Annales des Mines (1854, série 5, volume 5) [Image 143]

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CHEMINS DE FER D'ALLEMAGNE.

PONTS EN MAÇONNERIE.

chaque cas, et la limite pratique lui est d'autant plus inférieure que l'exécution est moins parfaite. Quand on ne dispose que de matériaux d'une résis-

au centre (i)], ce qui exige des culées plus stables et

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tance médiocre, il faut évidemment s'interdire les grands rayons ; mais on ne peut admettre, avec beaucoup d'in-

génieurs allemands, qu'une grande ouverture et une petite flèche doivent inspirer de la défiance par ellesmêmes, indépendamment de la nature des matériaux, et qu'on ne puisse pas, sans témérité, dépasser des limites auxquelles correspond un rayon de 24'",2o seulement.

Si, en effet, partant d'une voûte en plein cintre de même rayon qu'une voûte en arc donnée, on suppose que les naissances se relèvent successivement, la courbe des pressions ne change pas théoriquement; mais en pratique

elle change en ce sens que l'influence du tassement, proportionnée au nombre des joints, est de plus en. plus atténuée. La concentration des pressions vers les arêtes, qui accompagne les déformations dues aux tassements, est donc moins à craindre dans une. voûte surbaissée que dans la voûte en plein cintre de même rayon sous la condition , bien entendu, d'une immobilité ab-

solue des culées. Cette condition exige il est vrai, en ce qui concerne le danger d'un glissement vers les assises supérieures des culées, plus de précautions pour la voûte surbaissée, parce que son poids est d'autant moindre. Mais il faut toujours que cette condition soit satisfaite, et elle peut toujours l'être : et alors, loin d'aggraver l'incertitude qui règne sur la répartition des pressions, sur la grandeur de la charge maximum par unité de surface des joints, le surbaissement l'atténue, au contraire, à égalité de rayon. Il l'atténue aussi à ouverture égale, par suite du développement décroissant de l'arc. La poussée croît rapi-

dement quand la flèche diminue [à peu près dans le rapport inverse des quarrés des sinus des demi-angles

des matériaux plus durs ; mais si l'exécution devient plus

difficile, elle ne laisse pas plus au hasard, à l'inconnu ; les exigences de la stabilité sont plus impérieuses, mais elles ne sont pas plus indéterminées, au contraire. Les chemins de fer allemands présentent, sans contredit, quelques beaux exemples de ponts ; mais presque

tous se ressentent plus ou moins de la timidité du constructeur, même ceux pour lesquels il avait à sa disposition des matériaux en quelque sorte hors ligne. ,CanSeSde la SnPour cette importante catégorie de travaux , l'Aile- permrite des infrançais uac magne est relativement à la France dans un état d'infé- licn dans la riorité manifeste. Il est vrai que chez nous l'abondance th,n des voûtes. et la bonne qualité des matériaux, le cachet de durée et l'aspect monumental qu'on tient à donner aux travaux publics, ont fait aux ingénieurs, plus que partout ailleurs, une véritable spécialité des ouvrages de maçonnerie. La timidité de leurs confrères d'outre-Rhin dans la construction des voûtes tient d'ailleurs en partie

à ce que l'art des fondations hydrauliques est moins avancé chez eux. On suit sans doute les mêmes méthodes, mais avec moins de critique dans l'application, moins de sûreté de coup d'oeil dans le choix de celle qui convient à un terrain donné. Le battage des pieux est quelquefois adopté légèrement et hors de propos ; l'emploi du béton, moins répandu ; sa fabrication et son emploi, moins soignés; les mesures contre les affouillements, incomplètes, etc. La défiance dont les voûtes

à petite flèche et à grande portée sont l'objet, tient donc en partie à un défaut de confiance dans la stabilité des piles, défaut justifié d'ailleurs par divers exemples. I 5. En multipliant ainsi les points d'appui, surtout

Incondesvénients

limites admises

(,) En supposant les voûtes semblables, hypothèse toute naturelle , puisque l'épaisseur doit croître avec la poussée, c'està-dire avec le surbaissement, ou avec le rayon.

en Allemagne.