandises. D'un autre côté, quelques-uns des postes de , gardiens fixes pourraient être érigés en postes télégraphiques intermédiaires et devenir ainsi, en ce qui touche l'isolement des trains, l'équivalent d'une station ; mesure qui aurait en même temps l'avantage de donner aux stations le moyen de vérifier à tout instant si le *gardien est à son poste. 14. Quant à la mise à exécution de la règle proposée,

elle serait simple et infaillible. Aujourd'hui , dès qu'un

train entre dans une station, le disque est tourné au rouge, et reste dans cette position pendant un temps déterminé, ordinairement dix minutes. Rien ne serait changé, sauf ce dernier point; le disque resterait au rouge non plus pendant un temps invariable, mais jusqu'à ce que le train eût atteint la station d'aval, qui annoncerait électriquement son arrivée (5). Quelle que fût l'intensité du brouillard, on n'aurait jamais à craindre qu'un train forçât le signal fait par une station dans laquelle il n'aurait pas d'arrêt normal. On se mettrait au besoin en garde contre ce risque, comme cela se pratique du reste dès aujourd'hui, en faisant, suivant le principe général, agiter par un homme une lanterne à main, signal qui ne peut rester inaperçu, même dans (*) 11 est clair que ce signal, prescrivant l'arrdt dans la station, doit être distinct de celui qui en interdit l'entrée. La défense serait levée par un signal complémentaire, ou par un homme envoyé au-devant du train dès que celui-ci annoncerait sa présence par le sifflet de la machine.