Annales des Mines (1854, série 5, volume 5) [Image 245]

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TERRAIN ANTHRAXIFÈRE DES ALPES.

s,ible en plusieurs groupes naturels que l'on devra tou-

jours distinguer, quel que soit d'ailleurs l'âge qu'on leur assigne. But

de ce mémoire.

Dans ce mémoire, nous nous sommes proposé de décrire avec détails les divers groupes de la série anthraxifère , d'indiquer leur position relative et leur distribution géographique, sans chercher à fixer leur place dans l'échelle générale des terrains. Ainsi qu'on le sait déjà et qu'on le verra encore par notre travail, le système anthraxifère des Alpes s'écarte notablement par ses caractères de tous les terrains auxquels on voudrait l'assimiler ; il paraît dès lors rationnel qu'avant de

chercher à préciser son âge géologique, on réunisse autant que possible tous les faits propres à le bien faire connaître. Dans ce but, nous nous sommes livré pendant un grand nombre d'années à des recherches que des difficultés particulières ont rendues longues et pénibles. Dans la plupart des formations situées hors des Alpes, Difficultés des observations; méthode suivie. on peut s'aider des caractères minéralogiques des ro-

ches pour reconnaître, au moins dans un rayon peu étendu, celles qui sont du même âge. Les fossiles surtout sont d'un grand secours pour classer les couches, bien que l'on ne doive pas y ajouter une foi trop absolue. Ces secours nous ont manqué pour l'étude du ter-

rain anthraxifère. Les divers groupes de ce terrain quand ils n'ont pas subi les atteintes du métamorphisme, ont entre eux trop de ressemblance pour que l'on puisse les distinguer au simple aspect. Lorsque les roches ont été altérées, les difficultés sont encore plus grandes, parce que les mêmes couches deviennent alors méconnaissables à de petites distances. Quant aux restes organisés, ils consistent en quelques coquilles fossiles,

d'ailleurs très-rares, et en empreintes végétales plus

TERRAIN ANTHRAXIFÉRE DES ALPES.

477/ nombreuses ; mais comme les Unes se rapportent exclu-

sivement au lias, et les autres non moins exclusivement à la flore houillère, elles tendent à séparer géo-

logiquement ce que les observations les plus positives démontrent au contraire devoir être réuni ; en sorte qu'au lieu d'avoir recours aux indications paléontologiques, on doit se mettre en garde contre elles. N'ayant pu nous servir avec sûreté ni des caractères minéralogiques ni des fossiles pour connaître les rela-

tions de position des diverses assises du terrain anthraxifère , nous avons eu recours à l'observation directe de la superposition et de là continuité des couches, qui est bien certainement, et dans tous les cas possibles , la meilleure méthode pour les observations géolo-

giques, pourvu qu'on l'emploie avec les précautions convenables (1). Après avoir acquis par des explora(i) Quelques géologues ont prétendu que les couches étant très-disloquées dans les Alpes, il n'était pas possible de déterminer leur âge relatif par l'observation de la superposition. Si

une pareille assertion était vraie, il en résulterait qu'en suivant sur une grande étendue la ligne de jonction de deux formations alpines, on devrait voir l'une des deux tantôt audessus, tantôt au-dessous de l'autre ; en sorte qu'après le trajet, quelque long qu'il fût, l'incertitude sur leur position relative serait aussi grande que si les observations-n'avaient été faites que sur quelques points Nous pouvons affirmer positive-

ment que cela n'a pas lieu dans la partie des Alpes que nous

avons étudiée, quoiqu'elle soit certainement une des plus tourmentées. Lorsqu'on s'attache à suivre, même sur une lon-

gueur médiocre, deux groupes de couches dont la ligne de contact est visible, le nombre des points où la superposition de l'un des groupes sur l'autre est claire et à l'abri de toute contestation l'emporte tellement sur ceux .où elle est obscure, qu'il ne reste pas de doute sur leurs véritables relations géologiques. il y a cette différence entre un pays dont les couches n'ont pas été dérangées et celui où elles ont été bouleversées, que dans le premier une seule observation peut suffire pour fixer l'âge relatif de deux terrains, tandis que dans le second TOME V, '854.

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