Annales des Mines (1854, série 5, volume 5) [Image 244]

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TERRAIN ANTHRAXIFÈRE DES ALPES.

TERRAIN ANTHRAXIFÈRE DES ALPES.

Hautes-Alpes. Le système de couches qui constitue ces vallées se distingue par son épaisseur prodigieuse, par

sont associées. En conséquence, il a rapporté à la période de transition l'ensemble de ces roches qu'avant lui on considérait comme primitives. M. Élie de Beaumont (1), dont les excellentes observations nous ont

la diversité de ses roches, par la présence de nombreux gîtes d'anthracite, et surtout par l'alternance et l'association intime de coquilles fossiles propres au lias,

et de restes de végétaux caractéristiques de l'époque houillère. L'aspect du pays est également remarquable. Les cimes élevées qui hérissent sa surface frappent par

un grand désordre, dû à la fois aux dislocations violentes du sol et aux altérations métamorphiques des roches. Ces altérations ont produit un mélange irrégulier de parties dures et de parties tendres, qui, joint à

Travaux antérieurs.

la grande inclinaison des couches, a donné naissance à de longues aiguilles, à des pics élancés et à des crêtes aiguës qui rappellent les cimes déchirées des terrains de gneiss et de micaschiste (j). Malgré tout l'intérêt scientifique qu'offre ce pays, il

est resté jusqu'à présent peu connu. Cependant plusieurs géologues distingués, parmi lesquels on doit citer surtout MM. Brochant, Élie de Beaumont et Sismonda, s'en sont occupés spécialement. Mais ces observateurs paraissent avoir eu pour but plutôt de fixer son âge géologique que de le décrire avec détails. M. Bro-

chant, dans son mémoire sur la Tarentaise (2), a montré que les grès à anthracite avec empreintes végétales de cette contrée ne pouvaient pas être séparés des calcaires grenus et des autres roches cristallines qui leur

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servi de guide, s'est appliqué à prouver que toute la série des couches anthraxifères avait pour base des schistes argilo- calcaires renfermant des ammonites et des bélemnites liassiques , et que la date géologique de cette base étant ainsi fixée, le terrain en entier ne pouvait pas être plus ancien que l'époque jurassique. M. Sismonda (2) adoptant comme point de

départ l'opinion de M. Élie de Beaumont, que les schistes à bélemnites situés à la base du système anthraxifère correspondaient au lias, en a conclu naturellement que les autres membres du groupe jurassique, tels que l'oolite inférieure, l'Oxford-clay, le coralrag et le portlandien , devaient avoir leurs représentants dans le reste du terrain. Pour les trouver, il a fait des coupes plus ou moins étendues sur plusieurs points , et a subdivisé ensuite la série des couches observées -en un cer-

tain nombre de formations qu'il a assimilées, d'après leur ordre de succession, aux divers étages jurassiques nommés plus haut. Les divisions adoptées par M. Sismonda, considérées indépendamment de toute classification théorique, coïncident en partie avec celles que nous avions nous-même établies avant d'avoir pu connaître le travail du savant géologue piémontais. Cet accord a été pour nous une preuve de plus que la longue

(i.) Voyez, pour plus de détails sur l'aspect physique de cette partie des Alpes une note de nous ayant pour titre : Introduc-

tion à un essai sur la constitution géologique des Alpes cen-

trales de la France et de la Savoie. (Bulletin de la Société géologique, 2c série, t. I, p. 690.) (2-) Observations géologiques sur les terrains de transition qui se rencontrent dans la Tarentaise, etc. (Journal des mines, t. XXIII, p. 39.1 .)

série des couches anthraxifères était réellement divi(i) Note sur un gisement de végétaux fossiles et de bélemnites,

situé à Petit-Coeur, etc. (Annales des Sciences naturelles, Lre série, t. XIV, p. 113), et sur un gisement de végétaux fossiles et de graphite, situé au col du Chardonnet, etc. (Même Recueil, t. XV, p. 353.) (e) Mémoires de l'Académie de Turin, t. III, se série.