Annales des Mines (1854, série 5, volume 5) [Image 153]

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CHEMINS DE FEB D'ALLEMAGNE.

ressources limitées d'un petit État les moyens de subvenir à des travaux hors ligne, et soutenu résolûment le projet et ses auteurs contre des critiques passion-

nées, inspirées' surtout par les intérêts qui se rattachaient au succès des tracés rivaux. Ce n'est qu'après avoir étudié le terrain à fond, discuté plud'éviter ces con- sieurs variantes, qu'on a accepté avec toutes ses conséquences structions colosle tracé reconnu en somme le meilleur ; le champ des études sales, Impossibilité

était d'ailleurs singulièrement rétréci par une condition qui dominait la question d'art, celle de ne pas sortir du territoire saxon. Cette condition interdisait toute déviation notable vers l'ouest ; se diriger, à partir de Werdau , vers Greïtz et Elsterberg (Pl. V) était plus simple peut-être, mais c'était s'engager sur le territoire des principautés de Reuss, et sacrifier Reichenbach

et Plauen. Ces villes furent protégées moins par leur importance que par le voisinage de la frontière. Quant aux variantes vers l'est, comme Zwickau, si importante par ses houillères, devait nécessairement être desservie, presque toutes se dirigeaient vers ce point. On économisait ainsi l'embranchement qu'il a fallu construire à grands frais de Werdau à Zwickau ; mais on ne pouvait ensuite atteindre Hof qu'en acceptant ou des travaux aussi coûteux en somme que ceux qu'on cherchait à éviter, ou des inclinaisons très-supérieures à la limite de 0,012 , qu'on ne voulait dépasser à aucun prix (1). Vid1111111C du Ginlizsch. Viaduc du Giillzsch.

34. Le viaduc du Gfiltzsch a 578-,8 de long et 80',10 de hau-

teur, y compris les parapets il devait se composer de quatre étages d'arcades, ayant respectivement 24',20 : 20",/10 : et 16',50 de hauteur, et des ouvertures croissant légèrement de bas en haut (de '1'1,87 à iLim,05), par suite du décroissement d'épaisseur des piliers. Sur la foi des sondages, qui n'avaient pas été assez multipliés,

VIADUCS EN MAÇONNERIE.

293 on comptait que la profondeur à laquelle les fondations devraient descendre pour atteindre le terrain solide (griinstein) ne dépasserait nulle part 8 mètres à 8',50 ; mais pour une des piles cette profondeur atteignait le double, et pour une autre, la plus rapprochée du fond du thalweg, le triple de ce chiffre.

Cette révélation tardive, survenant quand l'ensemble des Modifications travaux de fondations était déjà fort avancé, arrêta tout. Con- du projet adopté. staté, comme il aurait dû l'être, avant qu'on eût mis la main à l'oeuvre , ce fait eût conduit à remanier complétement le projet, à augmenter les ouvertures; mais, engagés par les travaux déjà exécutés, les ingénieurs n'avaient que deux partis à prendre : persister, exécuter, coûte que coûte, le projet ; ou bien le modifier partiellement, seulement dans la région où le sol se dérobait pour ainsi dire. C'est à ce dernier parti qu'on s'arrêta. On supprima la pile la plus suspecte : une seule voûte de 28"',50 remplaça cette pile et les deux ouvertures de iia, 87,et les deux piles voisines furent renforcées en conséquence. Quant à la première pile mentionnée, on se résigna à pousser jusqu'à la profondeur de 16 mètres pour asseoir les fondations sur la roche, ce qui eût été excessivement dispendieux pour la seconde.

Des pilotis, et une épaisse plate-forme en béton à large emImportance atpatement , auraient sans doute créé dans la masse de schiste taches à l'identité du modede fonda. et d'argile qui recouvrait ici le rocher, un terrain artificiel tion pour toutes d'une résistance proportionnée à l'énormité de la charge. Mais les piles. on ne voulait à aucun prix placer les piles dans des conditions de fondations différentes. On redoutait des tassements inégaux.

Dans des circonstances ordinaires, l'importance attachée à un mode identique de fondation pour toutes les piles serait à bon droit taxée d'exagération; mais ici, en présence des proportions inusitées de la construction, c'était de la prudence

bien entendue. Il est difficile que des modifications profondes, introduites

en cours d'exécution, n'altèrent pas gravement le caractère

( i) Tous les phases du projet sont résumées dans un opuscule

intéressant publié en 1850 à Reichenbach sous ce titre : Ihnfassende Besehreibung der Sdchsischen Baier'schen StaatsEisenbahn.

Influence fâcheuse des modifications intro-

sur le caarchitectural d'un grand ouvrage. C'est ce qui arriva ici. En sub- duites, ractère architecstituant à l'élévation adoptée, pour la région moyenne du viaduc, tural du viaduc. deux grandes voûtes superposées, on a rompu l'unité, la continuité des lignes, conditions éminemment favorables à l'aspect de ces gigantesques constructions. A côté des grandes voffles, les

TOME V, 1854.