Annales des Mines (1854, série 5, volume 5) [Image 263]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

512

TERRAIN ANTHRAXIFÈRE DES ALPES.

A partir de Villard-Clément, l'assise calcaire que nous considérons se dirige à peu près du nord au sud vers le col de la Madeleine où elle sert de base à des rochers de grès quartzeux passant au poudingue qui séparent ce col de la vallée de Saint-jean-de-Belleville. On y remarque deux masses gypseuses et des bancs de schiste calcaire rubané semblables à ceux des environs de Moutiers. A partir du col de la Madeleine, cette assise éprouve une inflexion brusque qui la fait tourner vers le nord-est. En la suivant dans sa nouvelle direction, on

voit qu'elle va passer à l'extrémité la plus élevée des pâturages de la commune d' Avanchers où elle renferme encore une masse considérable de gypse. De là, repre-

nant sa direction précédente N.-S., elle s'abaisse vers l'Isère et va couper cette rivière au lieu dit La Madeleine, un peu à l'ouest de Moutiers. Sur toute cette étendue, sa puissance est considérable. Ses bancs sont composés de calcaire grenu alternant avec des schistes'

rubanés (i) et des brèches calcaires. Ces dernières roches sont surtout abondantes sur la rive gauche, à en juger par les nombreux débris que l'on voit épars à la surface du sol. Leur pâte est ordinairement un calcaire grenu feuilleté ; les noyaux empâtés ont, au contraire, une texture compacte et une couleur un peu différente. Leur forme est en général irrégulière. Quelquefois ils sont très-aplatis , allongés et enveloppés de tout côté par les feuilles de la pâte schisteuse; ce qui donne à la roche une structure d'apparence glanduleuse. Au nord de Moutiers, cette même assise calcaire continue vers le N.-N.-E. jusqu'au-dessus du col du Cormet, où, subissant une nouvelle inflexion, elle prend

TERRAIN ANTHEAXIFÈRE DES ALPES.

515

la direction nord-est. Sa tranche, fortement relevée vers

le nord-ouest, forme alors à très peu près la ligne de partage des eaux entre la Tarentaise et le vallon de Beaufort ; puis elle va passer au sommet même du col de Bonhomme où elle présente des bancs de calcaire gris schistoïde, fortement inclinés vers le sud-est et s'enfonçant sous un groupe de grès très-quartzeux au pied duquel est bâti le hameau du Chapiu. Un peu plus loin, au delà du col de la Seigne , elle disparaît sous les glaciers qui recouvrent la pente sud-est du mont Blanc.

Nous venons d'indiquer la série des points par lesquels passe le calcaire des Trois -Évêchés depuis les environs du Villard-d'Arène jusqu'au delà du col du Bonhomme. En joignant sur la carte ces divers points par une ligne, on obtient une courbe un peu sinueuse, tournant sa convexité vers le nord-ouest et concentrique au contour de la chaîne talqueuse qui s'étend du mont

Pelvoux au mont Blanc. L'espace compris entre cette courbe et les roches talqueuses est entièrement occupé par des schistes argilo-calcaires d'une grande puissance,

associés à des grès anthraciteux dont l'épaisseur relative est beaucoup moindre. Nous ferons d'abord connaître les caractères géologiques et paléontologiques de la formation argilo-calcaire et sa distribution géographique. Nous passerons ensuite à la description des grès à anthracite qui présentent un grand intérêt sous

le rapport du gisement et des restes de végétaux fossiles.

Les schistes argilo-calcaires des environs de la Grave Schistes argilopeuvent être considérés comme le type de ceux qui com- eaacitire'sleurs

posent, en général, le terrain anthraxifère inférieur. (1) Voyez sur ces schistes rubanés dits de la Madeleine les détails donnés par M. Brochant (Journal des cimes, t. p. 345).

Ces schistes offrent, partout où on les observe, une couleur noire caractéristique. Leur cassure est terreuse. Ils sont très-fissiles et souvent exploités comme ardoise.